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Homélie de la messe pour la solennité de saint Joseph

Frères et sœurs,

Observons saint Joseph en ce jour de sa fête. Contemplons cet homme si discret, admirons ce juste si humble « qui a eu le courage d’assumer la paternité légale de Jésus ».

Comme le second livre de Samuel l’annonçait déjà, Jésus sera fils de David, d’une lignée royale par Joseph. C’est par lui que sera donné à la maison de David une royauté pour toujours, une royauté éternelle. Toute la grandeur de ce juste a consisté à se mettre « au service de tout le dessein salvifique » du Seigneur.

L’évangile de saint Matthieu nous le présente comme l’époux de Marie. Bouleversé à la nouvelle de la grossesse de sa bien-aimée, il ne peut se résoudre à ce qu’elle subisse le sort de la lapidation, s’il venait à la répudier. N’ayant pas encore saisi qu’il se trouve en présence d’un mystère divin, en présence de la mère du Messie de Dieu, dépassé et désolé, il envisage avec délicatesse une répudiation faite dans le secret…

Dans la nuit, taraudé par l’angoisse, voici qu’un ange vient inviter Joseph à ne pas craindre d’accueillir Marie chez lui, car elle est enceinte par la puissance du Saint Esprit. Ne lui avait-elle pas raconté qu’un ange lui était apparu, à elle aussi, et qu’après une inoubliable salutation ; « Réjouis-toi, Marie, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi ! », le messager du Ciel lui avait assuré : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu ».

Rembrandt : Le songe de Joseph (Musée des Beaux-Arts de Budapest)

Maintenant, grâce à un songe, Joseph sait que l’enfant que Marie porte vient de l’Esprit Saint. Ce sera cependant à lui de lui donner son nom : Jésus, c’est-à-dire « Dieu Sauve ». Joseph demeurera l’époux de Marie et sera le père de l’enfant, puisque selon la tradition en Israël c’est le père qui donne le nom. L’enfant sera le fils de Marie et de Joseph. Joseph sera le gardien de la famille. Il veillera sur Jésus comme un père. Déjà la destinée de l’enfant est dévoilée à travers son nom : il sera le sauveur de son peuple. En raison de sa confiance et de son obéissance au Seigneur, Joseph va voir s’accomplir sous ses yeux émerveillés le salut promis à ses pères depuis de nombreuses générations. Juste, plein de foi et de sagesse, Joseph prend soin des débuts de l’existence terrestre du Messie et de Marie, mère de l’Emmanuel. Ainsi, il veille déjà sur l’Église en genèse : l’enfant et sa mère, l’épouse du bienheureux Joseph. Tous les trois, habités par un même amour divin, épousent sans réserve le dessein bienveillant du Père sur chacun d’entre eux.

Dès leur jeunesse, séduits par Dieu, chacun de ces époux hors du commun a choisi de plaire à son Seigneur, de rechercher en tout sa gloire par une complète disponibilité de leur personne, par une appartenance totale au Très-Haut. L’Église a toujours vu dans la virginité de Marie et dans la vie continente de Joseph avec la Mère du Messie l’expression de leur donation. Cette offrande accomplie dans le secret à une époque de forte attente messianique, est la source de leur immense fécondité spirituelle. Ils sont devenus père et mère du Messie, puis, dans une réelle continuité, protecteur et mère de l’Église.

Que cette contemplation de la personne de saint Joseph nous plonge dans l’action de grâce pour les merveilles de Dieu, et nous aide, à sa suite, à offrir nos personnes en hostie vivante, sainte et agréable à Dieu.

Frères et sœurs, pour terminer laissez-moi donner la parole au Pape François en vous lisant quelques extraits de sa lettre apostolique Avec un cœur de père :

« Joseph laisse de côté ses raisonnements pour faire place à ce qui arrive et, aussi mystérieux que cela puisse paraître à ses yeux, il l’accueille, en assume la responsabilité et se réconcilie avec sa propre histoire…/… La vie spirituelle que Joseph nous montre n’est pas un chemin qui explique, mais un chemin qui accueille. »

Et plus loin : « Joseph ne peut pas ne pas être le Gardien de l’Église, parce que l’Église est le prolongement du Corps du Christ dans l’histoire, et en même temps dans la maternité de l’Église est esquissée la maternité de Marie.[23] Joseph, en continuant de protéger l’Église, continue de protéger l’Enfant et sa mère, et nous aussi en aimant l’Église nous continuons d’aimer l’Enfant et sa mère. »

Et plus loin encore : « Le bonheur de Joseph n’est pas dans la logique du sacrifice de soi, mais du don de soi. On ne perçoit jamais en cet homme de la frustration, mais seulement de la confiance. Son silence persistant ne contient pas de plaintes mais toujours des gestes concrets de confiance. Le monde a besoin de pères, il refuse les chefs, il refuse celui qui veut utiliser la possession de l’autre pour remplir son propre vide ; il refuse ceux qui confondent autorité avec autoritarisme, service avec servilité, confrontation avec oppression, charité avec assistanat, force avec destruction. Toute vraie vocation naît du don de soi qui est la maturation du simple sacrifice. »

Et enfin :« Il ne reste qu’à implorer de saint Joseph la grâce des grâces : notre conversion. ». En priant :

« O bienheureux Joseph,

montre-toi aussi un père pour nous,

et conduis-nous sur le chemin de la vie.

Obtiens-nous grâce, miséricorde et courage,

et défends-nous de tout mal. Amen. »

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

 

En l’église Notre-Dame de la Platé, Castres – vendredi 19 mars 2022

1ère lecture : 2 S 7, 4-5a.12-14a.16
Psaume : Ps 88, 2-3, 4-5, 27.29
2ème lecture : Rm 4, 13.16-18.22
Évangile : Mt 1, 16.18-21.24a