Homélie de la messe des Rameaux
Frères et sœurs,
Nous allons entendre dans quelques instants le récit de la Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon Saint Luc. J’ai toujours pensé que la meilleure homélie, après le récit de la Passion, c’est le silence absolu. C’est pour cela que je vous adresse quelques mots avant d’entendre ce récit. En cette fête des Rameaux nous venons faire mémoire de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Soyons conscients qu’une foule probablement assez maigre acclamait le Sauveur lorsqu’il est entré à Jérusalem, dans la ville où il va vivre sa Passion. Nous avons actualisé ce moment à la porte de la cathédrale, puis en entrant en procession, nous souvenant que ceux qui étaient là avaient placé tout leur espoir dans le Seigneur Jésus. C’était sans doute des pauvres, comme nous, des pécheurs. Ce qu’ils avaient de plus précieux, ils le déposaient à ses pieds, ils étendaient à ses pieds leur manteau. Dans l’antiquité, le manteau était quelque chose d’extrêmement précieux. En plus de son vêtement ordinaire, on portait un manteau pour se couvrir du froid. Ils font comme un tapis de leurs manteaux. Ils déposent ce qu’ils ont de plus précieux pour que celui qu’ils acclament comme le roi de gloire, lui qui va être supplicié sur la croix, soit fêté, ainsi sa gloire est manifestée modestement.
Frères et sœurs, nous entrons dans la grande semaine, la semaine Sainte. Nous sommes nombreux ce matin, puissions-nous être nombreux tout au long de la semaine, à toutes ces célébrations où nous allons faire mémoire du moment essentiel de la vie de l’humanité, la rédemption accomplie par notre Seigneur Jésus Christ. Le Sauveur va donner sa vie lors de la Cène, puis sur la croix, enfin il ressuscitera des morts. Par la puissance de son Esprit, nous qui sommes baptisés et les catéchumènes qui recevront le baptême au cours de la nuit de Pâques, nous participons déjà à sa victoire sur la mort. Aujourd’hui, mettons-nous en état d’écouter non seulement avec notre intelligence, mais aussi avec notre cœur, ce récit de la Passion du Christ qui va donner sa vie pour chacun d’entre nous. Offrons-lui notre pauvre vie pour qu’il la transforme en une vie d’enfant de Dieu, sans cesse mue par la grâce même de l’Esprit Saint.
Vraiment, frères et sœurs, je souhaite à chacun d’entre vous de vivre cette semaine Sainte avec une ferveur toute particulière. Toutes les informations qui nous viennent d’un bout du monde à l’autre, et tout spécialement d’Ukraine, nous montrent l’horreur de la violence, l’horreur de la souffrance infligée aux innocents. Or, en cette sainte Semaine, nous célébrons la mort de l’innocent par excellence, qui a donné sa vie à son Père pour que nous puissions partager sa vie, que nous partagions la vie de Dieu d’ores et déjà et éternellement. Rendons-nous disponibles pour accueillir le don que Dieu veut nous faire à chacun : sa propre vie.
Amen
† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi
En la cathédrale Sainte-Cécile, Albi – 10 avril 2022
Entrée messianique : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Lc 19, 28-40)
1ère lecture : Is 50, 4-7
Psaume : 21, 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a
2ème lecture : Ph 2 6-11
Évangile : Lc 22, 14 – 23, 56