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Homélie pour la Semaine de prière pour l’unité et le Dimanche de la Parole

Frères et sœurs,

En ce troisième dimanche du temps ordinaire, les textes que la liturgie de la Parole nous offrent peuvent nous aider à percer à quel point Dieu se fait connaître à son peuple par sa Parole aujourd’hui, comme à toutes les époques depuis le début de la Révélation.

Le passage du livre de Néhémie nous rapporte comment au retour de l’exil à Babylone, le prophète Esdras fait au peuple la lecture de la Loi en hébreux, qui est ensuite traduite en araméen – la langue parlée – et expliquée. Le rétablissement du culte entraîne émotion et larmes. Esdras exhorte à la joie et invite à festoyer. Cet évènement est avant tout joyeux, puisqu’il sort de l’ignorance les auditeurs jusque-là privés de la Loi. Esdras insiste : « Ce jour est consacré à notre Dieu. Ne vous affligez pas, la joie du Seigneur est votre rempart ».

Nous pouvons déjà voir dans ce récit une mise en pratique du sabbat, jour consacré au Seigneur, comme le Christ le vivra en allant prier dans la synagogue de Nazareth, mais aussi toucher en quelque sorte les racines de nos liturgies actuelles de la Parole. Chaque dimanche, jour consacré au Seigneur depuis que le Christ est ressuscité, nous écoutons la Parole divine contenue dans différents livres de la Bible, appartenant à l’ancienne alliance comme à la nouvelle. Cette écoute féconde notre confiance en Dieu ; « Dieu a parlé, il n’est pas le grand inconnu mais il s’est montré lui-même ». L’homélie devrait toujours favoriser notre compréhension des textes de l’Écriture et notre connaissance du Dieu qui se révèle aujourd’hui, dans notre aujourd’hui. Comme nous y invite le Pape François : « Accueillons le sublime trésor de la Parole révélée ».

Christ en gloire. Cathédrale Sainte-Cécile d'Albi
Christ en gloire. Cathédrale Sainte-Cécile d’Albi

L’évangéliste Luc a interrogé « les témoins et les serviteurs de la Parole », c’est-à-dire ceux qui ont compris, comme saint Jean l’écrira, que « le Verbe s’est fait chair » en la personne de Jésus. Dans la synagogue de Nazareth, Jésus dévoile devant ses proches et les habitants de Nazareth, son identité messianique. Au lieu d’engendrer la joie de l’auditoire, cette annonce va créer de l’irritation et même de la violence, comme l’évangile de dimanche prochain nous l’annoncera.

Ce qui est frappant ici, c’est le courage de Jésus affirmant que se réalise le passage de l’Écriture qu’il vient de lire : « Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres ». Par cette affirmation, Jésus se présente comme le serviteur de Dieu qui obéit à l’Esprit Saint. Il sera celui qui exécute dans l’obéissance les promesses que les prophètes ont annoncées. Voilà qui est si singulier hier comme aujourd’hui, seule une ouverture de l’intelligence et du cœur à l’Esprit Saint rendra possible d’adhérer à cette vérité mystérieuse et sublime.

Tous ceux et celles qui reconnaissent Jésus comme le Christ, le Messie d’Israël et le sauveur de tous les hommes, ne font qu’un avec lui. Selon les paroles de Paul aux Corinthiens : « Dans l’unique Esprit …/… tous …/… nous avons été baptisés pour former un seul corps ». Notre lien personnel à la personne de Jésus dépend essentiellement de notre écoute et de notre obéissance à la Parole de Dieu. Sa mise en pratique bien concrètement peut faire de nous un membre du corps du Christ vivant, favorisant la libre circulation de la charité dans le corps entier. Notre surdité à la Parole et notre oubli de la Parole favorisent la division et les blessures dans le corps du Christ, visible aujourd’hui, qui est l’Église.

Puissions-nous demeurer ouverts et accueillants à la Parole et dociles à l’Esprit Saint pour progresser dans une vraie charité, faisant de Dieu l’ami privilégié de notre existence, et de tout prochain un être à aimer et à servir en vérité. Demandons instamment cette grâce au Seigneur pour accueillir l’unité qu’il désire pour son Église, dans le respect de la dignité de ses divers membres.

Poursuivons cette liturgie en rendant grâce avec les anges et tous les saints, et en actualisant la Pâque du Sauveur dans la joie, sur son autel !

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

En la cathédrale Sainte-Cécile, Albi – dimanche 23 janvier 2022

1ère lecture : Ne 8, 2-4a.5-6.8-10
Psaume : 18, 8, 9, 10, 15
2ème lecture : 1 Co 12, 12-30
Évangile : Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21