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Tricentenaire de Saint-Benoît de Castres

Dimanche 15 juillet 2018, une messe solennelle marquait l’année du Tricentenaire de la cathédrale Saint-Benoît de Castres.

Cette messe, présidée par Monseigneur Jean Legrez, en présence de Monseigneur Georges Pontier et de Monseigneur Michel Mouïsse, était l’occasion de « rendre grâce pour toutes les merveilles reçues de Dieu dans ce sanctuaire », d’après les mots de l’archevêque au début de la célébration.

Homélie de Frère David, osb.

Frères et sœurs,

ce troisième centenaire de la cathédrale fait résonner plus fort en nous une question aussi ancienne que l’homme, mais aujourd’hui très dérangeante : quel espace pour rencontrer Dieu ici-bas ? Est-il vraiment nécessaire de lui affecter un lieu, à Lui dont nous savons bien qu’il est partout, que ni la terre ni les cieux ne peuvent le contenir ?

Les chrétiens modernes que nous sommes se sentent ici suspects de régression. Avec nos églises, si belles qu’elles soient, nos cathédrales ou nos basiliques, si solennelles, si grandioses, nous avons peur de ressembler aux païens d’autrefois avec leurs temples. Pourquoi Dieu serait-il là plutôt qu’ailleurs ? ou là davantage qu’ailleurs ? Dans la Bible elle-même ne cesse de retentir la question lancée aux croyants par ceux qui ne croient pas : « Où donc est-il, ton Dieu ? »…

J’ai cherché dans la Bible un lieu et un temps, une histoire qui nous aide à comprendre : quel espace pour rencontrer Dieu ici-bas ? que signifient nos églises ?

J’ai repensé à une histoire où l’espace disponible sur terre s’était singulièrement rétréci, au point que toute la vie s’y trouvait rassemblée, quand il ne restait plus sous le ciel que de l’eau, de l’eau partout, la mer et… une arche ! Le temps du déluge, l’arche de Noë. Là, justement, une « arche », le mot n’est pas banal, très précisément un coffre, un coffre sur la mer ! Un coffre, c’est surtout quelque chose qui renferme, pensons à l’arche d’alliance ; un coffre, c’est fait pour coffrer… drôle de bateau ! Les psychologues savent très bien que le goût du bateau, au-delà du désir de départ et de voyage, est surtout le goût d’une maison parfaitement close, parfaitement isolée, une « maison superlative » (Gilbert Durand), un lieu « étanche » : voilà bien ce que dit le coffre au milieu du déluge !

Nos églises ont toujours gardé quelque chose du vaisseau, de la « nef », du navire, et aussi du coffre, du coffre précieux, décoré de peintures, dans lesquels les joyaux, les vitraux, rabattent tout le ciel vers l’intérieur : tout dans l’église est concentré vers l’en-dedans. Certaines églises sont plutôt vaisseaux, et d’autres plutôt coffres : le gothique plutôt vaisseau, et le baroque plutôt coffre !
Alors les églises ne sont pas des lieux situés ici ou là sur la carte du monde, quelque part dans l’univers. Ce sont des arches, des nefs, des vaisseaux flottant sur la mer du monde, des « maisons superlatives », un point de concentration qui signifie que pour Dieu, le monde tout entier n’est qu’une seule maison, une seule demeure, tout entière concentrée vers l’en-dedans.

Parce que notre Dieu n’est pas dans le dehors du monde, et pas non plus là-bas dans les étoiles, il est dans le dedans, et encore plus « à l’intérieur » que l’on ne saurait le concevoir ou l’imaginer, et c’est pourquoi nos églises sont un appel à entrer, à émigrer vers l’intérieur. Tout ce qu’on place dans une église, tout ce qu’on y voit, n’a pas d’autre fonction que d’inverser la perspective, exactement comme sur les icônes : entrer dans une église, où qu’elle soit, c’est se disposer à retourner son regard vers l’intérieur !
Le monastère que crée saint Benoît n’est lui-même rien d’autre que cela, une petite église : un point de concentration vers l’intérieur, et c’est pourquoi la stabilité et la clôture y jouent un rôle particulier, faute de quoi la coque de noix prendrait l’eau de toutes parts, et ne serait plus une maison de Dieu.

Et cependant, je voudrais maintenant laisser résonner l’évangile d’aujourd’hui, qui nous apporte un contrepoint indispensable.

Avec l’envoi en mission des Douze, nous sommes apparemment aux antipodes de l’arche, du coffre et même de la vie intérieure. Or cet envoi, c’est exactement ce qui va nous arriver tout-à-l’heure, nous serons envoyés, renvoyés, ite missa est, allez-vous-en !
Qu’en est-il alors des moines bénédictins, et de leur vie intérieure ? N’y a-t-il pas là quelque chose comme une hérésie ?

Frères et sœurs, écoutons bien l’évangile d’aujourd’hui : il nous dit que la mission ne peut fonctionner qu’avec un corrolaire : l’hospitalité. Là où les disciples ne sont pas accueillis, que leur demande Jésus ? Il ne leur est pas demandé d’insister, de frapper plus fort, mais de se retirer. Point. Le missionnaire ne peut exister que solidaire de celui qui le reçoit et lui donne l’hospitalité. L’évangile n’existe que mutuel, dans les deux sens, dedans dehors. On est toujours évangélisé par celui à qui l’on porte la Bonne Nouvelle…

Ce qui veut dire que l’intérieur et l’extérieur sont indissociables, parce que nous, l’Eglise, nous sommes un corps vivant, c’est-à-dire un échangeur, une réalité qui échange en permanence de l’intérieur vers l’extérieur, de l’extérieur vers l’intérieur : arrêtez la respiration, arrêtez la consommation, arrêtez la transpiration, arrêtez le transit, vous êtes mort ! L’installation est impossible, dehors comme dedans. Si l’un des deux pôles vient à manquer, c’est la mort, par épuisement dehors ou par occlusion dedans. Seule l’alternance de ces deux, mission et retour, voyage et séjour, constitue la vie des chrétiens.

Reliquaire de saint Benoît, placé sous un dais du XIXe (Trésor de la cathédrale Saint-Benoît)

Quand saint Benoît écrit sa Règle, l’Europe connaît la migration la plus implacable qu’elle ait jamais connue, sans aucune comparaison avec celle d’aujourd’hui, sans douanes, sans frontières et sans contrôle. Alors saint Benoît fait de son monastère un lieu d’hospitalité inconditionnelle, une église superlative. C’est une arche, un refuge pour quelques heures, quelques jours ou pour la vie, une maison de Dieu où les missionnaires comme les voyageurs viennent se ressourcer, comme on dit, reprendre des forces pour repartir de plus belle.

Exactement comme nous sommes venus dans cette cathédrale, puiser la force de la parole, des sacrements, de la prière. Comme nous le faisons chaque dimanche. Non pas pour capitaliser des mérites, mais pour repartir et dépenser la force reçue. La tentation peut exister de se croire autonome, suffisant. Malheureux ! C’est que si je ne rechargeais pas les batteries, j’irais tout simplement me noyer dans le grand océan du monde, sans même m’en rendre compte.

Que cette maison de Dieu soit notre maison, qu’elle nous attire toujours davantage vers l’intérieur, et, ce faisant, qu’elle nous procure l’impulsion qui fera de nous toute la semaine de vrais chrétiens, hospitaliers ou missionnaires, accueillants ou accueillis. Amen !

frère David

Lectures du jour : Am 7,12-15 ; Eph 1,3-14 ; Mc 6,7-13

A la découverte de Saint-Benoît…

À l’occasion du Tricentenaire de la cathédrale Saint-Benoît de Castres, différentes propositions permettent de découvrir cet édifice et son histoire.

La paroisse de Castres a réalisé douze courtes vidéos, accessibles lors de la visite, grâce à des QR codes installés aux abords de Saint-Benoît et dans la cathédrale. Ce système permet aux utilisateurs de smartphones d’accéder directement aux vidéos les intéressant.

De nouveaux panneaux explicatifs ont été disposés dans la cathédrale, permettant aux visiteurs de mieux comprendre l’histoire de l’édifice et les œuvres qu’elle recèle.

Nouvelles publications

Un jeu de piste, sur les pas des bâtisseurs de cathédrale et à la découverte de son saint patron, est également proposé pour les enfants (participation : 1€). Disponible au fond de l’église.

Des publications historiques et un timbre édité par la société de philatélie de Castres sont disponibles au secrétariat paroissial.

Concerts d'orgue