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Homélie de la Nuit de Noël 2016

 

Frères et sœurs,

L’Évangile que nous venons d’entendre nous rapporte un évènement historique précis, situé dans le temps, à l’époque de l’empereur romain Auguste, Quirinus étant gouverneur de la province de Syrie. L’empereur avait ordonné un recensement de toute la terre, c’est-à-dire de l’empire romain, de la terre connue à cette époque. L’évènement est aussi situé dans l’espace, un certain Joseph, vivant en Galilée à Nazareth, se rend avec son épouse en Judée, à Bethléem, pour se faire recenser, étant de la lignée de David, Roi de Juda. Là, Marie met au monde dans un certain dénuement son premier-né. Un évènement apparemment banal, mais qui a marqué l’histoire des sociétés humaines qui, pour une part importante, compte les années à partir de cette naissance. Jusqu’à présent, croyants et incroyants savaient qu’il y a un peu plus de vingt siècles un certain Jésus est né de Marie à Bethléem dans une crèche. Avant d’être une question religieuse, le refus des crèches dans l’espace public est une négation d’un fait historique, qui est réellement à l’origine des fêtes de Noël. Vouloir nier le réel est le propre de la sottise… Même le ravi de la crèche provençal en est incapable !

Crèche de Brassac
Crèche de Brassac

De relativement banal l’évènement devient extraordinaire avec l’intervention des anges auprès des bergers. Les anges sont de mystérieux serviteurs du Dieu trois fois saint, vénéré par le peuple d’Israël qui, depuis l’époque d’Abraham, depuis environ deux mille ans, bénéficie de manifestations de ce Dieu sensible à la misère de son peuple. Les messagers divins s’adressent à des bergers. Des hommes relégués au ban de la société d’Israël, car considérés comme impurs en raison de leur proximité habituelle avec des animaux. C’est aux méprisés d’Israël que la naissance du Messie tant attendu est d’abord annoncée. Ce Dieu ne fait rien comme tout le monde. Il privilégie le cadet plutôt que l’aîné, le faible plus que le puissant, ainsi David était devenu roi. Il pardonne avec patience les errances du peuple. Il fait connaître peu à peu son projet d’amour pour l’humanité entière en commençant par le dévoiler à une bande d’esclaves en Egypte dont il fera son Peuple, ferment de salut pour l’humanité entière. Finalement, le Tout Puissant se fait petit d’homme, il deviendra le serviteur, esclave sur la croix pour faire connaître à tous sa passion amoureuse pour l’humanité et donner la vie divine à chacun. Voilà la Bonne Nouvelle annoncée aux bergers ! Dieu se fait homme pour que l’homme puisse partager la vie divine, la vie éternelle, entrer à jamais dans la fournaise d’amour de la Trinité.

Isaïe l’avait annoncé, un fils serait donné, digne de porter des titres prometteurs ! « Conseiller merveilleux » : Jésus n’a-t-il pas dit : « Je suis le chemin, la vérité, la Vie » (Jn 14, 6) ? « Dieu fort » : Jésus n’a-t-il pas dit : « Père, tout ce qui est à toi est à moi » (Jn 17, 10) ? « Père à jamais » : Jésus n’a-t-il pas dit : « Celui qui croît en moi a la vie éternelle » (Jn 3, 36) ? « Prince de la Paix » : Jésus n’a-t-il pas dit : « Je vous laisse la Paix, c’est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne » (Jn 14, 27) ? L’enfant de la crèche va se révéler au cours de sa vie comme le Messie annoncé par les prophètes au peuple d’Israël et par les anges aux bergers de Judée. Mieux encore, il sera reconnu comme le Sauveur de tous les hommes, pour lesquels il donnera sa vie par amour sur la croix. Ainsi il obtiendra de pouvoir répandre l’Esprit Saint sur ses Apôtres, au soir de la Résurrection. Ces derniers devront le transmettre à ceux qui placeront en lui leur confiance.

Cette nuit, devant la crèche, méditant dans notre cœur sur cet évènement comme Marie : Dieu s’abaissant au point de partager la condition humaine, quel est notre sentiment ? Notre cœur est-il ouvert pour accueillir l’enfant de Dieu ? Cette histoire, cette belle histoire reste-t-elle jolie à entendre, mais sans conséquence sur notre vie, notre manière d’être et d’agir ? Notre cœur peut devenir la crèche où Jésus est adoré et aimé. L’humanité a pour vocation d’être la crèche où Jésus peut être rencontré, car il vient pour tous. Le Prince de la Paix désire établir l’humanité dans la paix de l’amour. Il nous indique le chemin : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13). Face à la lutte pour le pouvoir, et la puissance, face à l’égoïsme et à l’orgueil, à la quête de domination, l’enfant de la crèche nous offre la sagesse d’en-haut qui consiste à donner humblement à Dieu la première place dans notre existence et à servir nos frères selon l’exemple donné par Jésus, en étant prêt à donner notre vie pour eux.

Que chacun s’examine ! Que l’Esprit Saint guide les adorateurs de Jésus, afin que, comme les bergers, ils puissent vivre dans la louange et soient missionnaires de la Bonne Nouvelle : « Un Sauveur nous est né » !

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

 

En la cathédrale Sainte Cécile, Albi

1ère lecture : Is 62, 1-5
Psaume : 88 (89), 4-5, 16-17, 27.29
2ème lecture : Ac 13, 16-17.22-25
Évangile : Mt 1, 1-25