Homélie de l’ordination diaconale en vue du sacerdoce de l’Abbé Vincent Doat

Frères et sœurs,

Dans la première lecture, tirée du livre de Job, le Seigneur rappelle à Job que le créateur domine toutes les forces de la nature, y compris les plus violentes telle que la tempête. Il peut donc imposer aussi à l’homme des limites et le diriger. Dans l’évangile que nous venons d’entendre, la capacité de Jésus à dominer le déchaînement des flots de la mer de Galilée, amène les disciples à s’interroger sur son identité : « Qui donc est-il pour que même le vent et la mer lui obéissent ? ».

Jésus vient de prêcher longuement, il semble vouloir s’extraire des foules pour passer sur l’autre rive, toujours pour annoncer la Bonne Nouvelle. Voilà que pris par la fatigue, il s’endort dans la barque. Terrifiés par le déchaînement de la mer, les disciples se croient perdus. Ils le réveillent et aussitôt Jésus impose le calme aux éléments déchaînés, à la mer. Puis il invite les disciples à la foi. Jésus montre sa puissance sur les puissances du Mal. Dans la Bible, pour le peuple Hébreux en particulier, la mer fait peur, à tel point que l’on pense qu’elle recèle les puissances du Mal, les puissances démoniaques. Jésus, visiblement, les domine. Cette barque est déjà l’image de l’Église souvent agitée par des tempêtes diverses, mais Jésus est là dans la barque et il n’abandonne jamais son Église. Jésus est celui qui possède une puissance que personne apparemment ne possède, c’est ce qui frappe les disciples. Il y a là déjà une annonce de sa Pâque où il va passer de l’extrême faiblesse de la Passion, de la croix, à la puissance de la résurrection qui sera le signe pour les disciples, que Jésus a vaincu la mort, que Jésus a vaincu les puissances de l’enfer, qu’il est vraiment le Maître de la Vie. Le ressuscité – que nous célébrons de dimanche en dimanche – fait passer l’humanité de la mort à la Vie, de la mort au péché à la vie divine, à la vie dans l’amour de Dieu et du prochain pour toujours. Cette parole du Christ aux disciples nous pouvons l’entendre ce matin. Ayons confiance ! Jésus est celui qui fait passer de l’esclavage de la peur à la liberté.  C’est le Ressuscité qui nous accorde la liberté des enfants de Dieu.

Vincent, interrogé à l’occasion de votre prochaine ordination diaconale en vue du sacerdoce, vous avez affirmé publiquement que ce qui caractérise pour vous les années de préparation au sacerdoce, c’est votre croissance dans la liberté. De fait, le Christ est venu pour nous détacher de toutes nos idoles et nous faire entrer dans les sentiments qui sont les siens. Il nous apprend, dans la mouvance de l’Esprit, à aimer comme il aime, à aimer le Père, à aimer nos frères et à les aimer comme lui les aime, comme lui sait les aimer, dans un don total de lui-même. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Ce mouvement de donation apporte joie et liberté. Vincent vous allez vivre le diaconat dans le célibat, signe d’une donation entière de votre être pour appartenir totalement au Christ, le servir et servir vos frères par l’annonce de la Parole et le soin des démunis de la terre. Ce ministère vous préparera, si Dieu le veut, à l’ordination presbytérale qui vous configurera alors au Christ prêtre. En effet, l’exercice de la diaconie dans la liturgie, la Parole et la charité, favorise la conception et la croissance d’un cœur de pasteur.

Frères et sœurs, ce matin, prions pour Vincent, prions pour la fécondité de son ministère diaconal. Prions aussi pour que se lèvent des jeunes prêts à répondre à l’appel du Seigneur pour devenir diacres, prêtres, religieux et religieuses. Prions encore pour que nos communautés soient soucieuses toujours davantage de servir les membres les plus éprouvés de l’humanité, en particulier en ces temps difficiles pour les migrants, les déplacés si nombreux dans notre monde actuel.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

En l’église de Rabastens, le dimanche 20 juin 2021

1^ère lecture : Jb 38, 1. 8-11
Psaume : 106, 21a. 22a. 24, 25-26a. 27b, 28-29, 30-31
2^ème lecture : 2 Co 5, 14-17
Évangile : Mc 4, 35-41