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Homélie lors du Pèlerinage des pères de famille

Frères et sœurs,

L’Évangile du jour nous a présenté Jésus qui commence sa prédication accompagnée de toutes sortes de miracles : des guérisons, des délivrances d’esprits mauvais, des résurrections… Il revient alors à Nazareth où il a grandi, puis travaillé avec Joseph. Il enseigne à la synagogue. La qualité de son enseignement étonne. Au lieu de susciter l’admiration, sa sagesse semble surprendre, scandaliser. D’où cela peut-il bien lui venir ? Comment ce charpentier peut-il être si doué, être un enseignant si persuasif et accomplir de tels prodiges ? La suffisance des habitants de Nazareth qui prétendent connaître ce charpentier et sa parenté, les empêchent de faire confiance à ce prédicateur qui ne saurait venir de la part de Dieu, malgré les signes qu’il pose pourtant si semblables aux signes messianiques. Ces actes que devaient accomplir le Messie : faire voir les aveugles, marcher les boiteux, annoncer la paix. Devant cette situation Jésus constate : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison ». Finalement, comme Qohéleth le disait déjà : « Voilà enfin du nouveau ! Non, cela existait déjà dans les siècles passés ». En effet, la persécution des prophètes n’est pas une nouveauté. Nous l’avons entendu dans la première lecture, le prophète Ézéchiel est envoyé à un peuple révolté contre son Dieu, ce sera aussi le cas d’Isaïe, de Jérémie et de bien d’autres… Certains, même, ont été mis à mort pour les réduire définitivement au silence. Après coup, dans les meilleurs des cas, le prophète pourra être reconnu…

Si le Christ n’a pas été reconnu par ses plus proches, comment pourra-t-il être considéré comme le Messie d’Israël et le Sauveur de l’humanité entière vingt siècles après sa résurrection ? Faut-il s’étonner que les peuples qui ont été parmi les premiers à accueillir son salut soient aujourd’hui, de proches qu’ils étaient, devenus distants par rapport à sa personne ? Et nous, qui avons reçu le trésor de la Révélation, pouvons-nous prétendre être prophète ? Par notre baptême et notre confirmation, nous le sommes. Si nul n’est prophète dans son pays nous ne pouvons pas prétendre exercer une telle fonction… De plus nous sommes si faibles, si peu capables, si ignorants des choses de Dieu. Que l’Église ne nous demande pas l’impossible…

Un tel raisonnement si couramment entendu est totalement faux. Le passage de la deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens devrait nous aider à abandonner définitivement une telle errance. Paul est conscient du caractère extraordinaire du contenu du message qu’il a annoncé. Il connait aussi sa faiblesse. Cette mystérieuse écharde qui l’humilie. Pourtant le Seigneur lui a déclaré : « Ma grâce te suffit car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse ». L’Esprit Saint dont nous sommes devenus la demeure au jour de notre baptême, peut agir en nous. À nous d’accepter de collaborer avec lui de la manière la plus permanente possible. C’est avec lui que nous pourrons trouver la manière d’annoncer autour de nous la Bonne Nouvelle qui apporte espérance, joie et paix à l’humanité. Il y a une certaine urgence lorsque nous savons qu’actuellement près de 95% des jeunes français ne sont pas catéchisés.

Au terme de ce pèlerinage des pères de famille, en ce sanctuaire dédié à saint Joseph et en cette « Année Saint Joseph » voulue par le Pape François, il est bon de contempler celui dont « la grandeur consiste dans le fait qu’il a été l’époux de Marie et le père adoptif de Jésus. Comme tel, il se mit au service de tout le dessein salvifique ». Joseph a été totalement donné à son Seigneur pour que se réalise le dessein bienveillant du Père en faveur d’Israël et de toutes les nations. Comme le Pape François le souligne si clairement dans sa lettre apostolique « Avec un cœur de père » : « Chaque fois que nous nous trouvons dans la condition d’exercer la paternité, nous devons toujours nous rappeler qu’il ne s’agit jamais d’un exercice de possession, mais d’un ʺsigneʺ qui renvoie à une paternité plus haute. En un certain sens, nous sommes toujours tous dans la condition de Joseph : une ombre de l’unique Père céleste …/… et une ombre qui suit le Fils ».

Cette vocation à la paternité si haute et si magnifique peut paraître tellement au-dessus des moyens et des forces de pauvres humains, qu’elle serait irréalisable par les temps actuels… Voilà une considération orgueilleuse, marqué par l’absence de confiance en celui qui est le maître de l’impossible, notre Dieu. Avec l’Esprit Saint, il nous donne l’exemple des saints pour nous stimuler dans l’exercice de la conversion à opérer sans cesse pour écouter et obéir comme Joseph à la parole du Seigneur.

Que cette eucharistie où le Christ vient se donner à nous soit pour nous l’occasion de nous donner à lui, afin de nous laisser guider sur le chemin de notre propre vie par son Esprit d’amour, qui nous rendra capables d’être père là où Dieu nous place.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

Puimisson, Communauté Saint-Joseph, dimanche 4 juillet 2021

1ère lecture : Ez 2, 2-5
Psaume : 122, 1-2ab, 2cdef, 3-4
2ème lecture : 2 Co 12,7-10
Évangile : Mc 6, 1-6