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Homélie de la fête de la Toussaint

En la cathédrale Sainte-Cécile, Albi, le mercredi 1er novembre 2017

1ère lecture : Ap 7, 2-4.9-14
Psaume : Ps 23, 1-2, 3-4ab, 5-6
Évangile : Mt 5, 1-12a

Frères et sœurs,

Le livre de l’Apocalypse nous a fait contempler la multitude des hommes, non seulement des fils d’Israël mais de toutes les nations, entrée dans la vision de Dieu et de l’Agneau. Tous adorent et chantent avec reconnaissance devant le trône de Dieu. Ils ont tous lavé leur robe dans le sang de l’Agneau. Ce sang les a purifiés et en a faits des saints. Ils ont reçu de l’Agneau immolé, du Christ crucifié, la grâce de la sainteté. Du cœur transpercé du Christ a coulé l’eau et le sang. L’eau représente le don du Saint-Esprit qui va faire de ceux qui reconnaîtront Jésus ressuscité comme le fis de Dieu Sauveur, des hommes et des femmes habités par la vie même de Dieu, le seul Saint, donc des saints. Le sang annonce l’Eucharistie qui est la nourriture des saints qui fait croître en chacun la vie de Dieu. La sainteté appartient à Dieu le trois fois saint, le Saint est amour et ne désire que partager, communiquer ce qu’il est. Dieu veut répandre en tous sa sainteté par les saints.

Ayant reçu l’Esprit Saint au baptême et à la confirmation, nous sommes ces saints vivants à Albi et ailleurs, dont la vocation consiste à la fois à s’abandonner entre les mains de Dieu et le laisser nous faire de plus en plus saints, tout en choisissant volontairement de mettre en pratique ce que l’Esprit Saint suggère à tout disciple du Christ. La sainteté se reçoit, elle nécessite de notre part une disponibilité faite de confiance et d’espérance, qui va permettre à Dieu de nous transformer de l’intérieur, nous rendre lumineux comme l’atteste le visage de personnes saintes. La sainteté n’est pas la perfection construite à coup de volonté. Les saints conservent des défauts, mails ils laissent Dieu passer à travers eux. Mère Térésa rayonne la compassion et la miséricorde. Saint Jean-Paul II laisse transparaître la force de la foi et le zèle missionnaire. Saint François et sainte Jacinthe de Fatima s’ouvrent au surnaturel et se laissent guider par l’ange et par la Vierge ; ils restent des enfants joueurs tout en devenant en très peu de temps étonnamment capables de supporter les épreuves par amour de Dieu et des hommes, victimes de la guerre ou soumis aux péchés. Les saints sont heureux de manière tout à fait paradoxale ; ils demeurent sereins y compris dans l’épreuve. Tel est le message des Béatitudes : cette loi nouvelle qui inaugure la prédication de Jésus dans l’Évangile, selon saint Matthieu.

Créé à l’image de Dieu, l’homme a été conçu pour vivre dans sa dépendance, une dépendance faite de donation réciproque dans l’amour. Chaque personne de la Trinité est donnée totalement aux autres personnes, ce qui les établit dans une communion constante, éternelle. La sainteté qui prend sa source en la Trinité, établit tous les saints, les baptisés, dans ce qui nous appelons la communion des saints. Tous appelés à la sainteté, en pratiquant la charité nous élevons le corps entier du Christ, ou par notre péché l’alourdissons. Chacun de nous en progressant dans la docilité à l’Esprit Saint, c’est-à-dire en laissant l’action de Dieu opérer en soi des conversions, des guérisons, des actes de charité permet que le salut progresse chez les vivants comme chez les défunts. La mission des saints que nous sommes, est d’être ce levain dans la pâte qu’est l’humanité, afin que tout homme découvre le bonheur d’être aimé par Dieu et de pouvoir aimer comme Dieu. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13, 34), ultime commandement de Jésus au moment de donner sa vie en passant par les souffrances de la croix. Les saints ont goûté la paix et la joie que seul Dieu donne d’une manière incomparable, aussi peuvent-ils suivre l’Agneau jusqu’au martyr, jusqu’au témoignage patient dans l’hostilité et même sanglant.

Frères et sœurs, remercions Dieu pour le don de la sainteté. Tous, nous avons pour vocation cette sainteté, celle de Dieu, pas moins ! Être chrétien n’est pas une corvée, c’est vivre un parcours qui comprend des difficultés certes, toutes appelées à être dépassées en raison de la présence divine en nous qui les transforme en joie, lorsqu’à l’école de Jésus nous les offrons pour le salut du monde entier. Que ce jour soit un jour de joie ! Le Seigneur nous délivre de nous-même et nous invite à entrer dans son intimité, dans sa sainteté par l’imitation des dispositions du Fils premier-né. « Père, entre tes mains je remets ma vie ». Que Dieu achève en chacun ce que son Esprit a commencé en nous au jour de notre baptême, afin que nous vivions en enfants de lumière !

Amen

† Jean Legrez, o.p.

Archevêque d’Albi