Homélie de la célébration de la Passion du Seigneur 2021

Frères et sœurs,

Dans quelques instants nous écouterons la Passion du Seigneur selon l’évangile de saint Jean. Nous serons alors placés devant l’innocent par excellence, devant celui qui est venu parmi les siens en faisant le bien, méprisé tout à coup, torturé, condamné et finalement crucifié. Quel paradoxe insupportable pour tout homme de bien ! Comment pouvoir accepter qu’un homme juste puisse être ainsi traité ? Le mystérieux serviteur souffrant présenté par le prophète Isaïe amorce pour le croyant une esquisse de réponse : « C’était nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé ». Ainsi le prophète nous place devant le mystère de la croix et nous engage à croire en une générosité absolument hors du commun, un amour purement divin.

Jésus entre dans sa Passion rédemptrice, totalement soumis au Père qui l’a envoyé. Après avoir, peu de temps auparavant, engagé ses disciples à aimer comme il aime et avoir précisé : « Ma vie nul ne la prends, c’est moi qui la donne ». La croix, à juste titre, nous effraie tous. Imiter un Christ qui pousse si loin sa disponibilité aux autres, paraît impossible. Les martyrs et les saints nous montrent le contraire à travers l’histoire de l’Église jusqu’à ce jour.

Pour un chrétien la croix est devenue le signe de la victoire de Jésus de Nazareth, roi des juifs, à partir du matin de Pâques. Véritablement, comme l’épître aux Hébreux nous l’a rappelé, elle est la cause du salut éternel que le Ressuscité apportera à l’humanité. Elle est la plus haute expression de la miséricorde envers l’humanité, voulue par la Trinité.

Maintenant, écoutons le récit de la Passion avec la plus grande attention, afin de pouvoir adorer le bois qui a porté la victime sans tache, la seule capable de sauver maintenant et éternellement tout le genre humain blessé par le mal. Osons dire au Supplicié, apparemment anéanti : « Jésus, j’ai confiance en toi ».

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi