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Homélie pour le dimanche de Pâques 2021

Frères et sœurs,

Comme nous venons de l’entendre et comme vous l’avez sans doute remarqué, c’est avec une précision évidente que saint Jean nous relate son expérience du tombeau vide. Il nous décrit de manière consciencieuse ce qu’il a vu. Les linges qui contenaient le cadavre sont vides de leur contenu, restés mystérieusement à leur place, mais sans le corps du crucifié. Les femmes avaient donc dit vrai, le Seigneur n’est plus là dans son tombeau. A-t-il été enlevé, volé, malgré les gardes chargés de surveiller la tombe ? Jean a vu et il a cru. Ce spectacle tout a fait inattendu et surprenant de la pierre tombale recouverte des linges, vide du corps, lui a permis de comprendre ce que Jésus avait lui-même annoncé à plusieurs reprises : il devait ressusciter. Mais les disciples – nous disent les évangiles – ne parvenaient pas à comprendre. Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. C’était une véritable énigme pour les disciples. Il faut bien reconnaître, frères et sœurs, que l’imagination humaine ne pouvait à elle seule envisager une telle nouveauté.

Véritablement le Ressuscité inaugure une nouvelle dimension de l’existence humaine. « Si le sépulcre vide en tant que tel ne peut certainement pas prouver la résurrection, il reste toutefois un présupposé nécessaire à la résurrection, dans la mesure où celle-ci se réfère justement au corps et par là à la totalité de la personne », a pu écrire le pape Benoît XVI dans son bel ouvrage Jésus de Nazareth. Il poursuit : « La résurrection de Jésus fut l’évasion vers un genre de vie totalement nouveau, vers une vie qui n’est plus soumise à la loi de la mort et du devenir, mais qui est située au-delà de cela, une vie qui a inauguré une nouvelle dimension de l’être homme. Dans la résurrection de Jésus, une nouvelle possibilité d’être homme a été atteinte, une possibilité qui intéresse tous les hommes et ouvre un avenir, un avenir d’un genre nouveau pour les hommes ». La résurrection de Jésus, frères et sœurs, est à la fois un évènement historique situé dans le temps et l’espace ; et en même temps un évènement qui, tout en étant réel, dépasse toute expérience connue en raison de sa nouveauté. Jésus ressuscité est sorti du tombeau vers une vie différente, nouvelle, vers l’immensité de Dieu et partant de là, il s’est manifesté aux siens.

Les récits de ses apparitions illustrent bien les points communs du corps du Ressuscité avec celui du crucifié et donc avec tout corps humain. On peut toucher le Ressuscité, on peut le voir, on peut marcher avec lui, on peut être à table avec lui, entendre sa voix, lui parler. En même temps, on peut constater la nouveauté de sa vie lorsqu’il disparaît ou bien apparaît toutes portes étant closes au soir du premier jour de la semaine, du jour de sa résurrection. Devant de tels faits hors du commun, manifestés aux disciples à travers seulement quelques apparitions, les doutes sur la réalité de la résurrection ont fondu. Ceux qui en furent les témoins, après avoir reçu l’Esprit Saint, devinrent capables, avec un courage tout à fait nouveau, de témoigner au monde entier jusqu’à aujourd’hui : le Christ est vraiment ressuscité. Pour tout chrétien, la résurrection de Jésus Christ est le fondement de sa foi. Célébrer cette « merveille de Dieu » en faveur de l’humanité, comme l’apôtre Paul nous l’affirme, fait que désormais « notre vie reste cachée avec le Christ », cela nous plonge dans la joie et la reconnaissance. Bastien, soit dans la joie, toi qui va recevoir le baptême. Car, quiconque croit en lui, quiconque croit au Ressuscité, reçoit par son Nom le pardon de ses péchés et, par la puissance de l’Esprit Saint partage déjà la vie du Ressuscité, la vie divine. Tout cela, dans l’espérance de la résurrection finale, lorsque Dieu sera tout en tous.

Frères et sœurs, que ces fêtes pascales renouvellent notre espérance, dynamise notre foi et développe notre amour pour Dieu et pour le prochain. Dans le climat difficile de morosité, de pandémie dans laquelle nous sommes, nous oserons annoncer joyeusement et humblement cette Bonne Nouvelle pour tous les hommes. Il faut reconnaître que beaucoup aujourd’hui ignorent cette Bonne Nouvelle et malheureusement reconnaître aussi que beaucoup de baptisés ont du mal à croire dans la réalité de la résurrection. Je vous invite tout au long de cette journée, à vous interroger sur votre foi. Croyez-vous véritablement qu’il s’agit d’un fait historique ou d’une illusion des Apôtres ? Croyez-vous que vous vivez déjà de la vie du Ressuscité ? Croyez-vous que vous ressusciterez un jour ? Pardonnez-moi, les sondages aujourd’hui auprès des chrétiens sont affligeants dans ce domaine. Pour moi, c’est un scandale. Je ne comprends pas comment des fidèles qui viennent communier régulièrement au corps et au sang du Ressuscité confessent simplement que, pour eux, la résurrection est illusoire. Comment s’étonner alors, que nous soyons sans espérance. Croire en la résurrection éclaire chacun de nos pas en cette vie terrestre et au moment du grand passage. Aujourd’hui, avec la pandémie, nous découvrons que nous allons mourir. Tout être humain qui naît est appelé à mourir. Nous savons cela depuis longtemps. La position de beaucoup face à la mort est le désespoir, puisqu’ils n’envisagent pas d’avenir au-delà de la mort. La résurrection change tout. Si nous mettons notre confiance dans le Ressuscité, notre espérance est totale, non seulement pour cette vie mais au-delà de la mort. Car nous croyons que, passant par la mort, nous allons à la rencontre de notre Dieu et Père, qui nous fera ressusciter à la fin des temps. Telle est l’espérance chrétienne. C’est cette espérance qu’en cette période nous avons à annoncer autour de nous.

Le Christ est ressuscité !

Il est vraiment ressuscité !

Alléluia !

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi