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De 1967 à 1974, le P. Pierre Trouche en mission au Cameroun

Le P. Pierre Trouche nous a quittés très récemment à l’âge de 97 ans.

Découvrons brièvement ses années « camerounaises » :

 

« En 1967, disait-il, j’ai décidé de partir… ou plutôt, j’ai été attiré par le départ en Afrique, comme prêtre fidei donum.

Lorsque j’étais plus jeune, j’avais bien eu l’idée de partir comme missionnaire, mais ensuite j’y avais totalement renoncé.

Un jour à Paris, j’avais rencontré l’évêque de Yaoundé qui m’avait demandé si je n’irais pas dans son diocèse ; mais à ce moment-là pour moi, il n’en était absolument pas question.

Et puis, trois années après, cet évêque me recevait dans son diocèse ! »

Quand il entreprit cette nouvelle étape, il expliquait :
« L’Afrique m’a toujours attiré depuis le Petit Séminaire … et plus spécialement maintenant pour des raisons familiales ».

En effet, sa sœur y résidait, mariée à un Camerounais.

 

Avec sa sœur Marie-Thérèse et son époux
  • Comme il avait été enseignant pendant une quinzaine d’années, il assura à Yaoundé des cours au petit séminaire de Mvolyé.
    Il fut aussi aumônier du collège d’Etoudi.

Cette immersion, racontait-il ces dernières années, « est quelque chose qui a changé ma vie parce que j’ai découvert d’abord la pauvreté !
La pauvreté vécue, hélas !
Et puis une autre culture, une autre civilisation, une autre manière aussi de vivre la foi.
Et je crois que c’est ça qui m’a marqué le plus, parce qu’on pouvait être très proches dans la foi, vraiment très proches -et je pense à certaines religieuses africaines que j’ai côtoyées-, et en même temps, on ne la vivait pas de la même façon.

Cela m’a permis de comprendre que, dans la manière dont je vivais ma foi ici, d’Albigeois, de Rouergat, il y avait des choses qui étaient vraiment secondaires, qui me faisaient vivre, mais ailleurs il me fallait transposer.

Cette découverte m’a ouvert l’esprit. C’est ce qui me permet de dire par exemple maintenant de temps en temps dans les homélies, qu’il est tout à fait normal que les jeunes ne vivent pas la foi comme nous la vivons, nous les anciens. »

  • A Yaoundé, le P. Pierre fut ensuite professeur au collège Saint-Joseph de Messa-Mvele et aumônier au noviciat de la congrégation des Filles de Marie de Mimétala.

« J’aimais beaucoup les jeunes,

j’aimais beaucoup le métier d’enseignant.
J’ai aussi beaucoup aimé le contact avec les religieuses africaines dont j’étais l’aumônier, et l’évêque m’avait précisé que mon premier travail était auprès de ces religieuses. »

Il exerça son ministère au sein de ces deux institutions jusqu’en 1974, date de son retour en France.

  • Il explique :
    « Pendant la septième année où j’étais là-bas, j’ai été mal fichu et j’ai dû rentrer.
    Sur le moment, je l’ai beaucoup regretté.
    Et puis, à la réflexion, c’est vrai que la vocation de prêtre fidei donum, ça veut dire qu’on ne le reste que quelques années.
    Mais j’étais tellement bien !
    Je suis donc rentré pour voir des médecins.

Ensuite, quand ça allait mieux, j’ai suivi un de mes collègues avec qui j’avais travaillé là-bas et qui était au secrétariat de la Commission Épiscopale des Missions à l’Extérieur (CEME) : il s’occupait justement des prêtres partis comme fidei donum en Afrique ou ailleurs.

Et pendant six ans, je suis resté à Paris ; ça m’a changé beaucoup évidemment du Cameroun.

Ce qui me coûtait un peu à Paris, c’était la vie de bureau, d’administration et il me tardait de retrouver ‘la base’ : le contact avec les gens, le contact quotidien.

