Collecter les archives : l’exemple de l’Abbé Ephrem Bardy
Quoi de plus approprié pour rendre compte de la démarche de collecte en archives que de l’illustrer par un exemple précis ? Dans le cas présent il s’agissait de recueillir les archives encore entreposées au presbytère de Paulinet, petit village enraciné à l’est du Tarn au pied des monts d’Alban et marqué par son industrie fromagère.
L’abbé Éphrem Joseph Philibert Bardy est nommé curé de la paroisse Saint-Projet-de-Paulin le 30 mai 1944. Il y reste 62 ans, jusqu’au 5 février 2006, jour de son décès. Il est le dernier curé résident de Paulinet et ce sont donc ses archives qui ont été collectées ; à savoir, selon le Code du patrimoine « l’ensemble des documents, quel que soit leur date, leur forme et leur support, produits ou reçus par toute personne physique ou morale dans l’exercice de son activité ».
Né le 15 mai 1912 dans l’Aveyron près de Saint-Sernin-sur-Rance, Éphrem s’installe avec sa famille dans le Tarn près d’Alban. Il est élève à l’Institution Saint-Étienne de Valence-d’Albigeois puis au Grand Séminaire d’Albi et conserve sa vie durant les cahiers de ses études diocésaines. Ce sont les premiers documents collectés sur place. Ils expriment tant le soin avec lequel Éphrem consigne ses cours que la nature et l’amplitude de l’enseignement qu’il reçoit. Patrologie, liturgie et Écriture Sainte bien évidemment mais aussi littérature, histoire et archéologie. Éphrem apprend alors le vocabulaire architectural et étudie l’iconographie chrétienne. Il dessine des ébrasements et des portails médiévaux. Il apprend les techniques de construction et trace au crayon l’opus caementicium de l’église romane Saint-Michel de Lescure-d’Albigeois. Il découvre aussi la signification symbolique des cerfs ailés et des licornes qui ornent parfois les églises d’Ancien Régime.
Éphrem est ordonné prêtre à l’âge de 22 ans le 23 septembre 1934 à Notre-Dame-de-la-Drèche par Monseigneur Émile Barthès, évêque auxiliaire de Monseigneur Cézerac. Tout naturellement ce sont des portraits de lui jeune prêtre qui sont recueillis dans son bureau. Il est nommé vicaire de Sorèze en 1935 et devient dès 1939 secrétaire de l’archevêché. Il a alors 27 ans. La guerre éclate et Éphrem est mobilisé comme sergent. Il est fait prisonnier en Allemagne. Il ne laisse pas de témoignage sur cette période de son existence si ce n’est l’image retrouvée dans son bureau d’une France noire et endeuillée à laquelle est associée une courte citation de Victor Hugo extraite de La Légende des siècles : « Deux mains jointes font plus d’ouvrage sur la terre que tout le matériel des machines de guerre ». Éphrem relie cette prose à sa foi.
En avril 1941, rapatrié sanitaire après deux années de captivité, Éphrem est nommé directeur diocésain des Cœurs Vaillants et des Âmes Vaillantes, mouvement de jeunesse de l’Action catholique qui se développe dans les milieux populaires depuis le milieu des années 1930. Lors de sorties il prend la pose avec les enfants et les responsables du mouvement
Le 30 mai 1944 Éphrem devient donc le curé de la paroisse de Paulinet, il s’installe au presbytère avec ceux chers à son cœur. Il se rend souvent à Alban pour seconder le curé, le chanoine Henri Roussel. Il lui garde une amitié profonde en témoigne le discours pour ses obsèques du 14 avril 1993 à Alban qui est retrouvé dans sa cuisine, polycopié en plusieurs exemplaires.
Son ministère s’élargit aux paroisses de Saint-Jean-de-Janes, Pommardelle et Notre-Dame-de-la-Garde. Intellectuel, Éphrem, qui avait poursuivi ses études au Séminaire français de Rome et soutenu une thèse de doctorat devant la Faculté de théologie de Toulouse « Le Saint-Esprit en nous et dans l’Église d’après le Nouveau Testament », s’attelle à la rédaction d’un catéchisme à la demande des ses confrères du doyenné d’Alban-Massals. Sa thèse est publiée en 1950, Éphrem est alors docteur en théologie. Dans son avant-propos il remercie notamment l’abbé Dulau, directeur du Grand Séminaire d’Albi et membre de la Congrégation de la Mission (Lazaristes) à laquelle la direction de l’établissement avait été confiée. Il explique par ailleurs confier l’intégralité du texte de sa thèse à l’Imprimerie des Apprentis d’Albi (Orphelinat Saint-Jean) afin que ses travaux puissent également servir l’œuvre des orphelins. Son catéchisme dactylographié, diffusé à quelques dizaines d’exemplaires, il le signe simplement : « Éphrem Bardy, curé à Paulinet ».
Si vous disposez des archives personnelles d’un prêtre nous vous invitons à prendre contact avec le service diocésain des archives historiques : albi.archivesdiocesaines@gmail.com