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« Tout est à l’amour », une invitation à lire saint François de Sales

J’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien.
(1 Cor, 13, 3)

Le 28 décembre 2022, le Pape François a publié une lettre apostolique intitulée Tout est à l’amour pour le quatrième centenaire de la mort de saint François de Sales, à Lyon le 28 décembre 1622. Ce texte peut considérablement aider à entrer dans la pensée du saint docteur de l’Église. Les écrits de l’évêque de Genève sont abondants entre les traités, les entretiens spirituels et la correspondance. L’ouvrage le plus connu demeure l’Introduction à la vie dévote, dont les éditions se multiplient depuis 1609 jusqu’à nos jours. L’édition en français courant, publiée au Cerf en 2019, fait tomber l’obstacle de la langue devenue difficile pour nos contemporains. Cet opuscule de spiritualité, l’un des plus lus dans l’Église depuis sa parution, peut toujours stimuler et éclairer les chercheurs de Dieu tant sa simplicité est convaincante.

Tableau d’Aureliano Milani (1716). Saint François de Sales, saint Vincent de Paul et sainte Jeanne-Françoise de Chantal. Basilique Santi Giovanni e Paolo, Rome

Dans cette période troublée de la vie de l’Église que nous traversons, où de fausses mystiques sont dévoilées après avoir blessées de nombreuses victimes, il est urgent d’avoir recours à des auteurs spirituels sûrs. À ce propos, comment ne pas citer le Pape François qui recourt à l’Introduction à la vie dévote pour stigmatiser les dérives spirituelles ?

« La description de la fausse dévotion par François de Sales est savoureuse et toujours actuelle et il n’est pas difficile pour nous de nous y retrouver, non sans une touche efficace de sain humour : « Celui qui est adonné au jeûne se tiendra pour bien dévot pourvu qu’il jeûne, quoi que son cœur soit plein de rancune ; et n’osant point tremper sa langue dans le vin ni même dans l’eau, par sobriété, ne se feindra point de la plonger dedans le sang du prochain par la médisance et calomnie. Un autre s’estimera dévot parce qu’il dit une grande multitude d’oraisons tous les jours, quoi qu’après cela sa langue se fonde toute en paroles fâcheuses, arrogantes et injurieuses parmi ses domestiques et voisins. L’autre tire fort volontiers l’aumône de sa bourse pour la donner aux pauvres, mais il ne peut tirer la douceur de son cœur pour pardonner à ses ennemis ; l’autre pardonnera à ses ennemis, mais de tenir raison à ses créanciers, jamais qu’à vive force de justice ». Ce sont des vices et des efforts de tous les temps, même d’aujourd’hui, pour lesquels le Saint conclut : « Tous ces gens-là sont vulgairement tenus pour dévots, et ne le sont pourtant nullement » ».

Ailleurs, dans le traité de l’amour de Dieu, le saint docteur remarque : « Être au-dessus de soi-même en l’oraison et au-dessous de soi en la vie et opération, être angélique en la méditation et bestial en la conversation […] est une vraie marque que tels ravissements et telles extases ne sont que des amusements et des tromperies du malin esprit ».

Si à la racine de toute vie spirituelle se trouve le désir, ce dernier doit toujours être passé par l’épreuve du discernement, de telle sorte que l’amour soit le critère d’évaluation de chacun de nos actes. « C’est la charité et l’amour qui donnent le prix à nos œuvres », selon le « Docteur de l’amour divin », comme saint Jean-Paul II aimait à qualifier saint François de Sales.

De manière synthétique il résume sa pensée dans le Traité de l’amour de Dieu en affirmant : « Sitôt que l’homme pense un peu attentivement à la Divinité, il sent une certaine douce émotion du cœur, qui témoigne que Dieu est Dieu du cœur humain ». Le Pape François ajoute : « C’est dans le cœur et par le cœur que s’accomplit ce processus d’unification subtil et intense en vertu duquel l’homme reconnaît Dieu et, en même temps, se reconnaît lui-même, reconnaît son origine, sa profondeur et son accomplissement dans l’appel à l’amour. Il découvre que la foi n’est pas un mouvement aveugle, mais avant tout une attitude du cœur. Par elle, l’homme s’en remet à une vérité qui apparaît à sa conscience comme une « douce émotion », capable de susciter en retour un bon vouloir auquel nul ne saurait renoncer pour toute réalité créée, comme il aimait à le dire ».

Que ces lignes puissent éveiller le désir de nombreux lecteurs à se plonger dans l’œuvre de saint François de Sales ! Il est sans nul doute un des auteurs spirituels qui peut nous aider à mieux comprendre le message des Écritures et à le mettre en pratique.

Saint François de Sales, priez pour nous !

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi