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Homélie du dimanche de Pâques

Frères et sœurs,

Quelle joie de chanter ensemble la résurrection du Seigneur dans une cathédrale qui, tout à coup, a retrouvé un grand nombre de fidèles. De fait, depuis trois ans, en raison du Covid, nos fêtes de Pâques avaient un petit air de tristesse. Cette année, quelle joie de vous retrouver nombreux dans cette cathédrale, sans doute pour une part grâce aux baptêmes qui vont être célébrés. Pourtant nous sommes dans un contexte, au niveau mondial, plus qu’inquiétant. Au niveau national, Dieu seul sait si c’est heureux, nous avons vécu la crise du Covid, un certain nombre de crises sociales, mais aujourd’hui nous célébrons ensemble la fête de la résurrection, dans ce contexte qui peut être angoissant à certains égards. Ce qui différencie le chrétien de celui qui ne connaît pas le Christ, c’est cette espérance que nous avons, que la mort a été vaincue par le Christ dans sa résurrection. Toutes les inquiétudes du temps présent sont éclairées par cet espérance.

Un certain nombre de nos frères chrétiens qui vivent dans des situations extrêmement douloureuses et tendues, sont pour nous des exemples de foi extraordinaire. Nous qui vivons dans un pays calme, nous avons du mal, il faut le reconnaître, à croire dans la victoire du Ressuscité. Nous voyons que bon nombre de nos contemporains ne fréquentent plus nos cathédrales. Je voudrais m’adresser ce matin plus particulièrement aux parents des enfants qui vont être baptisés. C’est vous qui demandez à l’Église qu’ils soient plongés dans les eaux pour être purifiés de tout péché et qu’ils reçoivent le don de la foi. Pas n’importe quelle foi, la foi de l’Église. Or la foi de l’Église repose sur l’événement que nous célébrons ce matin, la résurrection du Christ, qui demeure pour chacun d’entre nous un très grand mystère, c’est-à-dire une réalité certaine, mais que nous ne parvenons pas à comprendre dans sa totalité, même s’il n’est pas contraire à la raison que d’adhérer à cette croyance que Jésus est vivant.

Vous l’avez entendu dans l’Évangile qui a été proclamé, les femmes arrivent au tombeau, elles le trouvent vide, c’est ce que nous avons célébré cette nuit. Elles vont prévenir les apôtres, finalement Pierre et Jean se précipitent et trouvent ce tombeau vide. Je ne sais si vous l’avez remarqué, saint Jean précise bien que les linges sont à leur place, ils sont affaissés, vides de leur contenu. Je ne sais pas si vous avez essayé de sortir de votre lit sans que les draps aient bougé, personne n’y a jamais réussi. Or, en voyant ces linges affaissés l’évangéliste écrit : « il vit et il crut ». Pourquoi a-t-il pu croire ? Tout simplement parce que le Christ lui-même avait annoncé à ses apôtres qu’il devait être crucifié, mourir et ressusciter. Je crois qu’on peut affirmer que jusqu’à l’évènement de la résurrection, les apôtres ne comprenaient pas. Ils n’imaginaient pas que leur maître puisse être condamné à mort comme un esclave et qu’il ressuscite. Qu’est-ce que pouvait signifier ressusciter ? Personne n’en avait l’expérience. Jésus avait ramené à la vie tel ou tel mort, son ami Lazare entre autres. Tout à coup Jean se souvient des paroles du Seigneur et lorsqu’il voit ce spectacle incroyable, les linceuls à plat, vides de leur contenu. Jean comprend qu’il s’est passé quelque chose de mystérieux, mais de réel, le Christ est vivant. C’est la foi de l’Église. Il est parfois déconcertant quand on interroge même les chrétiens sur leur foi en la résurrection et d’entendre leurs réponses. Pourtant, les enfants qui vont être baptisés vont être plongés dans la mort du Seigneur pour ressusciter avec lui et vivre désormais, non seulement de leur vie humaine, mais de la vie divine elle-même. Nous sommes par le baptême, en quelque sorte divinisés, comme le disent nos frères d’Orient. La vie de Dieu prend souche en nous pour nous conduire tout au long de notre existence jusqu’au-delà de la mort où nous verrons Dieu et vivrons éternellement dans la béatitude avec lui.

Demander le baptême pour un enfant, c’est être prêt à l’éduquer dans cette foi de l’Église, dans la foi en la résurrection du Seigneur. Aujourd’hui, cela a été vrai à toutes les époques, beaucoup sourient quand nous affirmons ce mystère. Mais nous ne devons jamais oublier que ceux qui ont été témoins de la résurrection – saint Paul dit qu’ils ont été plus de cinq cent à le voir ressuscité – ont confessé que le Christ est ressuscité jusqu’à en mourir. Sommes-nous prêts à cela, frères et sœurs ? Toute l’histoire de l’Église est jalonnée de martyrs, d’hommes et de femmes, qui, à la face du monde ont affirmé que Jésus est vivant, qu’il est le Fils de Dieu, qu’il est le sauveur de tous les hommes et qu’il nous entraîne dans sa vie divine. C’est un chemin de sainteté, dans lequel vos enfants vont être en quelque sorte entraînés grâce à vous qui allez leur faire découvrir non seulement dans leur enfance, mais tout au long de votre vie en commun avec eux. À la fin de votre vie, ce sont eux qui vous aideront à entrer dans cette vie éternelle en passant par la mort. Pour nous la mort n’est pas l’entrée dans le vide, c’est l’entrée dans la vision de Dieu, dans ce bonheur éternel auquel tout homme aspire. Cette espérance d’éternité est inscrite en nous qui sommes créés à l’image de Dieu, comme le dit la Genèse.

Chers parents, c’est une affaire sérieuse, très sérieuse. Un bon nombre d’enfants ne sont plus catéchisés aujourd’hui, je vous le dis tout simplement. Si moi qui suis votre père et votre pasteur, ne le vous dis pas, qui vous le dira ? Il n’y pas 10% des enfants en France qui sont actuellement catéchisés. Quand vous vous êtes mariés, pour ceux qui sont mariés à l’Église, vous vous êtes engagés à mettre des enfants au monde, c’est relativement simple pour la plupart. Non seulement vous vous êtes engagés à mettre des enfants au monde, mais à en faire des chrétiens, premier engagement. Aujourd’hui en les présentant au baptême, vous vous engagez à nouveau à leur donner une éducation chrétienne. C’est d’abord votre affaire, car ce sont les parents qui sont les premiers évangélisateurs de leurs enfants. En outre, vous avez besoin de l’Église, vous avez besoins des catéchistes, vous avez besoin de prêtres pour les guider, non seulement pour leurs premiers pas dans la vie chrétienne, l’initiation, mais tout au long de leurs vies. Je vous le demande, réfléchissez en conscience ; qu’allez-vous faire ? Allez-vous les inscrire au catéchisme dans quelques années ? Pour ceux qui y sont déjà inscrits, allez-vous les encourager à poursuivre ? Comment suivre le Christ, si on ne le connaît pas, comment l’aimer sans le connaître ? Ce n’est pas possible au plan humain, ce n’est pas davantage possible lorsqu’il s’agit du Seigneur. Pourtant, ayez confiance, l’Esprit Saint leur est donné aujourd’hui, est aussi vivant en vous, qui êtes baptisés. Avec le Saint Esprit tout est possible. Soyez réellement fidèles à vos engagements, il n’y a pas de plus belle réalité que la fidélité. Les baptisés sont les fidèles du Christ. Soyons-le en vérité, de telle sorte que le message de la résurrection, avec toute la joie que cela procure, puisse être annoncé au monde entier. Dieu veut se servir des pauvres que nous sommes pour annoncer au monde la résurrection du Seigneur qui vient donner force et espérance à tous ceux qui entendent le message et l’accueillent. Puissions-nous, comme Jean, l’apôtre bien-aimé, nous qui ne voyons pas le Ressuscité, puissions-nous, avec l’aide de l’Esprit Saint être de véritables croyants et devenir des disciples-missionnaires. Ne pensons pas que cela soit réservé à certains, c’est le propre de tous les baptisés comme nous le répète sans cesse le Pape François. Dieu nous a créés pour que nous soyons des hommes et des femmes qui vivent dans son amitié. Être disciple, c’est écouter la voix du Seigneur et entretenir avec lui une relation personnelle. Être missionnaire, c’est être capable de partager cet amour que le Seigneur a pour nous et que nous avons pour lui, avec tous ceux que nous côtoyons. Cela passe parfois par la parole et beaucoup par l’exemple, par notre manière d’être, par notre capacité à être différents, en particulier en pardonnant.

Frères et sœurs, soyons dans la joie, car le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! Il nous fait participer à sa vie. Il veut faire des enfants qui vont recevoir le baptême, des saints, comme nous-mêmes sommes tous appelés à la sainteté, pour notre bonheur et la joie de Dieu.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

 

En la cathédrale Sainte-Cécile, Albi – dimanche 17 avril 2022

1ère lecture : Ac 10, 34a.37-43
Psaume : 117, 1.2, 16-17, 22-23
2ème lecture : Col 3, 1-4
Évangile : Jn 20, 1-9