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Homélie de Mgr Legrez pour l’appel décisif des catéchumènes

Frères et sœurs,

Les lectures de ce premier dimanche de Carême peuvent éclairer chacun d’entre nous, que nous soyons catéchumène ou « baptisés de vieille date ». Tout d’abord, ce récit de la Genèse qui affirme que Dieu est créateur. Dieu créé l’univers et, comme au sommet de la Création, il donne vie à l’homme et à la femme. Vous l’avez entendu, il souffle dans leurs narines pour leur donner la vie : « Il insuffla dans les narines de l’homme le souffle de vie ». Dieu est créateur. Cela signifie que nous sommes des créatures ; Il existe une différence de degré : Dieu est au-dessus de nous, nous sommes issus de lui. Il ne faut jamais l’oublier. Une fois que l’homme est vivant, il est placé « dans un jardin ». Cela peut nous paraître tout à fait banal ; peut-être faudrait-il traduire un peu différemment, parce que ce texte s’adresse à des gens qui vivent au Proche-Orient. On pourrait utiliser le terme oasis à la place de jardin. Le jardin dans lequel est placé l’homme, est le lieu de la rencontre, de la communion. Dieu se promène dans le jardin et va rencontrer l’homme et la femme. Ce lieu est celui de l’intimité, où peut régner une véritable communion entre le Créateur et ses créatures.

Dans ce fameux jardin, dans ce lieu de l’intimité avec Dieu, l’homme vit librement et Dieu lui donne la capacité de choisir. Il lui donne la liberté de répondre à son amour de Créateur, par de l’amour. Telle est notre liberté ! Voilà ce que signifie cette recommandation de Dieu de ne pas prendre du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. L’homme peut choisir de faire confiance à Dieu… ou le contraire, et c’est ce qui va se passer. Sous la mystérieuse influence du démon, du serpent, l’homme ne résistera pas à la tentation, au désir d’être indépendant de son Créateur. Il pense que, par lui-même, il peut trouver son propre bien. Cela nous arrive souvent. N’oublions jamais que nous sommes des créatures et trompées par le tentateur, il nous arrive d’imaginer que nous sommes capables de donner un sens à notre vie, par nous-mêmes. Le résultat ne se fait pas attendre. Dans l’histoire des hommes, à toutes les époques, lorsque Dieu est chassé du quotidien par l’humanité, non seulement c’est la pagaille, mais l’homme perd à la fois le sens de Dieu et de sa propre dignité. Toutes les idéologies athées du siècle précédent l’ont prouvé. Quand Dieu est exclu de la vie humaine, la vie humaine disparait à son tour.

Croire qu’on peut par soi-même estimer ce qui est bien et ce qui est mal est pure illusion. Finalement, Adam et Ève en mangeant de ce fruit de l’arbre, ont douté de Dieu, c’est alors la chute, la rupture. Entre l’homme et le Seigneur la communion est brisée. À l’opposé, l’Évangile nous montre Jésus. Jésus est tenté de manière réelle par le démon, car il a voulu tout partager de notre humanité. À chaque fois que le démon essaie de le prendre à ses pièges, Jésus oppose la Parole de Dieu, il fait confiance à Dieu. Venant de passer quarante jours dans le désert à jeûner, il est tenté par la faim. Puis le démon essaye de lui faire croire qu’il peut lui donner le pouvoir alors que Jésus est le Fils du Dieu créateur. Enfin le père du mensonge essaie de le tenter en lui faisant miroiter qu’il peut posséder le monde, alors que Jésus est à l’origine de la création du monde. De manière constante le Christ, le Nouvel Adam, face à ces tentations authentiques, ces incitations au mal, oppose librement l’obéissance à Dieu. Jésus choisit en toute liberté le bien et il nous montre ainsi comment être vainqueur du mal dans le combat spirituel. Il s’agit pour chacun de nous de se fier à la parole divine et non aux séductions du monde que le démon fait miroiter à nos yeux.

Par cette obéissance totale du Christ, qui va le conduire jusqu’à la mort de la Croix où, dans une obéissance absolue au Père, il lui remettra sa vie, Jésus obtient de rendre juste les pécheurs. Qu’est-ce que cela signifie ? Comme saint Paul nous l’expliquait dans la seconde lecture tirée de la Lettre aux Romains, si nous choisissons de suivre le Christ librement, alors, par le don de l’Esprit, il fait de nous des enfants du Père, comme lui-même est le fils premier-né du Père. Désormais, avec l’aide de la grâce, nous pouvons commencer à l’imiter, nous pouvons commencer à faire librement confiance à Dieu plutôt qu’à nous-mêmes ou à toutes les séductions du monde.

