Je donne à l'Église
Agenda
Paroisses
Accueil Contacts

Lisle-sur-Tarn : Notre-Dame de la Jonquière

 Fêtée le 15 août, jour de Notre Dame de l’Assomption, cet édifice a été dénommé ainsi en 1282.

De la construction de cette époque, il ne subsisterait que la porte latérale romane qui aurait été l’entrée de l’église primitive. Lorsque la population de la ville eut augmentée et que ses richesses se furent accrues, on songea à bâtir une église de plus vastes proportions. L’église actuelle a été achevée au XVIe siècle, et régulièrement enrichie tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles. Elle a été classée monument historique le 12 juillet 1886.

C’est une des plus belles constructions en brique du pays ; elle est un vaste et beau vaisseau de 42 m de long, 14 m de large, et haut de 17 m à la voûte, comprenant un sanctuaire heptagonal et une nef divisée en quatre travées disposant toutes d’une chapelle entre chaque contrefort.

Le carrelage est en grès de Maubeuge de 1872, le chemin de Croix est de 1877, les fonts baptismaux de 1881 et l’horloge, située derrière l’orgue, de 1870.

Le clocher, haut de 50 m, est au fond de la nef. Carré à la base, il devient octogonal à partir de la toiture de l’église et se termine par une flêche. Les ouvertures de la partie octogonale sont semblables à celles de la tour de l’église des Jacobins de Toulouse, souvent reproduites et rapportées au XIVe siècle.

Les peintures de la voûte

Les peintures murales ont été exécutées entre 1692 et 1702. Dissimulées à la Révolution par un épais badigeon elles ont été redécouvertes en 1863 par Joseph Engalières et le curé de l’époque, le chanoine Faucon, qui décéda en 1883. Ces peintures représentent un concert d’anges en costume de la fin du XVIIIe siècle, chantant les louanges de la Vierge Marie.

- À la coupole : des anges musiciens font escorte à Marie, élevée au ciel lors de son Assomption.
- Sur l’arc du chœur : Assumpta Maria in Cælum… (Marie est élevée au ciel, …). Dédicace de l’église célébrée le 15 août.
- Au dessus des tableaux : versets de l’antienne du carême en l’honneur de la Vierge Marie.

Les tableaux du chœur

Restaurés en mai-juin 1992 par Daniel Roustit, les encadrements datent de 1869. Ils furent placés par Joseph Engalières qui les entoura de guirlandes de roses.

De gauche à droite on découvre :
- Le baptême de saint Augustin
- La translation de ses reliques
- L’Annonciation
- Le Christ en Croix (1616)
- La Visitation
- La mort de sainte Monique mère d’Augustin
- La conversion de saint Augustin

Les quatre tableaux de la vie de saint Augustin proviennent de l’ancien couvent des Augustins de Lisle-sur-Tarn.

Le maître autel

Du XVIIIe siècle, les marbres polychromes et lambris proviennent de la chapelle des Augustins.
- Les anges adorateurs (1612-1694) seraient dus au sculpteur Puget.
- La statue de la Vierge, placée en 1873, est une œuvre de L.-J. Nelli.

Lisle ND Jonquière 2

- Le tabernacle, avec sa porte en cuivre ciselé, est surmonté d’un crucifix avec le sindon (suaire) et la sphère du monde reposant sur l’Évangile muni des 7 sceaux de l’Apocalypse.
- La petite veilleuse rouge rappelle aux chrétiens que le corps de Jésus, vivant dans l’Eucharistie, est présent dans le tabernacle.

L’espace liturgique

Crée en 1993 par Josette Chahian d’Eaunes (31600), selon les normes liturgiques définies par Vatican II. L’autel, de dimension modeste, s’inscrit dans la continuité de ce qui existait déjà :
- Les matériaux (marbre, résines et cristaux) combinés à la lumière veulent signifier la résurrection du Christ sortant du tombeau.
- L’éclatement de la composition traduit le dynamisme de la victoire du Christ sur la mort.

Les chapelles

  • - La chapelle de saint Roch, protecteur des pestiférés :
    Toile d’Ambroise Fredeau (1650), religieux Augustin de Toulouse, peintre et miniaturiste. Restaurée en 1992.
  • La chapelle de Notre Dame du Rosaire :
    Stalles de 1868 exécutées par un menuisier de Lisle. -
  • La chapelle du Bon Pasteur
    Les paroles visibles sur le mur (traces de l’ancienne chapelle des baptêmes) proviennent de l’Évangile de saint Mathieu
  • La chapelle de saint Eutrope, confrérie des tisserands :
    Stalle curiale de 1884
    Au milieu de la toile : « Loué soit le Très Saint Sacrement de l’auteul »
    Retable de style et d’influence espagnole, en bois sculpté, peint et doré.
    Trois compartiments séparés par quatre colonnes torses à chapiteaux corinthiens.
    Le compartiment central est divisé en trois panneaux : niche entourée de deux panneaux avec chutes de fruits.
    Les compartiments latéraux sont décorés d’un panneau en forme de croix grecque et de deux panneaux avec chutes de fruits.
    Couronnement : corniche et fronton triangulaire et édicule à volutes et panneau peint représentant sainte Thérèse et saint Jean de la Croix
    Dans le soubassement : angelots – XVIIe siècle – Cl. MH 1960 [1]
  • La chapelle de Notre-Dame de la Pitié : (voir en fin de page)
    Piéta du XVIIIe siècle.
    Photo de saint Théodoric Balat, né à Saint-Martin du Taur (actuellement sur le secteur de Lisle), mort martyr en Chine en 1900 et canonisé par le Pape Jean-Paul II en l’an 2000.
  • La chapelle de la Vraie Croix
    Style jésuite, époque Louis XVI.
    Retable en bois sculpté, doré et marbre.
    Trois compartiments délimités par des pilastres en marbre.
    Au centre, toile Descente de la croix inspirée de J. Jouvenet.
    Compartiments latéraux décorés de panneaux en marbre, avec deux médaillons entourés de guirlandes.
    Retable mis en place en 1775. Louis Moulis a effectué la sculpture, Dérôme la peinture et la dorure – Cl MH 1958 [1]
    Dans la chapelle de la Vraie-Croix, deuxième chapelle Sud en entrant, quatre pilastres ioniques en marbre de Caunes (rose pâle à rouge veiné de blanc provenant de Caunes en Minervois) encadrent un grand tableau représentant « Jésus-Christ descendu de la croix et étendu par terre sur un linceul », installé en 1775 et réplique d’une oeuvre de Jean Jouvenet, peintre toulousain(1644-1717).
    Joseph d’Arimathie et Nicodème préparent le linceul pour ensevelir le corps du Christ,la Vierge et les Saintes Femmes, accablées de douleur, se tiennent au pied de la croix. Au-dessus de de la toile, des corbeilles de fleurs et, tout en haut,une gloire représentant les instruments de la Passion complètent le retable. Deux médaillons ovales représentant le Christ et la Vierge, peints en faux marbre.
    L’année 1772 avait été catastrophique à Lisle, marquée « par une grêle affreuse…des maladies épidémiques qui depuis 3 mois désolent toutes les familles et qui semblent se multiplier tous les jours ». Les consuls se réunissent le 3 mai 1772 et décident « de recourir à Dieu ». Ils s’engagent par un vœu « à faire à Dieu des prières publiques à perpétuité pour fléchir sa colère justement irritée ». Il semble que peu de temps auparavant, l’archiprêtre de Lisle, Jean-Philippe Amiel, ait donné à la chapelle du Crucifix une relique de la Vraie-Croix « dument authentique ». Le soir même de la réunion, après Vêpres, les consuls se sont réunis à la chapelle et ont fait le vœu solennel « de faire chanter tous les ans et à perpétuité une messe solennelle et Vêpres dans cette chapelle le 3 mai -fête de l’Invention de la Croix- et le 14 septembre -fête de son Exaltation. « L’assemblée, mettant toute sa confiance aux mérites de Jésus-Christ, espère que le Seigneur voudra bien ouvrir les entrailles de sa miséricorde, nous pardonner nos péchés et détourner les grêles et maladies épidémiques.. »
    En mars 1774,un consul réclame la reconstruction de la chapelle parce qu’elle était « de trop peu d’étendue ». Le retable est placé solennellement dans la chapelle pour les fêtes de Pâques 1775.
  • La chapelle de saint Joseph :
    La chapelle Saint-Joseph, la troisième au Sud en entrant, retient d’abord l’attention par une vaste niche à éclairage zénithal abritant un groupe en plâtre, grandeur nature, représentant la mort de St.Joseph, entouré de la Vierge et du Christ.
    Mais l’intérêt de la chapelle réside surtout dans son tabernacle et le rétable en bois doré, enrichi de 6 colonnettes en marbre de Caunes, qui le surmonte. Au-dessus du tabernacle, dans une coupole hémisphérique, « en cul de four», des chérubins entourent une gloire rayonnante occupée en son centre par un petit miroir. De chaque côté, 2 anges adorateurs se tiennent prés d’une console destinée à recevoir le Saint-Sacrement.
    De part et d’autre du tabernacle où figure l’Agneau Pascal en relief, 2 panneaux sculptés présentent l’un la Cène et l’autre, un épisode de l’Exode, la Pâque juive avec l’Ange exterminateur.
    A Lisle, une Confrérie de saint Joseph est créée au début du XVIIe siècle. Cette confrérie, après la messe dans la chapelle, avait coutume chaque année de planter un mât sur la place et d’allumer un feu de joie avec un grand cierge de cire jaune, appelé “filleule de St. Joseph”. Un roi était désigné pour fournir le mât et allumer le feu, à charge aussi pour lui d’offrir quelques “petites collations” à ses confrères…
  • - La chapelle de saint Michel
    Ornementation du XVIIIe siècle
    Sépulture de Jean-François Gelis (1743).
    Retable en bois sculpté et doré.
    Un compartiment délimité par deux colonnes torses dans les deux tiers supérieurs et pamprées au tiers inférieurs et deux volutes en appui feuillagées.
    Au centre, toile représentant saint Michel terrassant le dragon (copie de Raphaël.
    Couronnement : entablement
    Ornementation : guirlandes, angelots, rinceaux au soubassement. Inscription sur le soubassement : Pietate ac dono Joannis Franc. Gelis anno 1745. La toile porte le blason de la famille Gelis. I. MH 1992[1]

Le grand orgue

Il fut construit en 1880 par Thiébaud Maucourt, facteur d’orgues languedocien élève d’A. Cavaillé Coll, et restauré en novembre 2002 par Gérard Bancells, facteur d’orgues à Rabastens.
Buffet de façade néogothique assez classique.
Statues : le roi david (Bible) avec sa harpe, Sainte Cécile (martyre romaine, patronne des musiciens et du diocèse d’Albi) avec sa lyre.

Le porche

L’inscription latine au dessus de la porte d’entrée principale peut se traduire : « Ici est la maison de Dieu et la porte du Ciel ».

————————————————————————————————–

[1] À la découverte des retables tarnais – Sylvie Soulovatoff – Archives et patrimoines 1992

Lisle – Montmiral

————————————————————————————————-


Chapelle Notre-Dame de Pitié

La chapelle Notre-Dame de Pitié. La première chapelle Sud (à droite, en rentrant) est dédiée à Notre-Dame de Pitié. Elle présente une très belle Pietà, datée, selon les spécia­listes, du début ou du milieu du XVll1’siècle. Les pietàs représentent la Vierge Marie tenant sur ses genoux le corps du Christ après la descente de la croix et avant la mise au tombeau.

 Les plus anciennes piétas semblent avoir été sculptées en Allemagne et en Italie, à la fin du Moyen Age, entre 1350 et 1500, dans un contexte de guerres, d’épidémie, de peste et de famines. En France, la plus ancienne se trouverait près de Dijon, à la Chartreuse de Champmol, sculptée par un Allemand, vers 1380.

La plus célèbre, bien sûr, est la Pietà de Michel-Ange, à la basilique Saint-Pierre au Vatican, réalisée en 1499. Dans nos régions, ces statues se multiplient dès la fin du XV’ siècle, non seulement dans les villes [Albi (Saint-Salvy)-Lavaur], mais aussi dans les campagnes (Rouegue, vallées pyrénéennes).

Celle de Lisle est donc relativement tardive. Elle est grandeur nature, en bois peint et doré. Marie, vêtue d’un grand manteau aux multiples plis tient le corps de son fils sur le genou droit, soutenant le buste et tenant le bras gauche du Christ au niveau du poignet, tandis que le bras droit retombe, inerte. Le visage de la Vierge, les yeux mi-clos, traduit une grande douleur et, peut-être, un certain étonnement. La musculature du corps du Christ est particulièrement soignée, Quelle est l’origine de cette Pietà ? Elle semble provenir du couvent des Augustins où nous savons qu’il existait, dans la seconde moitié du XVII’ siècle, une chapelle dédiée à Notre-Dame de Pitié. Sa présence dans l’église paroissiale est attestée clairement en 1832 où elle est l’objet d’une dévotion particulière. Nous ne savons rien du sculpteur, mais les spécialistes la rapprochent de la statue conservée dans l’église Saint-Barthélemy de Cahors.

Si la consécration de cette chapelle à Notre-Dame de Pitié est relativement récente, qu’en était-il auparavant ? II semble que cette chapelle ait été, à l’origine, vouée à sainte Catherine d’Alexandrie vierge et martyre du début du IV siècle dont le culte apparaît en Orient au IX’ siècle et se répand en France après les croisades (fêtée le 25 novembre). Elle était, «selon une pieuse tradition, une jeune fille noble et instruite, capable de répondre de sa foi devant une assemblée de philosophes païens avant de subir son supplice. Depuis le mont Sinaï, où un monastère très ancien porte son nom, son culte s’est répandu dans toute I’Église. Le Moyen Age en a fait une des saintes les plus populaires, à laquelle sont rattachées de nombreuses coutumes.» (Notice du supplément au Missel Romain Livret pour les célébrations nou­velles,traduction odinrerim, 2011.)

Elle a été choisie pour patronne par de nombreuses corporations manuelles, mais aussi par les philosophes et les théologiens. Elle était en particulier, la patronne des bateliers et elle était invoquée pour préserver des naufrages.

Lisle est un port, le Tarn est proche. Les archives font état en 1606 de la restauration (sans doute après les destructions des guerres de religion) de la chapelle Sainte-Catherine et le 26 février 1618 un bail est passé chez le notaire David Vaissette « pour réparer la chapelle Sainte-Catherine.»

Le musée Raymond Lafage possède une statue de sainte Catherine provenant de l’église d’Avens et datant des XIV’-XVe siècles. Sa présence dans cette église des rives du Tarn témoigne de cette dévotion des bateliers qui se manifestait aussi à Lisle. La Pietà est aujourd’hui entourée de deux portraits de « saints de chez nous » :

— A droite, saint Théodoric Balat (1858-1900), né à Saint-Martin-du-Taur, franciscain, missionnaire en Chine, mar­tyrisé lors de la Révolte des Boxers, le 9 juillet 1900 et canonisé le 30 septembre 2000 par Jean-Paul Il avec les autres martyrs de la persécution.

— A gauche, Marie-Thérèse de Soubiran (1834-1889), née à Castelnaudary, dont la mère appartenait à la famille de Gélis de Lisle. Fondatrice de la congrégation des Soeurs de Marie Auxiliatrice pour l’éducation des enfants pauvres et les soins aux malades, elle en est injustement exclue et finit sa vie, oubliée, dans l’effacement et l’humilité. Elle a été réhabilitée, puis béatifiée en 1946 par Pie XlI.

Nous continuons à prier, avec tous ceux qui nous ont précédés, Notre-Dame de Pitié dans cette chapelle, habitée aussi par sainte Catherine et nos saints locaux.

Une curiosité : les peintures murales de cette chapelle sont très proches, quasi identiques, de celles de la chapelle Saint-Roch, étrange coïncidence ! C’est fortuitement, lors d’une récente visite de l’église que s’est tracée mentalement cette « diagonale ». (Une parenté semblable peut se retrouver entre les chapelles Saint-Eutrope et Saint-Michel, toutes deux comportent beaucoup de boiseries dans la composition du retable.)

MONIQUE DIEBOLT-SIRVEN  – Le Greffon – Lisle sur Tarn, Décembre 2017