Homélie pour la vigile de Pentecôte et la confirmation des adultes
Frères et sœurs,
Je crois qu’il nous faut savoir que l’Esprit Saint que nous célébrons en cette fête de la Pentecôte est d’abord et avant tout l’Esprit de vie. Le souffle qui anime tout être et cela depuis l’origine de la création de l’humanité. Il est vraiment celui qui fait passer du néant à l’être, de la mort à la vie. À l’origine, souvenez-vous, le créateur communique l’esprit à l’homme qu’il vient de modeler. Il souffle dans ses narines pour en faire un vivant. Plus tard, Ézéchiel prophétise que l’Esprit rendra la vie aux ossements desséchés. Il annonce que l’Esprit, au temps messianique, au temps où viendra le Messie annoncé par l’ensemble des prophètes, apportera alors un renouvellement intérieur en faveur de tous les croyants. Nous le savons, nous le croyons, Jésus est le Messie. Le Messie est ressuscité dans la puissance de l’Esprit au matin de Pâques. Le même Messie a annoncé lui-même la venue de l’Esprit pour tous ceux qui placeront leur confiance en lui et en son Père.
L’Esprit que nous recevons au baptême est cette source vive qui jaillit au cœur même de chacun de nos cœurs et qui abreuve notre foi tout au long de notre existence sur cette terre. Si le péché vient empêcher la source de jaillir, comme autant de pierres bouchant son écoulement, le sacrement de la réconciliation et de la pénitence, qui nous apporte le pardon de nos fautes évacue de l’orifice de la source tout ce qui empêchait son jaillissement vivifiant.
Le sacrement de la confirmation, par la prière de l’Église exprimée par l’évêque, offre aux baptisés que les dons de l’Esprit se déploient et portent toutes sortes de fruits pour la croissance de la sainteté personnelle des confirmés, mais aussi pour la croissance de l’Église en faisant des baptisés-confirmés de véritable témoins du Christ, pleins d’audace. Pour employer les mots du Pape François : « L’Esprit fait de chaque baptisé-confirmé un disciple-missionnaire », c’est-à-dire un homme, une femme à l’écoute du maître, le Christ Jésus, capable de transmettre son message. Il s’agit véritablement, dans la docilité à l’Esprit, d’être des hommes et des femmes qui cultivent une amitié quotidienne avec le Christ grâce à la présence de l’Esprit. Des hommes et des femmes capables de partager leur foi et cette amitié privilégiée avec le Christ. On ne parle bien que de ses amis. Si on se laisse conduire par l’Esprit Saint, qui nous rapproche bien sûr du Sauveur, nous devenons capables de le faire connaître pour la joie de ceux qui le découvrent et, en retour, pour notre propre joie.
Chers amis qui allez être confirmés, j’ai lu avec la plus grande attention vos lettres. J’ai pu constater à quel point l’Esprit est déjà à l’œuvre dans vos vies. Surtout, alors que vous êtes déjà graciés, que vous allez être encore plus graciés par les dons de Dieu que vous allez recevoir en étant confirmés et en communiant, n’abandonnez pas en chemin ! Vous le savez, le baptême, la confirmation et l’eucharistie sont les trois sacrements de l’initiation, c’est-à-dire du début, mais lorsqu’il y a un début, il y a une suite, il y a tout un chemin. Ce chemin est celui qui mène au paradis, au Ciel, parce que nous y croyons. Vous êtes invités à demeurer fidèles au don de Dieu, en menant tout simplement une vie sainte. La vie de tout baptisé est un chemin de sainteté. Soyez désormais vraiment des membres vivants du corps du Christ, c’est-à-dire de l’Église. Vous laissant guider, conseiller par l’Esprit Saint, car il éclaire nos consciences, il est capable de nous faire percevoir où est la vérité : le Christ.
Soyez dociles à l’Esprit Saint, cela veut dire apprenez à lui obéir, combien de fois il nous fait signe en nous montrant le chemin. Il existe souvent un combat spirituel à mener pour choisir ce que l’Esprit nous montre. Ayez confiance, sachant comme nous venons de l’entendre dans la lettre de saint Paul aux Romains, que « L’esprit vient au secours de notre faiblesse ». Cependant, même avec l’aide de l’Esprit Saint nous demeurons des pauvres. Nous ne devons jamais avoir peur de notre pauvreté, de notre faiblesse. Ce qui nous est demandé est, finalement, tellement simple : il s’agit de s’abandonner à la volonté du Père en se laissant conduire par l’Esprit qui met nos pas dans ceux de Jésus, et tous les deux nous saisissent par la main pour nous conduire sur le cœur du Père des miséricordes. C’est le chemin de la vie chrétienne que de se laisser conduire par les deux paraclets. Jésus dit : « je vais vous envoyer un autre paraclet, un autre défenseur, un autre ami que moi ». Jésus est le premier paraclet. Le second est l’Esprit Saint. Les deux paraclets nous conduisent au Père. Ce Père qui nous a créés par amour et qui veut, d’ores et déjà et éternellement, nous combler de son amour miséricordieux.
Frères et sœurs, tout spécialement vous qui allez recevoir maintenant la totalité des sacrements de l’initiation, ayez confiance, abandonnez-vous à la volonté du Père et rendez grâce. Remerciez ce Père de toute bonté, qui vous a conduit ici ce soir, parfois par des itinéraires qui ont été cruels, pénibles, durs, mais vous avez découvert que le Seigneur était là, même aux moments les plus difficiles et que, maintenant et pour toujours, il veut vous combler de son amour.
Amen
† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi
