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Homélie de la Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie

Frères et sœurs,

En cette magnifique fête de l’Assomption de la bienheureuse Vierge Marie, la liturgie nous donne à entendre un passage du livre de l’Apocalypse d’une très grande richesse symbolique. Le voyant évoque la présence de l’Arche d’Alliance dans le sanctuaire du Temple au Ciel. Pour les hébreux, sur terre l’arche était ce coffret contenant les tables de la Loi donnée par le Seigneur à Moïse au moment où Dieu conclut une première alliance avec son peuple. Marie n’est-elle pas la nouvelle arche d’alliance en laquelle s’accomplit toutes les alliances précédentes ?

Toujours dans le Ciel, la résidence de Dieu, le voyant voit apparaître une femme enceinte ayant le soleil pour manteau, poursuivie par un grand dragon, qui finit par mettre au monde, un fils qui « sera le berger de toutes les nations ». Bientôt il sera élevé auprès de Dieu. La Tradition a vu dans cette femme à la fois une évocation de la Vierge Marie et du peuple saint de l’ère messianique : l’Église. Marie n’est-elle pas la figure de l’Église, de cette humanité rachetée en qui le salut est totalement accompli ?

Assomption de la Vierge Marie. Toile de Dezes en l’église de Salvagnac

Le pape Pie XII, le 1er novembre 1950, dans la constitution apostolique sur l’Assomption, exprimait cette réalité extraordinaire de manière concise et complète : « la Mère de Dieu, unie à Jésus Christ d’une manière mystérieuse, ʺ dans un seul et même décret ʺ de prédestination, immaculée dans sa conception, parfaitement vierge dans sa maternité divine, généreuse collaboratrice du Rédempteur, a remporté un triomphe total sur le péché et ses conséquences. Pour finir, elle a obtenu, comme couronnement suprême de ses privilèges, d’être préservée de la corruption du tombeau. À la suite de son Fils, après avoir vaincu la mort, elle a obtenu d’être élevée, corps et âme, à la gloire suprême du ciel, pour y resplendir, en qualité de Reine, à la droite de son Fils, le Roi immortel des siècles ».

Enfin, « la femme s’enfuit au désert ». Ne peut-on voir dans cette affirmation : Marie quittant Jérusalem pour Éphèse lors de la naissance de l’Église ? Une Église qui, dès ses premiers développements, connaît la persécution, les martyrs d’Étienne et de Jacques, non seulement à Jérusalem mais aussi à Rome et dans tout l’empire romain. Le désert dans la tradition biblique est toujours le lieu de l’épreuve et le lieu où Dieu se fait connaître de manière intime, amoureuse. Cette femme mystérieuse évoque à coup sûr Marie, mais aussi l’Église qui, au cours des siècles, enfante un peuple nouveau des fils et des filles de Dieu qui rencontrent à la fois l’opposition du monde dans toutes les cultures et offre le témoignage des martyrs et des saints. Ces hommes et ces femmes rachetées, en qui le salut opère de telle manière qu’ils sont transformés par l’Esprit Saint et annoncent l’amour miséricordieux du Père pour tout le genre humain.

Frères et sœurs, aujourd’hui comme hier, l’Église répandue sur la surface de la terre traverse de multiples turbulences. Dans la faiblesse et l’humilité, elle porte au monde la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ, offrant l’espérance de la béatitude éternelle à une humanité blessée, aveuglée par toutes sortes d’idoles, repliée sur elle-même jusqu’au désespoir, désorientée par le cynisme et la violence de certains puissants de ce monde.

La fête de ce jour nous présente le triomphe de l’humble servante du Seigneur, la Mère de Dieu et notre mère, la Reine de l’univers et la patronne céleste de notre pays. Avec elle, chantons à Dieu notre reconnaissance pour les merveilles qu’il accomplit en notre faveur par le don de la foi. Nous croyons en la bonté du Créateur, en la miséricorde du Sauveur, et en l’amour brûlant et contagieux du Sanctificateur. Mettons-nous à l’école d’Élisabeth : « Heureux ceux qui croient ». Peuple de Dieu, soit béni ! Chante ton espérance et aime éperdument ceux et celles qui ignorent encore ou nient l’existence du Dieu trois fois saint, afin qu’ils découvrent la source de ta joie et s’ouvrent au salut éternel !

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

En la cathédrale Sainte-Cécile, le lundi 15 août 2022

1ère lecture : Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab
Psaume : Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16
2ème lecture : 1 Co 15, 20-27a
Évangile : Lc 1, 39-56