Je donne à l'Église
Agenda
Paroisses
Accueil Contacts

Homélie pour la Nativité du Seigneur

Frères et sœurs,

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Ensemble ce soir puissions-nous, en cette sainte nuit, être ce peuple. Des hommes et des femmes qui, ensemble, reconnaissent en ce petit enfant couché dans une mangeoire, la lumière du monde. Dans son prologue l’évangéliste Jean affirme « le Christ était la lumière véritable ». Le Verbe de Dieu, c’est-à-dire la Parole de Dieu, la Parole créatrice a voulu recevoir un corps humain de la Vierge Marie pour donner la possibilité aux hommes qui placeront en lui leur confiance de devenir enfant de Dieu. Bientôt, trente ans plus tard, dans le Temple à Jérusalem, Jésus enseignera ainsi le peuple : « Je suis la lumière du monde. Qui me suis ne marchera pas dans les ténèbres mais aura la lumière de la vie ». Frères et sœurs vous l’avez entendu, une lumière enveloppe les bergers à l’heure de la naissance du Sauveur, de cet évènement historique, comme l’évangéliste Luc le précise de manière claire en le situant dans le temps, Quirinus étant gouverneur de Syrie, et dans l’espace, en Judée.

Cette lumière extraordinaire est la première manifestation du nouveau mode de la présence divine sur notre terre. Qui aurait pu imaginer un dieu qui se fasse aussi proche de ses créatures, un dieu venant partager la condition humaine dans sa totalité, de sa naissance jusqu’à la mort. L’ange du Seigneur annonce aux bergers la naissance du Sauveur, du Messie tant attendu par Israël. Ces pauvres hommes parmi les plus déconsidérés en Israël, car estimés impurs en raison de leur proximité avec leur bétail, ont sans doute cru dans un premier temps avoir la berlue, être victimes de rêve ou d’illusion trompeuse. Il n’en fut rien. Ils se rendirent à Bethléem, ce village dont le nom signifie « la maison du pain ». Et là, ils découvrirent le nouveau-né. De manière extraordinaire, le Fils de Dieu s’est d’abord fait connaître aux plus humbles, en naissant dans la pauvreté lui qui a participé à la création du monde et qui vient le sauver. Sa vie parmi les hommes sera ordinaire jusqu’à sa mort sur la croix. Durant sa vie publique son enseignement fera autorité. Seuls les signes qu’il posera, des guérisons, des libérations d’esprits mauvais, le miracle de Cana ou celui de la multiplication des pains, lèveront à certains moments le voile sur la totalité de son identité : vrai homme et vrai Dieu. Celui qui est la lumière du monde ne l’a laissée transparaître de manière éclatante qu’au seul jour de la Transfiguration, devant ceux qui seraient les témoins de son agonie et de son extrême abaissement jusqu’à la mort sur la croix. L’horreur de la Passion du Sauveur n’effacera jamais la beauté de cette lumière incréée manifestée pour eux sur le Thabor.

Alors que le monde aujourd’hui traverse toutes sortes de nuits, bien sûr celle de la pandémie, mais surtout peut-être celle de la perte du sens de l’existence, celle de la violence envers tant d’innocents dans les guerres les persécutions, celle de l’exploitation par les puissants des plus pauvres. Le développement de l’athéisme, de l’individualisme et du consumérisme à outrance sont autant d’idoles qui dispersent nombre de nos contemporains sur les sombres chemins de la désolation, de la déprime, et cela parfois jusqu’au suicide. Ces nuits sont mortifères. Au contraire, la nuit que nous célébrons apporte la vie nouvelle à l’humanité entière. Ce petit enfant né dans la simplicité d’une crèche faute de place ailleurs, émigré sur notre terre, le Fils de Dieu inaugure une humanité qu’il vient diviniser. Il vient nous indiquer le chemin qui conduit à Dieu, son Père et notre Père.,

Frères et sœurs, l’heure est à la joie. Que celui qui ne savait plus pourquoi il était sur la terre, découvre sur le visage du Nouveau-né celui de l’unique Sauveur capable de le conduire dès maintenant vers le Père des miséricordes, vers son Créateur, vers le Dieu d’amour, le Dieu trois fois saint. Aux croyants que nous sommes, aux baptisés que nous sommes, le Sauveur a déjà partagé sa vie divine reçue au baptême. Puissions-nous rayonner de cet amour qui nous habite en louant le Seigneur avec les anges, les bergers et tous les pauvres du Seigneur qui sont sur la terre. L’enfant de Bethléem veut nous nourrir de son corps et de son sang pour nous donner la force d’aimer comme lui. En ce jour, posons des actes concrets d’amour, de bienveillance, de pardon, de partage. Le téléphone et internet peuvent grandement nous y aider en ce Noël particulier où les retrouvailles sont terriblement limitées.

« Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre aux hommes de bienveillance ». Soyons de ceux-là. Adorons l’enfant nouveau-né, notre sauveur et notre Dieu. En se donnant à nous, il éclairera notre chemin sur cette terre et jusqu’au Ciel, et il nous accordera la force d’aimer comme lui nous a aimés. Il nous apprendra selon son exemple à donner notre vie pour nos frères, car là est la source du vrai bonheur.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

En la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi – jeudi 24 décembre 2020

  • 1ère lecture : Is 9, 1-16
  • Psaume : 95, 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13 bc
  • 2ème lecture : Tt 2, 11-14
  • Évangile : Lc 2, 1-14