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Parole de l’évêque pour la Toussaint

Celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui. (1 Jean 4, 6)

La fête de la Toussaint vient chaque année nous rappeler la vocation commune de tous les baptisés : la sainteté. Le pape saint Jean-Paul II estimait, à l’occasion du jubilé de l’an 2000, que « présenter la sainteté reste plus que jamais une urgence de la pastorale ». Déjà le concile Vatican II avait fait retentir « l’appel universel à la sainteté » : «  Tous ceux qui croient au Christ iront en se sanctifiant toujours plus, dans les conditions, les charges et les circonstances qui sont celles de leur vie et grâce à elles, si cependant ils reçoivent avec foi toutes choses de la main du Père céleste et coopèrent à l’accomplissement de la volonté de Dieu, en faisant paraître aux yeux de tous, dans leur service temporel lui-même, la charité avec laquelle Dieu a aimé le monde  » (Lumen Gentium, n°41) ».

Dans l’Ancien Testament ce qui caractérise Dieu est la sainteté. Le Dieu d’Israël est le trois fois Saint qui se fait connaître par la miséricorde qu’il exerce en faveur de son peuple. Le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC) pourra affirmer : « la sainteté de Dieu est le foyer inaccessible de son mystère éternel ». La sainteté divine est à la fois la marque de la différence et de la séparation entre Dieu et ses créatures, mais aussi l’expression du dessein bienveillant du Père qui, de toute éternité, a désiré que ses créatures, tous les humains, soient « saints et immaculés en sa présence dans l’amour » (Éphésiens 1, 4). En créant l’homme « à son image et à sa ressemblance «  (Genèse 1, 26), le Seigneur le destine à partager éternellement sa gloire, c’est-à-dire sa présence et sa sainteté.

Lorsque l’homme pèche, il refuse de vivre dans l’amour de Dieu ou de ses semblables, alors il se sépare volontairement de la présence divine. Face à cette situation de mise en échec du projet du Créateur en faveur de l’humanité, le Père a voulu renouer avec chacun de ses enfants en envoyant son Fils apporter le salut à notre monde. Le salut consiste à rendre accès à la gloire de Dieu, à cette intimité avec le Père pour laquelle nous sommes créés. Jésus est l’unique médiateur entre le Père et chaque homme qui, dans sa Pâque, devient la source de l’Esprit sanctificateur que nous recevons au baptême. « Pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient eux aussi sanctifiés dans la vérité » (Jean 17, 19). L’Esprit prolonge dans le temps de l’Église l’œuvre de la Rédemption accomplie par le Christ. Les baptisés sont rendus saints par le don de l’Esprit et participent alors à la vie divine, à la sainteté de Dieu. Ensemble, ils forment l’Église, « le peuple saint de Dieu et ses membres sont appelés  » saints  » » (CEC n°823).

L’Église est sainte, car ses membres ont pour vocation d’être le réceptacle de la sainteté même de Dieu. Tous sont appelés à la sainteté parfaite ; il faut cependant reconnaître que chez beaucoup la sainteté est encore imparfaite, car nous sommes en chemin. « L’Église est sainte, tout en comprenant en son sein des pécheurs, parce qu’elle n’a elle-même d’autre vie que celle de la grâce ; c’est en vivant de sa vie que ses membres se sanctifient ; c’est en se soustrayant à sa vie qu’ils tombent dans les péchés et les désordres qui empêchent le rayonnement de sa sainteté. C’est pourquoi elle souffre et fait pénitence pour ses fautes dont elle a le pouvoir de guérir ses enfants par le sang du Christ et le don de l’Esprit Saint » (CEC n°827). L’Église est sainte car elle est animée par l’Esprit Saint et elle « rassemble des pécheurs saisis par le salut du Christ mais toujours en voie de sanctification » (CEC n°827). Chaque croyant ne fait-il pas l’expérience en son propre cœur de la présence du bon grain et de l’ivraie du péché ?

Tous les saints, connus et inconnus, ont fait l’expérience que « la charité est l’âme de la sainteté ». Saint Jean affirme : « Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (1 Jn 4, 16). Telle est notre foi et notre espérance. « La charité dirige tous les moyens de sanctification, leur donne leur âme et les conduit à leur fin » (CEC n°826). C’est pourquoi sainte Thérèse de l’Enfant Jésus pouvait écrire : « Je compris que l’Amour renfermait toutes les vocations, que l’Amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux (…). En un mot, qu’il est éternel ». La vie divine et la sainteté sont une même réalité que nous communiquent de manière absolument gratuite les sacrements. Ils nous font entrer déjà dans l’éternité et nous établissent en lien avec l’Église du Ciel composés de ceux et celles qui, sur cette terre, se sont rendus perméables à l’Amour.

Soyons dans la joie et pleins de reconnaissance « puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5). Avec les anges et tous les saints chantons la gloire du Dieu trois fois saint !

Belle et heureuse Toussaint à tous les diocésains !

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi