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Homélie de Mgr Legrez pour la solennité de la Toussaint 2022

Frères et sœurs,

Le livre de l’Apocalypse évoque une foule immense composée de toutes les nations qui vénèrent le Seigneur et l’Agneau, le Créateur et le Sauveur. En effet, tous les hommes sont appelés à la sainteté comme l’apôtre Paul l’écrivait aux Thessaloniciens : « Oui, ce que Dieu veut, c’est votre sanctification » (1 Th 4, 3). Dieu seul est le Saint. Il désire partager sa sainteté avec toutes ses créatures. C’est son projet ; en créant l’être humain, il le destine à vivre éternellement en sa présence aimante, en son amour éternel.

Fra Angelico. Retable de l’église du couvent saint Marc à Florence

Célébrer la Toussaint, c’est donc prendre conscience de notre vocation personnelle : la sainteté. Il ne s’agit pas seulement de contempler les saints canonisés, qui font partie de la statuaire et des fresques de nos églises, mais surtout de nous émerveiller de notre destinée. Nous ne devenons pas saints par nos propres forces. L’Esprit Saint qui a été donné à l’Église dès sa naissance, est le sanctificateur. L’Esprit Saint reçu au baptême nous pousse intérieurement à aimer Dieu et à aimer nos semblables comme le Christ. Avec cette aide du Saint Esprit tout au long de notre existence, il devient possible de vivre « comme il convient à des saints » (Eph 5, 3) et de revêtir « comme des élus de Dieu saints et bien-aimés, des sentiments de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité » (Col 3, 12). Malgré la richesse des dons du Saint Esprit, nous faisons aussi l’expérience de notre faiblesse et nous aurons constamment besoin de la miséricorde de Dieu. Nous devons tous les jours dire dans notre prière : « Pardonne-nous nos offenses ». Le constat de la misère et de l’horreur dans lesquelles le péché plonge certains, blesse le corps entier de l’Église et peut nous scandaliser à juste titre. Il nous invite aussi à répondre à notre vocation personnelle à la sainteté avec toujours davantage de ferveur et de zèle. La constitution dogmatique sur l’Église du concile Vatican II affirme : « Chacun doit résolument avancer, selon ses propres dons et ressources, par la voie d’une foi vivante qui stimule l’espérance et agit par la charité ».

Émerveillés par la grandeur de notre vocation à la sainteté, sachons louer et remercier notre Dieu qui nous veut tous bienheureux en nous faisant partager sa sainteté. Ce n’est donc pas un hasard si l’Évangile de cette fête nous a fait entendre les Béatitudes qui ouvrent le premier long discours du Christ en saint Matthieu, traçant le programme de la vie de tout disciple de Jésus. Seul, sans nul doute, Jésus a vécu de manière parfaite chacune des huit béatitudes. Bien des saints, reconnus ou inconnus du calendrier, à l’école du Christ, illustrent l’une ou l’autre de manière extraordinaire, en raison d’une collaboration étroite avec l’Esprit Saint. Nous sommes créés pour le bonheur éternel : la béatitude ; l’imitation du Sauveur, offre aux disciples un réel bonheur déjà sur cette terre, à travers les paradoxes et les contradictions auxquels nous nous heurtons tous.

En cette période douloureuse que traverse l’Église en France, je désire vous inviter à faire particulièrement vôtre la cinquième béatitude : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiennent miséricorde », telle est notre espérance en ce jour. C’est la miséricorde divine qui fait des disciples des saints et de l’Église entière l’épouse du Sauveur, la nation sainte, sauvée par le sang de l’Agneau, le Seigneur, et sans cesse purifiée par le même sang.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi