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Homélie des confirmations des jeunes de la paroisse Sainte-Cécile, Albi

Frères et sœurs,

L’évènement de la Pentecôte dont nous faisons mémoire aujourd’hui, Jésus l’avait annoncé. En particulier dans le discours après la Cène, à plusieurs reprises Jésus annonce qu’un défenseur sera donné aux apôtres lorsque lui-même sera parti. Il est bien probable que les apôtres, au moment où ils entendaient ces paroles, ne comprenaient pas bien de quoi il s’agissait. Pourtant ce n’était pas une chose nouvelle, déjà dans l’Ancienne Alliance, maintes fois la venue de l’Esprit avait été annoncé pour les temps messianiques. Or, Jésus est bien le Messie d’Israël, le sauveur de tous les peuples. L’Esprit est annoncé par Jésus pour être celui qui va accompagner l’Église lorsque lui sera assis à la droite du Père.

Jésus est Le premier défenseur qui est venu pour obtenir du Père le don de l’Esprit Saint. Non seulement Jésus annonce la venue de l’Esprit Saint, mais il nous dit que l’Esprit Saint va être donné à tous ceux, toutes celles qui le reconnaîtront comme le Seigneur et le Sauveur de tous les hommes. À tel point qu’il y aura une relation absolument unique, malheureusement encore trop souvent ignorée, entre l’Esprit Saint et chaque baptisé. Tout baptisé, comme dit saint Paul, est devenu temple de l’Esprit Saint, demeure de l’Esprit Saint, habité par l’Esprit Saint. Il est, pour chaque baptisé, le compagnon quotidien, celui qui accompagne chacun et qui le conduit au Christ, qui met ses pas dans ceux du Christ et tous les deux nous mènent au Père. Jésus vous l’avez entendu dans l’Évangile qui a été proclamé, dit que ce défenseur, l’Esprit Saint, est celui qui enseignera tout aux disciples et leur rappellera ce que lui-même, Jésus, leur a enseigné. Cela demeure vrai pour chacun d’entre nous. Lorsque l’on prie l’Esprit Saint, lorsque l’on se met à l’écoute de l’Esprit Saint, une intelligence nouvelle nous est donnée sur l’enseignement de Jésus.

Cette confirmation peut être l’occasion pour tous ceux qui sont présents dans cette église, les petits comme les grands, de mieux découvrir la relation que chacun de nous pouvons avoir avec l’Esprit Saint. Frères et sœurs, priez-vous quotidiennement l’Esprit Saint pour qu’il mette vos pas dans ceux de Jésus ? C’est cela la vie chrétienne. Or, encore aujourd’hui, bien que nous ayons un petit peu progressé depuis Vatican II, l’Esprit Saint reste encore méconnu.

Le saint pape Jean XXIII, lorsqu’il a voulu l’ouverture du concile disait : « Il faut ouvrir les fenêtres de l’Église pour que l’Esprit Saint puisse y entrer ». C’est surprenant ! Je crois que depuis une soixantaine d’année, dans la catéchèse, on parle davantage de l’Esprit Saint, mais beaucoup de fidèles n’ont pas encore saisi à quel point l’Esprit Saint devrait être et peut être l’ami le plus intime que nous ayons, avec le Christ, bien entendu. Le rôle de l’Esprit Saint, annoncé par Jésus, est de nous faire connaître le Christ, de nous le faire saisir, de nous le faire goûter, de nous le faire apprécier, afin qu’aimant le Sauveur, nous puissions aller en toute confiance vers le Père. C’est l’itinéraire de toute vie chrétienne. L’Esprit Saint, non seulement nous éclaire sur l’enseignement de Jésus, sur sa doctrine, nous la fait saisir, mais nous rend capable de la vivre, de la faire passer dans nos actes. Sans l’Esprit Saint, c’est impossible. Sans cette collaboration jour après jour avec l’Esprit Saint, nous ne pouvons pas parvenir à mettre en œuvre l’enseignement de Jésus.

Dans la première lecture, le récit de la Pentecôte nous était offert. La fête de la Pentecôte, dans l’Ancienne Alliance était une très grande fête. C’est pour cette raison que les apôtres étaient réunis ensemble pour prier. Bien sûr, ils devaient attendre ce que Jésus leur avait annoncé, mais ils célébraient comme tout juif pieu à Jérusalem la grande fête de la Pentecôte, qui était à la fois la fête des moissons et la fête du don de la Loi à Moïse au Sinaï. Tout ceci est plein d’enseignement pour nous. L’Esprit Saint est ce fruit extraordinaire que Jésus nous a obtenu à travers sa mort et sa résurrection. Cet Esprit vient en quelque sorte prendre la place du Christ, qui est le premier défenseur de l’humanité, le premier paraclet. Il obtient du Père le second paraclet, l’Esprit Saint qui va accompagner l’Église tout au long du temps de l’Église, jusqu’au retour du Christ, car nous croyons que le Christ reviendra. Ce n’est pas une idée fumeuse. Dans l’Ancienne Alliance, sa première venue avait été annoncée. Il est bien venu. Croyez-vous qu’il reviendra ? Bien sûr, c’est la foi de l’Église. Nous croyons que le Christ reviendra à la fin des temps pour entraîner toute l’humanité qu’il a sauvée, dans le sein du Père, dans l’amour éternel de ce Père des miséricordes, qui est le sien et le nôtre.

L’Esprit Saint est véritablement ce fruit extraordinaire que le Christ nous a obtenu à travers la rédemption, à travers sa Pâque, son passage par la mort et par la résurrection. D’ailleurs au soir de Pâques, la première chose que fait Jésus après avoir salué ses apôtres, il leur dit : « La paix soit avec vous ! », « Shalom ! ». Aujourd’hui encore en Israël, on se salue ainsi. Puis il souffle sur eux et il dit : « Recevez l’Esprit Saint ».

L’Esprit Saint, saint Paul le dira, est aussi véritablement pour nous tous la loi nouvelle. C’est lui qui, en nous guidant, en nous enseignant, nous permet non seulement de comprendre, mais de réaliser dans notre propre vie ce que Jésus nous invite à vivre ; c’est-à-dire à placer notre confiance en Dieu et à aimer comme Dieu aime. Évidemment, c’est impossible par nos propres forces humaines. Cela n’est possible qu’avec l’aide de l’Esprit Saint, qui nous rend capables d’aimer comme Dieu aime. La vie des saints est là pour nous le montrer.

En outre, l’Esprit Saint reçu au jour de notre baptême fait de chacun d’entre nous un enfant de Dieu. Nous appartenons alors au corps du Christ qui est l’Église et dont la tête est le Christ. Nous sommes appelés, étant habités par l’Esprit Saint, devenus enfants de Dieu par adoption, nous sommes appelés à faire connaître à tous les hommes de ce monde et de ce temps, les merveilles de Dieu en faveur de l’humanité. C’est bien difficile. Cela n’est possible qu’avec l’aide de l’Esprit Saint. Sommes-nous capables de rendre compte de notre foi dans notre propre famille, dans notre milieu de travail, dans les associations auxquelles nous appartenons ? Chaque être humain passé par les eaux du baptême, est appelé à entretenir une relation filiale avec son Créateur, une relation pleine de confiance, à la manière de Jésus, le fils premier-né du Père.

Chers amis qui allez être confirmés et qui êtes parmi les plus jeunes de cette assemblée, vous demandez à être confirmés dans la grâce de votre baptême. Au baptême, vous avez déjà reçu l’Esprit Saint et vous êtes devenus la demeure de Dieu. Peut-être n’en êtes-vous pas très conscients ? J’espère que votre confirmation et le parcours de préparation à cette confirmation, vous ont fait découvrir ou mieux comprendre que l’Esprit Saint vit en vous. Cela est une réalité qui nous dépasse, nous ne saisissons pas tout, mais nous croyons véritablement que l’Esprit Saint vit en nous. Il nous communique le don de la foi. Si vous êtes là ce matin, et c’est ce que vous m’avez écrit, c’est parce que vous avez confiance en Dieu.

C’est l’Esprit Saint qui nous donne la capacité de croire même si, comme plusieurs d’entre vous le disent, vous connaissez le doute. Cela fait partie du chemin de foi. Dans la vie, vous avez des amis, vous comptez sur eux, parfois vous vous inquiétez en vous interrogeant sur la fidélité de tel de vos amis. Avec le Seigneur, c’est pareil. Il ne faut pas vous étonner d’avoir des doutes. Il faut chercher comment y répondre. Lorsque j’ai un doute je peux considérer que c’est normal. Oui, c’est normal de douter, mais ce qui est encore plus normal, c’est de chercher une réponse aux questions que je me pose. Je peux vous assurer que vous trouverez bien des réponses dans la Parole de Dieu.

Un seul d’entre vous m’a écrit, et c’est magnifique, qu’il lit la parole de Dieu tous les jours. C’est le secret de toute vie chrétienne. Dieu nous a parlé et il se fait connaître à nous à travers sa Parole. Non seulement l’Esprit habite en vous, mais, et c’est là un grand mystère, une grande vérité aussi qui demeure en partie voilée pour chacun d’entre nous, il nous communique la vie-même de Dieu, la vie divine, car nous ne sommes pas faits seulement pour la vie humaine. Celle-ci a une durée très variable pour chacun d’entre nous, certains seront centenaires d’autres ne vivront que quelques années. Habités par la vie divine, nous sommes appelés à vivre éternellement, à demeurer toujours dans l’amour divin. Cela nous donne une espérance extraordinaire face à toutes sortes d’épreuves, y compris la mort, car nous croyons qu’au-delà de cette vie, la vie divine trouvera un total épanouissement en chacun d’entre nous. Bien sûr, ce que je vous dis est magnifique et vous pouvez penser que c’est trop beau pour être vrai… c’est tout le contraire ! Nous aspirons tous à vivre une communion d’amour non seulement avec Dieu, mais aussi avec tout être humain, car très tôt nous expérimentons que nous sommes faits pour être des êtres de relation, des êtres de communion. Ce qui nous rend heureux, ce sont des relations confiantes, non seulement avec Dieu, mais avec tous nos semblables et avec nous-mêmes – ce qui, parfois, est difficile.

La vie divine, en chacun d’entre nous, rencontre des obstacles tout au long de notre vie et c’est inévitable. Ces obstacles sont dus à notre faiblesse, à notre tendance à nous replier sur nous-mêmes, tel est le péché, qui est le contraire de l’amour. Malheureusement nous avons cette tendance. Pour lutter, pour mener le combat spirituel, car nous avons tous un combat spirituel à mener pour être fidèle au Christ, nous pouvons être vainqueurs dans la mesure où nous collaborons avec l’Esprit Saint. C’est lui qui nous rend capables de demeurer dans une relations filiale confiante avec Dieu. Avec l’aide de l’Esprit Saint, tout est possible. Il est possible de lutter contre le péché car, comme dit saint Paul dans l’épître aux Romains car « l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse ». La vie des saints le montre.

Il y a peu de temps, vous avez certainement entendu parler de la canonisation d’un français, Charles de Foucauld. Après une vie très désordonnée, Charles de Foucauld, à la demande d’un prêtre, s’est totalement abandonné à Dieu alors qu’il doutait même de l’existence de Dieu. À partir du jour où il a fait confiance en Dieu, où il a ouvert son cœur et sa liberté à Dieu, il est devenu un saint. Les saints nous sont donnés par l’Église pour être un exemple. Il y a deux choses qui sont extrêmement frappantes chez Foucauld, d’abord sa confiance absolue en Dieu. Lui qui doutait de l’existence de Dieu, à partir du moment où, tout simplement par une confession, il s’est ouvert à Dieu, il a eu une confiance inébranlable, non seulement dans l’existence de Dieu, mais dans l’œuvre de Dieu en faveur de l’humanité. Il en a été un témoin extraordinaire jusqu’à sa mort. En second lieu, ce qui est frappant dans la sainteté de cet homme réside dans son ouverture envers tout être humain, les plus différents qui soient. Il est devenu le frère universel, totalement abandonné à la volonté du Père des miséricordes et totalement ouvert à tout frère en humanité. Magnifique programme, chers amis !

Il s’agit vraiment pour nous aujourd’hui, dans un monde souvent devenu païen, d’être les témoins de Dieu, d’être des témoins du Christ capables d’affirmer notre foi avec beaucoup de délicatesse envers tous ceux qui, aujourd’hui – pardonnez-moi le terme – sont totalement « paumés ». Pour eux la vie n’a pas de sens. Ils deviennent nombreux en France. Notre rôle à nous, baptisés-confirmés, est bien, avec douceur et fermeté, d’affirmer l’existence de ce Dieu d’amour auquel nous croyons. Il est tout aussi urgent d’entretenir des relations fraternelles avec tous ceux au milieu desquels nous sommes appelés à vivre. Non pas à l’autre bout du monde, frères et sœurs, mais bien dans notre pays. Si nous n’entretenons pas avec tous nos semblables, les plus différents soient-ils, des relations fraternelles, où allons-nous ?

Frères et sœurs, prions au cours de cette eucharistie, bien sûr de manière privilégiée pour les dix-neuf confirmands de ce jour, mais ayons l’audace de prier pour chacun d’entre vous présents dans cette cathédrale, pour que véritablement vous soyez renouvelés par la puissance de l’Esprit Saint ; que vous osiez vous confiez à lui pour vous laisser conduire par lui de telle sorte que, connaissant mieux Jésus, vous puissiez devenir davantage des amis du Christ, capables d’être ses témoins pour le bonheur de tous ceux qui, grâce à vous, aurons la joie de connaître leur Sauveur. Connaître mieux le Sauveur, est un chemin de bonheur. Je peux vous assurer que le faire connaître vous apportera en retour une grande joie.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

 

En cathédrale Sainte-Cécile, Albi – dimanche 5 juin 2022, solennité de la Pentecôte

1ère lecture : Ac 2, 1-11
Psaume : 103
2ème lecture : Rm 8, 8-17
Évangile : Jn 14, 15-16. 23b-26