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Homélie pour l’ordination du Père Vincent Doat

Frères et sœurs,

En ce dimanche où nous avons la grande joie de célébrer l’ordination presbytérale de Vincent DOAT, les textes de la liturgie de la Parole nous offre l’occasion de réfléchir sur le mystère de la vocation, de l’appel de Dieu.

Le passage du premier livre des Rois nous relatant l’appel d’Élisée, peut nous sembler étrange et sans prise sur notre vie actuelle. Il n’en est rien. En premier lieu ? ce texte nous a rappelé que le Seigneur est toujours celui qui a l’initiative. C’est bien le Seigneur qui, parle par la médiation du prophète Élie et appelle Élisée à lui succéder pour poursuivre sa mission prophétique. Le signe de ce choix a pu nous paraitre bizarre : Élie jette son manteau sur Élisée en train de labourer son champ. Dans l’antiquité, le manteau est une large pièce de tissu, il est unique et précieux, absolument personnel. En recevant sur ses épaules le manteau d’Élie, Élisée est en quelque sorte identifié à Élie, identifié à son maître. Élisée alors comprend qu’il doit suivre le prophète et demande un délai pour faire ses adieux aux siens. Élie le rabroue : « Va-t’en, retourne là-bas ! Je n’ai rien fait ». Immédiatement Élisée comprend, il arrête son labourage, offre ses bœufs en sacrifice à Dieu, nourrit les siens et rejoint Élie. Quelle magnifique obéissance à cet appel de Dieu transmis par le prophète Élie !

Frères et sœurs, rassemblés en cette cathédrale, j’imagine que pour la plu part d’entre nous, nous croyons que le Créateur est à l’origine de notre vie humaine reçue de nos parents. Nous croyons que, par le baptême, la confirmation et l’eucharistie la vie divine nous a été donnée. Dès lors notre vie est devenue celle d’enfants de Dieu par adoption, appelés à suivre Jésus notre Sauveur, notre frère aîné, afin que dans la docilité à l’Esprit Saint nous allions vers le Père. Appelés, par Dieu à la vie et à la sainteté, telle est la vocation à laquelle tout chrétien répond dans le présent sans attendre, s’il est conscient du cadeau extraordinaire qui consiste à se savoir infiniment aimé par Dieu. Un Dieu qui n’a pas répugné à nous donner son Fils, afin qu’il nous montre la voie de la vraie liberté et du bonheur. Paradoxalement, en mourant pour chacun de nous sur la croix et en accomplissant constamment la volonté de ce Père qui est amour, le Christ, non seulement est libre, mais nous indique le chemin de la vraie liberté ; une liberté qui s’exerce dans le don de soi-même, le service du prochain en luttant contre soi-même, contre les convoitises égoïstes et contraires aux motions de l’Esprit Saint, aux impulsions de l’Esprit d’amour dont nous sommes tous devenus le temple au jour de notre baptême. Il s’agit bien pour chaque baptisé de marcher sous la conduite de l’Esprit Saint, qui nous rend capables d’accomplir la volonté du Père, ce qui est impossible par nos propres forces.

Il y a peu, ce n’est pas à un laboureur de l’époque de l’Ancienne Alliance, mais à un chocolatier-boulanger-pâtissier contemporain, que le Seigneur a manifesté sa présence et sa compassion. Ce fut pour lui un choc. Oui, ce fut pour Vincent le début d’une profonde réflexion sur le sens de l’existence humaine et le début d’une recherche de son orientation à venir quand, par la bouche d’une pèlerine sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, l’appel de Dieu s’est précisé : « As-tu pensé à devenir prêtre ? ». Vincent est là aujourd’hui dans cette cathédrale, au terme d’une longue préparation et demande à être ordonné prêtre. Il assure être libre, confiant, joyeux et… un peu « mort de trouille », selon son expression.

Frères et sœurs, pour comprendre ce qu’est le sacerdoce et ne pas se laisser conduire par toutes les idées qui traînent dans nos médias actuellement, permettez-moi de préciser ce qu’est un prêtre. Seule une réelle intimité quotidienne avec le Christ rend possible une vie sacerdotale heureuse et féconde aux jours paisibles comme aux jours d’épreuves. La recherche la plus constante possible du sens des Écritures pour progresser dans la foi et prêcher la vérité, nourrit l’âme et l’intelligence du prêtre chargé d’enseigner ses frères et sœurs, et de les accompagner au cours des différentes étapes de leurs existences sur cette terre. La disponibilité la plus habituelle possible, là encore, pour répondre aux demandes des sacrements par les fidèles, oblige le prêtre à une charité de tous les instants pour la croissance de la vie divine dans l’âme des fidèles et l’accroissement du corps mystique du Christ, c’est-à-dire de son Église. L’exercice de la miséricorde envers tous, spécialement les plus démunis, les plus pauvres et les souffrants, rend visible le visage du Christ sur celui de ses ministres, et apporte réconfort et espérance à ceux et celles qui en manquent cruellement. Par la célébration de l’Eucharistie, le prêtre actualise quotidiennement l’unique sacrifice rédempteur du Christ, s’unit à l’offrande de la victime et s’en remet à celui qu’il reçoit et distribue en communion pour que fleurisse la vie divine dans les cœurs.

Pretre Vincent Doat à l'autel pour sa première messe

Dans un monde bouleversé par toutes sortes d’interrogations et de craintes – c’est le nôtre, aujourd’hui –, dans une Église en proie à bien des contradictions et même des trahisons, mais aussi profondément soucieuse de purifications et riche d’espérance, prions pour que Vincent devienne pour toujours un pasteur selon le cœur de celui qui l’a appelé.

Que le Seigneur lui accorde d’être un serviteur bien veillant et patient, à l’image de l’unique bon Berger venu chercher et sauver ce qui était perdu !

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

 

Homélie de l’ordination presbytérale de l’abbé Vincent DOAT
En la cathédrale Sainte-Cécile, Albi – dimanche 26 juin 2022

1ère lecture : 1 R 19, 16b. 19-21
Psaume : 15, 1.2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11
2ème lecture : Gal 5, 1. 13-18
Évangile : Lc 9, 51-62

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