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Homélie de Mgr Legrez lors de la journée diocésaine à Lourdes

Frères et sœurs,

Ces retrouvailles diocésaines en cette période de pandémie sont une véritable consolation, une grâce que le Seigneur nous offre au pied de la Grotte si sombre et sale, avant qu’une belle dame sourit à Bernadette, puis s’entretienne avec elle au cours de ses dix-huit apparitions. Véritablement ici, à Lourdes, pour la petite Bernadette Soubirous, si fragile et si pauvre, le Ciel s’est ouvert sur la terre. La « comblée de grâce » que l’ange Gabriel avait invitée à se réjouir de son privilège d’être pleine de grâce, « Réjouis-toi Marie », a fini par se faire connaître : « Je suis l’Immaculée Conception ». Je suis celle qui n’est que « oui » à Dieu. Ce « Père qui nous a choisis dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui dans l’amour » (Eph 1, 4). Marie est, en vertu d’une grâce spéciale, « celle qui est plus jeune que le péché », comme Bernanos l’a écrit. Elle est cette créature unique qui a toujours correspondu à la volonté de Dieu sur elle. Elle est cette vierge que le Créateur a préparé pour devenir la mère de son Fils, le Rédempteur de l’humanité.

En effet, Dieu n’a jamais destiné l’humanité qu’à être « sainte et immaculée devant lui dans l’amour ». Il n’a jamais renoncé à son projet initial, à son dessein bienveillant selon l’expression de saint Paul. La Vierge de Nazareth, qui s’est présentée à Bernadette comme celle qui a été conçue sans que le péché ne puisse l’atteindre, est celle qui a mis au monde le roi dont le règne n’a pas de fin, le fils de Dieu. Ce roi dont le trône est la croix et qui, par son sang versé, nous donne à nouveau la possibilité d’être « saints et immaculés dans l’amour » en répandant son Esprit dans nos cœurs, et cela est vrai pour chacun d’entre nous depuis le jour de notre baptême.

En tout Marie nous précède. Première des rachetés, en elle le salut est totalement réalisé. Son oui à l’ange : « Que tout m’advienne selon ta parole », prend mystérieusement racines dans le oui de celui qu’elle va mettre au monde, Jésus, le Fils de Dieu et son enfant, qui vient pour accomplir la volonté de son Père. L’humble obéissance de celle qui affirme être « la servante du Seigneur » exprime un oui qui ouvre la porte à l’incarnation du Messie, le Sauveur de l’humanité entière, et la réalisation de la rédemption. Ainsi adviendra le projet éternel du Père ; son amour miséricordieux comme « sa bonté l’avait prévu dans le Christ » envahira le cœur de toute créature humaine, ouverte librement à sa réception. L’agent principal chargé de faire entrer l’humanité dans la gloire divine, c’est-à-dire dans la présence et la vision éternelle des trois Personnes de la Trinité, est le Saint Esprit. Il est cette première avance sur notre héritage, comme Paul le signale aux Éphésiens. Sa présence au cœur de notre cœur nous fait déjà participer à la vie de Dieu, premiers arrhes de la Béatitude, du bonheur du Ciel.

L’Esprit Saint, qui a fait d’une vierge la Mère de Dieu, fait déjà des pécheurs que nous sommes des enfants bien aimés du Père, destinés à partager son amour éternellement.

Frères et sœurs,

au nom de Jésus osons demander au Père, les uns pour les autres ici présents à Lourdes, mais aussi pour chaque baptisé de notre diocèse, une nouvelle effusion de l’Esprit Saint. Que la grâce de notre baptême soit ravivée, que joyeux d’être sauvés nous sachions annoncer la Bonne Nouvelle par toute notre vie de serviteur, de servante du Seigneur à la suite de Marie, de Joseph, de Bernadette, de tous les saints.

L’ange dit à la Vierge : « Rien n’est impossible à Dieu ». Le Seigneur veut le bonheur de ses enfants. Par l’intercession de l’Immaculée, Notre Dame du oui, que le Seigneur nous fasse marcher comme si nous voyions l’invisible, envahis par le désir d’aimer notre Dieu, ami des hommes, et prêts à nous lever, tel le prodigue pour aller vers lui chaque jour de notre vie sur terre, en le faisant connaître et aimer autour de nous.

Enfin, permettez-moi de vous confier une intention de prière. Depuis quatre ans aucun jeune homme de notre diocèse n’est entré au séminaire. Rendons grâce pour le diacre et le prêtre ordonnés en juin dernier et supplions le Maître de la moisson d’envoyer quelques vocations sacerdotales dans « le champ » d’Albi, pour sa gloire et le salut des habitants du Tarn.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi