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Homélie de Mgr André Gueye, évêque de Thiès, pour la Toussaint 2021

Frères et sœurs,

Permettez-moi tout d’abord d’exprimer ma profonde reconnaissance à votre Père évêque, Monseigneur Jean LEGREZ, qui m’accorde ce grand honneur de prononcer cette homélie en cette splendide cathédrale Sainte-Cécile. Je suis juste de passage pour le remercier d’avoir accueilli quatre de mes prêtres dans votre diocèse et me rendre compte des bonnes conditions de leur séjour. Et voilà qu’il a insisté pour que je m’adresse à vous en cette belle solennité de la Toussaint.

 

L’adage dit que la sainteté n’est pas de ce monde, nous connaissons bien cet adage. C’est vrai si cela traduit l’espérance de la communion parfaite avec Dieu, source de toute sainteté. Pourtant l’apôtre décrit dans la première lecture (Ap 7, 2-4.9-14), une foule innombrable. C’est comme si, en ce jour, une fenêtre s’ouvrait vers la terre pour nous permettre de contempler cette foule immense ; ou alors comme si Dieu nous offrait gratuitement une « journée porte ouverte » sur le Ciel, pour nous consoler, pour nous donner un avant-goût du bonheur sans pareil des saints et nous a permis, par notre marche vers cet objectif, la communion avec tous les saints. C’est pourquoi, si nous admettons que la sainteté n’est pas de ce monde, elle est au moins une aspiration qui nous porte et nous pousse en avant. Dans la prière de l’Église ce matin, nous avons relu un passage de saint Bernard qui disait que cette aspiration est une ambition sans danger qui doit nous passionner chaque jour, un désir qui doit nous animer. Mieux encore, la sainteté est comme une graine qui est déjà semée dans notre vie. En vertu du baptême, qui fait que, comme cela a été proclamé par le concile Vatican II, tous les baptisés sont appelés à la sainteté. C’est la vocation universelle à la sainteté. Bien sûr, chacun, chacune d’entre nous, selon la trajectoire particulière de sa vie, selon son état de vie. Oui, frères et sœurs, la sainteté est comparable à une graine semée dès ici-bas, dès aujourd’hui dans notre cœur. À chacun, à chacune d’entretenir cette graine, de la protéger, de la nourrir, de la cultiver, pour qu’elle puisse grandir et s’épanouir dans notre face à face avec Dieu, lorsque nous le verrons tel qu’il est, comme nous dit l’apôtre dans la deuxième lecture (1 Jn 3, 1-3).

Frères et sœurs, en ce jour, laissons-nous habités par cette espérance, pour progresser sur le chemin de la sainteté. Cette idée de conversion nous indique que c’est bien ici-bas qu’il faut se sanctifier, non pas tant par nos propres ressources, nos mérites, que par notre ouverture à l’action de Dieu, à l’action de la grâce, à l’action de l’Esprit Saint. Car c’est l’Esprit qui, en définitive, nous sanctifie. C’est lui qui nous rend saints. C’est par notre disponibilité que nous manifestons, que nous mettons en actes cette puissance de l’Esprit Saint en nous. Cette disponibilité, frères et sœurs, rime avec la conversion. C’est bien cette conversion qu’il faut entendre dans la réponse donnée par deux des anciens à la question posée par l’apôtre : « Tous ces gens vêtus de blanc, qui sont-ils et d’où viennent-ils ? ». La réponse est : « Ils viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau », conversion et fidélité au Christ.

Frères et sœurs, je crois que nous avons besoin d’entendre ces paroles qui peuvent nous aider à vivre cette épreuve que vous connaissez, cette épreuve épouvantable et horrible qu’est le rapport Sauvé (CIASE), qui a fini de ternir la beauté et la sainteté de notre Église. L’étendue du désastre des abus, en particulier sur les mineurs, constitue une contradiction insupportable avec la vocation à la sainteté à laquelle tous les baptisés sont appelés, et d’une façon toute spéciale, de ceux-là à qui il appartient de conduire les autres par le ministère et la fonction de pasteur du peuple de Dieu, tous les évêques, prêtres et diacres. C’est la grande épreuve qu’ensemble nous devons traverser en acceptant que la vérité nous entraîne vers la conversion parfaite pour laver la robe de notre Église dans le sang versé sur la croix. Ensemble, que ce que nous proclamons chaque dimanche soit vrai, que l’Église soit « une, sainte, catholique et apostolique ». Il nous faut retrouver la fidélité, la logique de la croix, c’est-à-dire du service et du don de soi. Il nous faut redécouvrir le chemin de la sainteté tracé par le Christ lui-même et sur lequel il nous a devancé. C’est le chemin de Béatitudes, défini, éclairé par l’Évangile de ce jour (Mt 5, 1-12a) : « Heureux les pauvres de cœur ».

À y regarder de près, nous constatons que Jésus nous appelle à travailler, à transformer, à affiner notre cœur à l’exemple de son cœur. Chacun et chacune d’entre nous peut et doit recueillir un appel pour avancer encore plus sur le chemin de la sainteté tracé par Jésus. Un chemin de bonheur parce que c’est la signification même du mot béatitude : « heureux », un chemin de bonheur, de plénitude dans notre cœur, c’est un chemin qui libère le cœur de l’orgueil et de l’égoïsme, où se met la propreté de l’amour ; un chemin de solidarité et de compassion ; un chemin de douceur et de miséricorde ; un chemin de justice et de paix ; un chemin de pureté du regard et du cœur ; un chemin de patience et de fidélité. Voilà, frères et sœurs, les défis que l’Évangile met sur notre route en tous temps. Puisse cet Évangile des Béatitudes, en ce jour, offrir à toutes nos communautés le baume qui pansera les cœurs et la phase d’un nouveau départ pour l’Église libérée par la vérité, purifiée par l’Eucharistie, éclairée par la Parole divine. Puissions-nous, frères et sœurs, réveiller notre espérance et emprunter courageusement le chemin de la sainteté dès aujourd’hui par la simple fidélité à nos tâches quotidiennes et par l’humilité qui remet sur le chemin de la conversion, pour témoigner du bonheur déjà semé, témoigner de la sainteté déjà semée en nos cœurs.

Amen

Monseigneur André GUEYE
Évêque de Thiès, au Sénégal

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