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Homélie pour le jour de Noël

Frères et sœurs,

La liturgie nous propose en cette messe du jour de Noël de contempler le nouveau-né de la crèche, de découvrir son identité et son rôle dans le plan de Dieu, dans ce dessein bienveillant du Père, selon l’expression de l’apôtre Paul. Le passage de l’épître aux Hébreux et ce fragment du prologue de l’évangile de Jean, nous sont offerts pour nourrir notre contemplation.

A l’origine le Verbe, la Parole, était auprès de Dieu, le Verbe était Dieu, il a participé à la création du monde, car en lui, nous dit l’apôtre Jean, est la vie véritable, cette lumière dans les ténèbres de ce qui n’est pas encore, cette lumière qui va éclairer le monde de la mort. Celui qui, au début, à l’origine, a participé à la création, à la fin, en ces temps qui sont les derniers est envoyé pour faire rayonner la gloire du Père, la présence même de Dieu. « En ces jours – nous dit l’épître aux Hébreux – où nous sommes, le Père parle par son Fils ». Comme dira plus tard saint Irénée, il sera le visible du Père dont la mission a été de purifier l’humanité de ses péchés. Vraie lumière née de la lumière pour éclairer tout homme, c’est-à-dire faire connaître le dessein bienveillant du Père qui a créé avec le Fils notre humanité par amour, pour qu’elle puisse éternellement partager son amour maintenant et toujours. Le Verbe, le Fils de Dieu « le béni par nature – selon l’expression du Pape François – vient faire de nous des fils bénis par grâce. Dieu vient au monde comme fils, pour nous rendre fils de Dieu ».

Le Christ Jésus dans la crèche. Détail d’un antependium. Peinture à l’aiguille par les Clarisses de Mazamet.

 

Avec lui, le Verbe fait chair apporte le salut qui consiste à faire connaître et à rétablir le plan initial du Créateur : proposer à l’homme de vivre dans son intimité de Père aimant. En partageant la condition humaine, donc en prenant un corps de la Vierge Marie, le fils de Dieu va permettre à tout homme qui place sa confiance en lui de naître à la vie divine gratuitement. Le Messie, tant attendu par Israël depuis des siècles, apporte au monde la grâce, c’est-à-dire la vie de Dieu donnée par l’enfant de Bethléem en partage à l’humanité ; cet enfant apporte en même temps la vérité, c’est-à-dire la connaissance du plan du Dieu créateur et la manière de vivre en enfant de Dieu. Le Fils premier né, en partageant notre humanité nous apprend à vivre en enfant de Dieu.

Dès lors, la situation du monde, il faut le reconnaître si complexe et même si inquiétante soit-elle, en raison de la pandémie répandue sur toute la surface du globe et de multiples questions non résolues allant de l’écologie aux drames de la migration, en passant par tant de violences et d’injustices, tout cela, toutes ces ténèbres ne sauraient éteindre la lumière du monde qu’est le Messie. Ces ténèbres ne peuvent entamer l’espérance que la naissance de Jésus apporte au monde depuis vingt siècles et continue d’apporter au monde aujourd’hui. Fêter la naissance de Jésus, c’est fêter la « renaissance » de l’humanité.

La naissance de l’enfant de la crèche est l’expression de l’amour inconditionnel du Père pour les hommes, ses créatures que jamais il n’a abandonnées, toujours en respectant la liberté de chacun de s’éloigner de lui, mais en ne renonçant jamais à proposer son amour miséricordieux comme Jésus, le Messie, va l’annoncer par son enseignement et aussi par les actes qu’il a posés.

Comme l’oraison d’ouverture nous l’a précisé merveilleusement, le créateur a créé l’être humain dans sa dignité et il l’a rétabli plus merveilleusement encore. C’est le début de cette merveille qu’est le salut que nous célébrons aujourd’hui. Telle est la joie de Noël, Dieu se fait proche pour que l’humanité à nouveau puisse se rapprocher de lui en s’unissant à sa divinité. Par le baptême et à chaque eucharistie, cela se réalise peu à peu. Ainsi nous sommes unis à Dieu. Il a voulu devenir l’un de nous pour que nous devenions éternels, en devenant enfants du Père. Ainsi que nous connaissons la vie divine, cette vie éternelle dans laquelle, au jour de notre baptême, nous avons été plongés. Cette réalité magnifique du salut dont nous faisons mémoire de l’origine en ce jour, est la cause de notre joie aujourd’hui. Cette joie, frères et sœurs, nous ne pouvons la garder pour nous. C’est en l’annonçant qu’elle se multiplie quand nous la partageons. Cela n’est pas toujours possible par la parole. Mais par notre manière d’être, cela est toujours possible ; un sourire aujourd’hui, un coup de téléphone, une attitude bienveillante à l’égard de ceux qui nous font souffrir, tout cela, c’est annoncer l’évangile, c’est annoncer la Bonne Nouvelle. Osons être des messagers de l’espérance, ancrés dans la confiance en ce Dieu si bon, et devenus capables d’aimer comme il aime. Noël sera alors un jour heureux et, mieux encore, le début d’une disponibilité renouvelée à l’action du Messie dans notre existence.

Il vient chez les siens. Il frappe à la porte de notre cœur. Allons-nous l’accueillir ? L’enfant de la crèche, le Verbe fait chair, nous tend les bras pour nous entraîner à sa suite, allons-nous le suivre ? Vivant dans notre propre cœur devenu sa crèche, allons-nous le laisser nous transformer à et laisser l’éclat lumineux de son amour rayonner à travers nous ? Il vient vivre en nous, alors soyons dociles à sa voix. Adorons-le, aimons-le, louons-le, remercions-le.

Amen !

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

En la cathédrale Sainte-Cécile – samedi 25 décembre 2021

1ère lecture : Is 52, 7-10

Psaume : 97

2ème lecture : He 1, 1-6

Évangile : Jn 1, 1-18