Je donne à l'Église
Agenda
Paroisses
Accueil Contacts

Commentaire du chant « Seigneur, avec toi, nous irons au désert »

Nous voici à nouveau arrivés au temps du Carême, et invités de ce fait à aller au désert avec le Christ, comme nous l’entendons dans l’évangile du premier dimanche de Carême. Mais ces quarante jours de Jésus qui le préparent au combat de son ministère public ne sont pas sans rappeler les quarante ans de la marche des Hébreux après la Pâque, le Passage du Seigneur et la sortie d’Égypte avec la traversée de la mer Rouge. Le chant « Seigneur, avec toi nous irons au désert » (GP 229) reprend quatre grandes dimensions sur ce que symbolise le désert pour tout disciple du Christ : l’écoute de la Parole de Dieu, la guérison, la prière et le combat de la Croix.

Photo du désert de Judée
Photo du désert de Judée.

1 – Seigneur, avec toi nous irons au désert,
Poussés comme toi par l’Esprit. (bis)
Et nous mangerons la parole de Dieu,
et nous choisirons notre Dieu.
Et nous fêterons notre Pâque au désert :
Nous vivrons le désert avec toi !

2 – Seigneur, nous irons au désert pour guérir,
poussés comme toi par l’Esprit. (bis)
Et tu ôteras de nos cœurs le péché,
et tu guériras notre mal.
Et nous fêterons notre Pâque au désert :
Ô Vivant qui engendre la vie !

3 – Seigneur, nous irons au désert pour prier,
Poussés comme toi par l’Esprit. (bis)
Et nous goûterons le silence de Dieu,
Et nous renaîtrons dans la joie.
Et nous fêterons notre Pâque au désert :
Nous irons dans la force de Dieu !

4 – Seigneur, nous irons au désert vers la croix,
Poussés comme toi par l’Esprit. (bis)
Et nous te suivrons au désert pas à pas,
et nous porterons notre croix
Et nous fêterons notre Pâque au désert :
Nous vivrons la folie de la Croix !

Écouter de la Parole de Dieu

Au début du chemin, la destination est précisée. Il s’agit d’aller au désert. Mais avant de détailler les différents buts du parcours, c’est d’abord le compagnonnage qui est souligné. Il s’agit d’y aller « avec toi », ce qui peut s’entendre de deux manières : soit c’est nous qui accompagnons le Christ sur la route où il nous précède, soit c’est lui qui marche à nos côtes dans nos propres combats. Quoiqu’il en soit, le Carême est donc pour nous le temps de reprendre conscience de notre condition de disciples, avec Jésus pour maître et compagnon de route. Comme Jésus, c’est l’Esprit Saint qui nous donne de pouvoir aborder ce temps de combat avec confiance. C’est ce que précise l’évangile : « Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable » (Lc 4, 1-2a).

Néanmoins, la première action décrite est surprenante : il s’agit de « manger la Parole de Dieu ». En réalité, nous avons là la description d’une action purement prophétique. C’est l’expérience que fait Ézékiel par exemple : « Le Seigneur me dit : “Fils d’homme, ce qui est devant toi, mange-le, mange ce rouleau ! Puis, va ! Parle à la maison d’Israël.” » (Ez 3, 1). Cette expérience sera reprise par le visionnaire de l’Apocalypse selon saint Jean : « Je m’avançai vers l’ange pour lui demander de me donner le petit livre. Il me dit : “Prends, et dévore-le ; il remplira tes entrailles d’amertume, mais dans ta bouche il sera doux comme le miel.” » (Ap 10, 9). Cette Parole, accueillie dans la profondeur d’un cœur croyant, vient bousculer, déranger, provoquer à la nécessité de la conversion, à « [choisir] notre Dieu ». C’est là la mise en pratique de l’appel vibrant de Dieu dans le Deutéronome : « Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve ta vie, une longue vie sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob » (Dt 30, 19-20). Au fond, choisir Dieu, c’est résolument choisir la vie, le bonheur véritable. « [Choisir] notre Dieu », c’est donc la « bonne résolution » du début du Carême, renouvellement de notre passage de la mort à la vie… « avec [lui] » !

Guérir

La deuxième étape du chemin parle de guérison. Notre vie est marquée par le Mal qui nous entraîne à pécher. Nous reconnaissons que nous n’avons pas la force du Christ pour être victorieux, comme Lui, du Mauvais. Au bout de la route, en fêtant notre Pâque, c’est-à-dire le triomphe du Christ pour nous et en nous, nous ferons mémoire de la Vie offerte et renouvelée par le sacrifice de Jésus sur la Croix, lui, « l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde ».

Le combat de la Croix

Le désert, c’est encore le lieu du silence. Ainsi, la troisième étape du parcours nous conduit à la prière, et à y laisser résonner la voix de Dieu, tel « le murmure d’une brise légère » selon l’expérience d’Élie à l’Horeb (1 R 19, 12). Ici encore, nous regardons déjà vers le bout du chemin quadragésimal : non plus seulement vers le sacrifice rédempteur de la Croix, mais aussi sur la lumière Pascale de la Résurrection. Ces deux mouvements sont réunis dans le rite baptismal de la Vigile de Pâques, où l’eau dans laquelle sont plongés les catéchumènes et que nous recevons en renouvellement de notre propre baptême est le signe de la joie de notre nouvelle naissance, en quelque sorte réactualisée dans les rites de l’Église. Cette « [renaissance] dans la joie » nous ouvre encore à une nouvelle effusion en nous de l’Esprit Saint, dont l’un de ses dons est la force. Ainsi, grâce à notre participation aux liturgies pascales, au bout de l’entraînement du Carême, nous vivons « dans la force de Dieu ».

Pour finir, nous contemplons l’horizon de notre marche de Carême. C’est la Croix, mais la Croix glorieuse que nous regardons et adorons, non seulement signe de souffrance, mais encore signe de victoire, signe du triomphe de la Vie et de l’Amour sur toute forme de Mal. Jour après jour, pas après pas, nous nous laissons accompagner par le Christ et nous l’accompagnons vers le Calvaire, portant nous-mêmes notre Croix comme il l’a affirmé au sujet de ses véritables disciples : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive » (Lc 9, 23). Ainsi, notre marche au désert pendant le Carême devient le gage de la réorientation de notre vie vers la Croix, qui peut être pour certains un signe d’échec et de fin, mais pour nous le témoignage de la folie d’amour de Dieu pour nous et toutes ses créatures. Comme le dit saint Paul : « Le langage de la croix est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu » (1 Co 1, 18).

 

Un dernier mot sur la forme de ce chant. Il s’agit d’une hymne (au féminin, puisque c’est un texte religieux !). Les auteurs d’hymnes dessinent un parcours de la première à la dernière strophe, comme ce commentaire a essayé de le montrer. Il est important, quand nous nous trouvons devant une hymne qui n’est pas en soi très longue, de garder le texte dans son intégralité, ou, en tous cas, d’être bien conscients du chemin qu’il invite à emprunter, et donc, a minima, de chanter la première et la dernière strophe, s’il s’avérait vraiment nécessaire d’emprunter des raccourcis !

 

Commentaire du Père Gaël Raucoules

Écouter la version interprétée par l’ensemble vocal Alliance :

Écouter la version interprétée par l’ensemble Olé chœur :

Écouter la version interprétée par le chœur Antidote :

 

Écouter la version interprétée au cours d’une animation de messe par la Chorale À Cœur Joie de Saint Padre Pio de la Cathédrale Saints Pierre et Paul de Parakou/Bénin :