Homélie pour la messe de clôture du pèlerinage à Lourdes

Frères et Sœurs,

Au terme de ce pèlerinage, sans doute sommes-nous un peu plus conscients de la bonté et de la miséricorde de notre Dieu qui a permis que l’Immaculée vienne à la rencontre de la bienheureuse Bernadette à la Grotte de Massabielle, ici à Lourdes. Nous avons pu goûter au cours de ces journées, grâce à la prière et à la vie fraternelle, une certaine douceur qui n’est pas qu’humaine. Marie et Bernadette ont orienté nos pensées et nos actes, afin que nous nous laissions toucher par le Sauveur.

L’Apôtre Paul en écrivant aux Corinthiens constate que son ministère est un don de la miséricorde divine. Il affirme ne pas perdre courage face aux oppositions, mais au contraire manifester la Vérité, c’est-à-dire Jésus le Christ, lui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie ».

Cette connaissance du Christ, Paul n’hésite pas à la qualifier de trésor. Un trésor porté dans des vases d’argile : nous sommes ces vases, fragiles et comblés des dons de Dieu. À Lourdes, nous faisons l’expérience que cette foi et cette espérance, qui ici sont renouvelées dans un climat de charité spontanée et vraie, proviennent d’ailleurs, ne viennent pas de nous. Dans l’humilité et la simplicité se manifeste quelque chose de « cette puissance extraordinaire » qui appartient à Dieu.

Frères et Sœurs, nous ne pouvons pas garder ce trésor pour nous seul si nous aimons en vérité nos semblables. Le message de Jésus est clair : « Allez, de toutes les nations faites des disciples ». Je ne sais pas si nous avons suffisamment conscience, mais si nous sommes ici, c’est bien parce que nous sommes les enfants bien-aimés du Père, comblés de miséricorde. Le Seigneur a fait pour nous des merveilles ! Osons maintenant annoncer la Bonne Nouvelle du Salut autour de nous. Invitons au baptême adultes et enfants qui, autour de nous, deviennent de plus en plus nombreux à ignorer cette main tendue du Sauveur que sont les sacrements pour accompagner notre pèlerinage sur la terre vers la béatitude éternelle.

Faire connaître le Christ, c’est permettre à ceux qui vivent sans but, souvent ballotés par toutes sortes d’idoles et d’addictions, de découvrir que la vie a un sens. Faire connaître l’enseignement de Jésus, c’est offrir aux mêmes de sortir de leurs sombres impasses pour connaître la joie et la paix en se laissant aimer par Dieu et en aimant, comme lui, leurs frères et sœurs en humanité.

N’ayons pas peur ! Le Christ ressuscité a assuré de sa présence les onze disciples, à qui il avait donné rendez-vous en Galilée : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Puissions-nous, au terme de ces journées pèlerinage, avoir perçu cette mystérieuse et réelle présence du Sauveur à nos côtés. Si la Mère de Dieu est apparue à Bernadette, c’est bien pour donner rendez-vous à tous les chercheurs de Dieu et à tous les pauvres de la terre, afin qu’ils puissent goûter la saveur du Royaume de son Fils, le sauveur de tous les hommes.

Nous le savons, à Lourdes, beaucoup sont consolés, d’autres guéris physiquement et spirituellement, d’autres encore sont fortifiés ou convertis. Ensemble, rendons grâce pour tant de cadeaux du Ciel. Dynamisés par ce temps de grâce, partageons notre joie de croire avec notre entourage, en famille et dans les différents réseaux auxquels nous appartenons.

Que Notre-Dame de Lourdes obtienne de son Fils que nous soyons tous des témoins joyeux et audacieux des merveilles que le Seigneur fait pour nous chaque jour. Pleins de reconnaissance, et assurés de la présence du Christ à nos côtés, nous pourrons être des disciples-missionnaires, répandant « le parfum de l’Évangile ». Ici, nous l’avons humé et apprécié, alors sachons le répandre dans nos familles, nos communautés paroissiales, nos mouvements, nos divers groupes, en développant une vraie fraternité évangélique et une ferveur spirituelle forte.

Sainte Bernadette, si humble et si obéissante à la volonté de Dieu, priez pour nous.

Amen.

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

En la basilique du Rosaire, à Lourdes, lundi 1er août 2022.

1^ère lecture : 2 Co 4, 1-2.5-7
Psaume : 83
Évangile : Mt 28, 16-20