Chers catéchumènes, il ne faut pas croire que, parce que vous serez baptisés vous n’aurez plus à lutter contre le mal, c’est un combat que nous avons à mener jusqu’à notre dernier souffle ! Le Carême est ce temps qui nous rappelle l’urgence du combat spirituel, que nous avons tous à mener pour choisir véritablement le Seigneur et renoncer au péché, de telle sorte que nous ouvrions notre cœur toujours plus largement pour accueillir sa grâce, pour accueillir la vie divine, la vie éternelle qui consiste à connaître le Père et son envoyé Jésus-Christ.

Chers amis catéchumènes, c’est une joie pour le diocèse d’accueillir 17 catéchumènes qui recevront le baptême la nuit de Pâques dans le diocèse. C’est une joie et une responsabilité pour l’ensemble du diocèse et particulièrement pour chaque communauté chrétienne qui a à vous porter dans la prière jusqu’au baptême et au-delà, afin que vous deveniez de véritables fidèles du Christ, c’est-à-dire des saints ! La grâce, nous sanctifie. C’est la vocation de tout baptisé, non seulement des catéchumènes, mais de chaque fidèle d’être un saint. Le Pape, récemment, dans son exhortation apostolique « La joie et l’allégresse », nous a donné un très bel enseignement sur la sainteté, nous rappelant que le but de la vie chrétienne pour tout baptisé est la sainteté ! Cela est possible car Dieu nous y appelle, il nous choisit, il nous a élus. Vous allez devenir aujourd’hui des élus. Par l’appel de l’évêque vous deviendrez bientôt membres de l’Église, membres du Corps du Christ. Jésus est la tête de ce corps. Il est saint car il est Dieu. Il nous communique sans cesse sa vie. À nous, jour après jour, de faire confiance à sa Parole. Pour faire confiance à sa Parole, il faut commencer par la connaître et donc la lire, la recevoir, quotidiennement. Il n’est possible de répondre à l’appel du Christ que dans la mesure où on écoute la Parole. « Sh’ma Israël, Écoute Israël ! » Dès que Dieu s’est adressé à son peuple, il l’a invité à l’écoute. Aujourd’hui nous pouvons tous lire la Parole de Dieu dans des éditions à portée de nos mains. Un baptisé qui ne reçoit pas la Parole chaque jour est en manque et il ne peut devenir un fidèle. Je vous invite à lire la Parole de Dieu quotidiennement de telle sorte que vous puissiez répondre à l’appel. Sans entendre l’appel, comment y répondre ! Cette Parole est une Parole de vie ! Quand nous choisissons de l’écouter et de placer notre confiance en elle, nous allons de victoire en victoire.

Osons être positif, certes nous ne sommes pas toujours gagnant dans ce combat spirituel, parfois on se retrouve par terre, mais avec l’aide de l’Esprit Saint, se relever est toujours possible. La vie chrétienne est une vie heureuse, une vie bienheureuse. Pourquoi bienheureuse ? Parce que la vie chrétienne apporte le bonheur. Peut-être ne souligne-t-on trop souvent que les aspects négatifs de la vie des chrétiens. Un baptisé sait d’où il vient : de Dieu ; il sait où il va : vers Lui ; il sait comment : avec Lui, toute la vie ! Vous allez recevoir le baptême, et je vous en supplie : soyez fidèles à la grâce de ce baptême. Nourrissez-vous de la Parole de Dieu, et du Corps et du Sang de Jésus-Christ, de dimanche en dimanche. Sinon, comme nous le voyons aujourd’hui, la foi disparaît dans les familles. Je crois que c’est mon devoir, alors que vous vous préparez au baptême, de vous inviter à devenir de vrais fidèles du Christ. Il n’y a rien de plus beau que la fidélité. Jésus, justement, nous montre sa fidélité à la Parole de son Père en étant capable de lutter et de vaincre toute tentation du démon. Nous-mêmes qui sommes de pauvres hommes, avec sa grâce, nous pouvons mener une vie qui rayonne cet amour du Père pour chacun d’entre nous. Le Père nous appelle à le rejoindre, en nous préparant au cours de toute une vie donnée à Dieu et à nos frères. C’est le bonheur que je vous souhaite, à vous les futurs baptisés, les élus de ce jour.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi