Je donne à l'Église
Agenda
Paroisses
Accueil Contacts

« Le jugement dernier », un chef-d’œuvre de la cathédrale d’Albi

En octobre 2012, l’équipe de l’émission du Jour du Seigneur avait proposé une matinée spéciale interreligieuse “La mort et l’au-delà”, animée par Sophie Davant. Elle avait consacré un reportage à la fresque du Jugement dernier de la cathédrale d’Albi.

Ce chef d’oeuvre du XVe siècle peint le sort réservé aux élus d’un côté et aux damnés de l’autre, selon la vie qu’ils ont mené sur terre. Un catéchisme illustré d’hier, un chemin spirituel pour aujourd’hui, un appel à la conversion de l’Amour.

Le soleil couchant éclaire le dernier soir du monde : églises et cathédrales (Conques, Paris, Amiens, Auxerre…) présentent le jugement dernier sur le portail ouest ; impossible à Albi dont la seule entrée à l’époque est au sud et où une fresque orne déjà le mur ouest.

La fresque a été réalisée dans les premières années de l’épiscopat de Louis d’Amboise, entre 1474 (date de sa nomination à l’archevêché d’Albi) et 1480 (date de la consécration de la cathédrale). La surface disponible (18 m de large sur 15 m de haut), comporte une partie plane et deux demi-cylindres formés par les contreforts intérieurs de la tour clocher. De larges bandes verticales, jaunes et rouges, alternent sur tout l’espace compris entre le fond de la peinture et le sol de l’église, rappelant les armes de Louis d’Amboise “palé d’or et de gueules de six pièces”.

albi-jugement-d-2

La partie centrale qui comportait sans doute le Christ juge et l’archange Saint Michel est détruite en 1693. L’archevêque Charles Legoux de la Berchère (qui a construit l’hôpital d’Albi) et les chanoines firent éventrer le mur joignant les deux tours, pour ouvrir la nef sur la salle carrée qui se trouvait au rez-de-chaussée du clocher dont on a fait ainsi une chapelle pour donner une place d’honneur aux reliques de Saint Clair, évêque d’Albi. Cette destruction de la partie centrale est achevée avec l’installation des grandes orgues, œuvre de Christophe Moucherel de 1734 à 1736.

Il nous reste, côté sud la représentation du paradis, et celle de l’enfer côté nord.

albi-jugement-d-3a albi-jugement-d-3b

Au centre, deux grands anges, vêtus de l’aube et de la dalmatique, font retentir leur trompette annonçant la Résurrection et le Jugement. Les morts surgissent de leur tombeau.

 Quand retentira le signal au dernier jour, les morts ressusciteront, impérissables, et nous serons transformés. (1 Co 15, 52)

Inscrit sur une banderole, au-dessus de la tête des ressuscités, un verset de l’Apocalypse « J’ai vu aussi les morts, les grands et les petits, debout devant le trône. On ouvrit des livres, puis encore un autre livre, le livre de la vie. Les morts furent jugés selon ce qu’ils avaient fait, d’après ce qui était écrit dans les livres. (Apocalypse 20, 12) »

Les morts surgissent de leur tombeau. les ressuscités comparaissent devant le Juge suprême. Tous sont nus. Mais ils ont retrouvé, instantanément, leur apparence charnelle, ou, plutôt, un corps embelli et uniformisé.

Chacun porte sur sa poitrine un livre ouvert, symbole de la conscience révélant bonnes et mauvaises œuvres.

L’examen a été favorable à tous ceux qui sont à droite du trône : le visage en paix, ils forment un cortège aux rangs serrés et avancent paisiblement.

En face des élus l’artiste a mis les damnés, eux aussi portent un livre et c’est leur condamnation qu’ils portent.

Les réprouvés sont en nombre à peu près égal à celui des élus. En même temps qu’ils perçoivent l’accusation formulée par leur conscience, ils entendent les paroles de condamnation prononcées sur eux par le Christ, souverain Juge : « Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges. » Mt 25, 41

Ces paroles sont inscrites sur une banderole qui se déploie dans un espace vide au-dessus du groupe des condamnés. Ceux-ci s’effondrent, pêle-mêle, les uns sur les autres, hurlant et gesticulant. Ils retombent sur le sol d’où ils viennent de sortir. Ils reculent épouvantés.

Occupant tout le registre supérieur des anges chantent la gloire de Dieu.

Côté sud, à la droite du Christ (absent) les élus en rangées successives : en haut, assis, en robe blanche, auréolés d’or les apôtres, au-dessous les saints dont l’identité différente est indiquée avec une grande variété, placés suivant un ordre hiérarchique : en tête un pape, un cardinal, un évêque puis l’empereur, un roi une reine, un franciscain, un dominicain… enfin la foule des élus.

L’enfer placé dans des lieux souterrains éloignés de Dieu, envers négatif du ciel, apparaît comme le monde de la désespérance.
Désordre, promiscuité, fournaise, prolifération de monstres et démons hideux qui suscitent l’effroi.
Les démons sont terribles : ils ont des ailes membraneuses, des yeux ronds sans paupières, leurs cheveux sont des dards rigides.

albi-jugement-d-15b albi-jugement-d-15a

Au registre du bas l’enfer s’organise en sept compartiments, autant que de péchés capitaux, un texte en français détaille les tortures subies ; tout ce que l’on raconte des supplices de l’enfer doit être pris au sens symbolique ; manque le panneau des paresseux disparu lors du percement de la chapelle.

albi-jugement-d-16

Les orgueilleux attachés à des roues tournent sur de hautes montagnes. Les envieux sont plongés dans un fleuve glacé, puis plongés dans un lac de feu. Les coléreux sont découpés en morceaux dans une cave obscure qui ressemble à une boucherie

albi-jugement-d-17

Les avares sont plongés dans des cuves où l’eau est remplacée par du métal en fusion, un démon les tourmente avec une broche de métal
Les gloutons sont obligés de manger des bêtes immondes.
Les luxurieux sont dans un puits voués aux flammes.

Devant cette œuvre le dernier mot n’est pas à la mort ; le ciel est plus peuplé que l’enfer.
Dans ce jugement dernier l’homme lit l’espérance.

albi-jugement-d-18b albi-jugement-d-18a