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Homélie de la messe à Saint-Jean de Latran durant la visite Ad limina

Chers frères dans l’épiscopat,

Les textes que la liturgie nous offre pour ce jour de férie où nous célébrons dans cette cathédrale de Rome sont un beau cadeau. Nous aurions pu les choisir, mais ils nous sont donnés sans nul doute pour accueillir toujours mieux notre charge épiscopale de successeur des apôtres.  Avant d’appeler les douze, le Sauveur a prié Dieu toute la nuit, comme à d’autres moments importants de sa vie publique. Déjà Abraham, Moïse ou Élie avaient agi d’une manière semblable lors d’épisodes déterminants de leur existence. L’Envoyé du Père, Jésus, commence par prier longuement avant de créer le collège des douze. Il nomme chacun « apôtre », c’est-à-dire « envoyé », après l’avoir appelé par son nom.

Comme Paul l’écrit aux Colossiens, les élus de Dieu sont « ses saints » et ses « bien-aimés ». Chacun de nous a été choisi par Dieu en raison de l’amour que le Christ lui porte. En outre, dans l’épître aux Romains, Paul précise : « Ceux que d’avance Dieu a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l’image de son Fils afin qu’Il soit l’aîné d’une multitude de frères ». Si cela est déjà vrai pour tout baptisé, cela l’est d’une manière éminente pour tout évêque.

Evêques entourent l'autel principal, basilique Saint-Jean de Latran (Rome)
Mgr Legrez, entouré de ses frères évêques, préside la messe en la basilique Saint-Jean de Latran (Rome).

Prenons toujours davantage conscience que notre charge ministérielle est d’abord le signe de l’amour du Christ, qui, à sa suite, fait de nous des envoyés pour manifester aux hommes de notre temps l’amour miséricordieux du Père que Jésus a révélé à travers sa venue parmi nous et son sacrifice sur la croix. Ressuscité, par l’envoi du Saint Esprit, Jésus nous a ouvert les portes de la vie éternelle qui consiste à connaître le Père et son envoyé, Jésus Christ. La célèbre inscription qui court sur l’architrave reliant les huit colonnes du baptistère de cette cathédrale précise : « La nation qui doit être consacrée aux Cieux naît ici d’une semence bienfaisante, elle que l’Esprit produit en fécondant les eaux ». Elle ajoute plus loin : « Ici est la source de la vie qui lave le monde entier et prend son origine dans la blessure du Christ ».

Envoyé par Jésus qui nous a choisi, nous sommes ses représentants, ses lieutenants. N’a-t-il pas dit aux apôtres : « Qui vous écoute, m’écoute » (Luc 10, 16) ? En ce lieu où les successeurs de Pierre prient depuis des siècles pour l’Église de Rome et du monde entier, comment ne pas se souvenir du dernier verset de la prière sacerdotale de Jésus : « Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux » (Jean 17, 26), là est notre joie et nulle part ailleurs.

Comme Paul y invite les colossiens, en cette période complexe tourmentée et éprouvante que traverse l’ensemble des nations, et la France ne fait pas exception, demandons les uns pour les autres par l’intercession de Pierre et de Paul d’être plus que jamais « enracinés, édifiés dans le Christ Jésus, fermes dans la foi et débordants d’action de grâce ». N’oublions pas les propos de Paul : « Dans le Christ, vous êtes pleinement comblés, car il domine les Puissances de l’univers » (Col 2, 7). Soyons des témoins de l’espérance, du triomphe du Christ qui par sa croix a annulé la dette de l’humanité pécheresse envers le Père. Appelés et aimés du Christ, avec lui descendons de la montagne, rejoignons la multitude des hommes de notre temps qui cherchent maladroitement souvent un salut éphémère dans toutes sortes d’idoles. Annonçons largement au plus grand nombre la Bonne Nouvelle qui nous est confiée. Osons poser les gestes du Christ pour apporter à nos contemporains la paix du cœur et les guérisons de l’âme et du corps.

Des pauvres pécheurs que nous sommes, Simon-Pierre en tête, le Seigneur veut faire ses envoyés. Il s’est chargé de notre faiblesse. Il nous veut ses compagnons. Il nous « envoie prêcher, chasser les démons et guérir toute maladie et tout langueur » (cf. Mc 3, 14-15 ; Mt 10, 1-10). Que la Mère de Dieu, Reine des Apôtres, nous obtienne le courage et la force de manifester en toutes circonstances notre bonheur non seulement d’appartenir au Christ, mais d’avoir été appelés par amour au service de l’Église et de l’humanité. Tout en exprimant notre reconnaissance à Dieu, confions le Pape François à l’intercession de la Mère de l’Église, ainsi que tous les évêques du monde.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

 

Le mardi 7 septembre 2021

1ère lecture : Col 2, 6-15
Psaume : 144
Évangile : Lc 6, 12-19