Homélie pour la journée diocésaine à Lourdes

Frères et sœurs,

Hier, nous avons médité sur la nécessité de répondre à l’amour divin en allant par amour au-devant de tout frère en humanité, afin de partager avec chacun le trésor de la Révélation. Aujourd’hui, je voudrais réfléchir avec vous sur le contenu du message à transmettre.

Le sommet de la Révélation est la résurrection de Jésus de Nazareth crucifié. Remarquons que cette Bonne Nouvelle par excellence a été confiée à des femmes. La tradition appelle Marie-Madeleine « l’apôtre des Apôtres ». Avant même la naissance de la première communauté de disciples du Christ, lors de la Pentecôte, déjà des femmes ont eu un rôle de premier choix dans la transmission de ce qui est le fondement de la foi de l’Église. L’histoire de l’Église nous montre qu’à toutes les époques des femmes ont été capables de manière éminente de transmettre et de rayonner le contenu des Évangiles. À Lourdes, n’est-ce pas l’histoire de la rencontre de deux femmes dont la foi hors du commun éclairent celle de milliers de pèlerins depuis 164 ans ?

Si l’Église a sans doute des progrès à faire pour que la vocation prophétique des femmes soit mieux ajustée dans la vie des communautés chrétiennes, il apparaît clairement « à ceux qui ont des yeux pour voir », que la Providence veille à toutes les époques à susciter des femmes dont l’aptitude à transmettre la foi et à en vivre de manière éblouissante, est incontestable. Sachons rendre grâce à Dieu pour toutes ces femmes qui contribuent à nous engendrer dans la foi de l’Église.

Après l’annonce de la résurrection confiée à des femmes, le Ressuscité annonce lui-même aux apôtres la venue de l’Esprit Saint. Avec la résurrection de la chair, le don de l’Esprit constitue l’autre sommet de l’accomplissement du salut en faveur de l’humanité. La résurrection du Christ ouvre un horizon mystérieux et inespéré pour tout homme croyant, dont la vie sur terre devient une préparation à la béatitude éternelle avec son corps et son âme. La réception de l’Esprit Saint au baptême et à la confirmation, introduit déjà le croyant dans cette vie divine, cette vie éternelle dont l’accomplissement dans toute sa plénitude se réalisera à la fin des temps quand Jésus viendra de la même manière qu’il s’en est allé vers le Ciel. Permettez-moi d’inviter ceux qui parmi vous ne sont pas encore confirmés : qu’ils n’hésitent pas à demander ce sacrement qui dynamise les dons de l’Esprit Saint, qui dynamise la vie divine en nous.

« De mort, il n’y en aura plus, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé » annonce l’Apocalypse. Tous appelés à ressusciter et à vivre en collaborant avec l’Esprit Saint, tel est le trésor que nous portons dans un vase d’argile. Nous nous sentons pauvre et faible pour faire connaître, annoncer à nos contemporains de telles merveilles. Le grand saint Paul l’éprouvait déjà comme il l’écrit à maintes reprises dans ses lettres, mais le Seigneur lui a déclaré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » (Co 12, 9)

Osons nous mettre à l’école des saintes femmes, puis des apôtres pour aller annoncer à nos frères et sœurs que « Jésus est ressuscité comme il l’avait dit ». De manière étonnante, alors que la mission souvent nous effraye et que nous nous sentons incapables d’obéir à la demande du Seigneur « de proclamer l’Évangile à toute la création », quand nous y parvenons une grande joie est donnée. Ne passons pas à côté de cette joie ! Demandons au Seigneur, par l’intercession de la bienheureuse Mère de Dieu et de l’humble Bernadette, que se développe en chacun de nous la vie de l’Esprit pour qu’avec simplicité et assurance, nous rendions témoignage à la Résurrection du Seigneur pour l’allégresse d’un grand nombre.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

En l’église Sainte-Bernadette – samedi 30 juillet 2022

1^ère lecture : Ac 1, 6-14
Psaume : 86, 1.5b.2, 3.5a, 6-7
Évangile : Mt 28, 1-10