Mais il y avait aussi l’accueil des prêtres qui rentraient en congé ou qui partaient : nous les recevions chez nous avec mon collègue, et c’était toujours très intéressant de parler avec eux, de voir ce qu’ils faisaient, où ils en étaient.

Un panorama sur le monde entier et sur l’Église dans le monde, c’était vraiment très, très intéressant. C’est l’une des richesses de ce lieu-là ! » 

En 1980, le P. Pierre est revenu à Albi, à la cathédrale la première année puisqu’il assurait encore une partie du service à Paris où il devait monter au moins une semaine par mois, puis à l’église Saint Joseph….

Interrogé récemment au sujet de la baisse du nombre des prêtres en France, il avait répondu :

« Ça c’est sûr !
Et il faudra toujours des prêtres !
Mais j’ai découvert, en Afrique d’abord et puis ici aussi, que le prêtre ne fait pas tout dans l’Église, qu’il n’a pas à faire tout, et que les laïcs ont une très large place pour faire très bien, à condition peut-être qu’on leur fasse confiance. »

 

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Extraits de deux éditoriaux rédigés par le P. Pierre Trouche en 1970-1972 à destination des prêtres du Cœur de Jésus d’Afrique,  pour le bulletin de liaison Liaison-Afrique, un supplément à Cor Unum,  dont il était le responsable éditorial.

 

  •   Janvier 1971 (n° 27)

« Chers amis,

C’est pendant la veillée de Noël que je vous écris.

[…] Probablement, ces jours qui ont précédé Noël, avons-nous tous beaucoup couru pour préparer la fête ; beaucoup d’entre nous ont confessé pendant de longues heures…

Oui, nous avons beaucoup travaillé, et les chrétiens cette nuit vont se presser autour de nous pour célébrer le Verbe qui s’est fait chair et a demeuré parmi nous…

Et pourtant… Une question nous tenaille tous : comment aider nos fidèles, et les autres, à accueillir vraiment cette extraordinaire annonce que Dieu en Jésus est venu les sauver ?… Quelle vie profonde, quelle simplicité et quelle humilité nous feront assez proches de tous pour que nous soyons les témoins de cette amitié universelle de Dieu ?…

Que ‘Dieu-avec-nous’ nous donne de chercher ensemble, toujours davantage, notre réponse à cette question au cours de la nouvelle année. »

 

  •  Janvier 1972 (n° 31) « EPIPHANIE…

Le Sauveur qui se manifeste au monde en ce jour de l’Épiphanie où je vous écris, est un enfant… et, comme tel, il ne peut pas s’imposer… seulement « se proposer » …

Mais nous savons bien que, si nous acceptons son irruption dans notre vie, il la transformera radicalement, il bouleversera toutes nos conceptions, et nous entraînera, comme il l’a fait des Mages, sur des « pistes » insoupçonnées…

Africains ou Européens, nous avons tous fait, peu ou prou, cette expérience. Et, à Son appel, nous voulons être Ses témoins auprès des hommes et des femmes qui nous entourent, désireux, avec notre Sauveur, de ‘sauver tous les hommes et tout l’homme’ …

[…] Infiniment respectés par notre Sauveur qui « se propose », pouvons-nous être moins respectueux de tous que Lui ? Pouvons-nous faire autre chose que ‘Le proposer’, sans jamais NOUS imposer … ?

Que l’Emmanuel nous donne un cœur nouveau, qu’Il nous fasse un cœur assez pauvre, assez pur, assez doux… pour que nous soyons, à l’exemple du Seigneur Jésus, notre Maître, que nous voulons suivre du plus près possible, totalement respectueux de ‘toutes les nations’, de toutes les personnes, de toutes les cultures… »

 

« Que nous soyons les témoins de cette amitié universelle de Dieu »
*Remerciement à M. Nicolas Daroux, archiviste du Centre national des archives de l’Église de France (CNAEF), pour son aide précieuse.