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Commentaire du chant «Aujourd’hui est jour de fête» (W47-38-1)

La fête de la Toussaint nous plonge au cœur même du grand mystère de la communion des saints, ce pont dressé par le Christ, grâce à son amour plus fort que la mort, entre ceux qui sont encore sur la terre – nous ! – et toute l’assemblée du ciel – les saints et les anges. La fête de la Toussaint oriente notre cœur vers notre avenir, ce à quoi nous sommes tous appelés. En écho au livre de l’Apocalypse, en particulier le chapitre 7 lu dans la première lecture de la messe, le chant « Aujourd’hui est jour de fête » reprend les grands éléments célébrés dans cette fête.

 

Aujourd’hui est jour de fête :
Grande joie au cœur de Dieu !
Avançons pleins d’allégresse
Acclamons le Roi des Cieux !

 

1 – Tous les saints de notre Église
Rendent gloire au Dieu vivant ;
Leurs louanges, leurs musiques
Portent jusqu’à lui nos chants.

2 – L’univers exulte et danse
En l’honneur du Dieu Très Haut,
Quand il voit la foule immense,
Prosternée devant l’Agneau.

3 – Tous les peuples sur la terre
Sont conduits par sa beauté.
La victoire du calvaire
Les attire vers sa Paix.

4 – Les eaux vives du baptême
Ont lavé tous les pécheurs.
Par le sang de Dieu lui-même
Ils retrouvent leur splendeur.

5 – Gloire, honneur, puissance au Père,
À Jésus ressuscité,
À l’Esprit qui régénère
Tout son corps d’humanité.

 

Curieuse anthropologie que de chanter le « cœur de Dieu » en joie ! Dès le refrain, nous sommes invités à tourner notre regard vers notre Dieu et la joie qui l’accompagne. Mais où se trouve-t-il ? « Aux Cieux » certes, dont il est le Roi, et qui est le but de notre pèlerinage terrestre, mais encore parmi nous, alors que nous nous rassemblons pour le célébrer et l’acclamer. Le refrain veut ainsi accompagner ceux qui « avancent », les ministres dans la procession d’entrée, et toute l’assemblée qui se constitue autour de l’autel pour l’eucharistie. « Jour de fête », « grande joie », « allégresse », « acclamons » : chaque phrase donne la tonalité qui doit être celle de toute l’Église, et de chaque assemblée en particulier !

L’hymne finale de l’Apocalypse présente : « Après cela, j’entendis comme la voix forte d’une foule immense dans le ciel, qui proclamait : “Alléluia ! Le salut, la gloire, la puissance à notre Dieu.” » (Ap 19, 1) Cette foule immense, c’est celle de « tous les saints de notre Église », présentés dans le premier couplet du chant. Le Catéchisme de l’Église catholique souligne : « Étant liés plus intimement avec le Christ, les habitants du ciel contribuent à affermir plus solidement toute l’Église en sainteté, ils ajoutent à la grandeur du culte que l’Église rend à Dieu sur la terre et l’aident de multiples façons à se construire plus largement. Car, admis dans la patrie et présents au Seigneur, par lui, avec lui et en lui, ils ne cessent d’intercéder pour nous auprès du Père, offrant les mérites qu’ils ont acquis sur terre par l’unique Médiateur de Dieu et des hommes, le Christ Jésus […]. Ainsi leur sollicitude fraternelle est du plus grand secours pour notre faiblesse » (Concile Vatican II, Constitution dogmatique Lumen Gentium sur l’Église, n. 49). En effet, notre cantique souligne le relais que constitue la louange des saints, se faisant ainsi notre voix auprès de Dieu.

 

Le deuxième couplet ouvre la contemplation à tout « l’univers ». La conclusion de la Préface de la IVe prière eucharistique rappelle que nous sommes ici-bas « unis à l’hymne d’allégresse [des Anges] avec la création tout entière qui t’acclame par nos voix ». Si nous sommes sur la terre le relai du reste de la Création, celle-ci, au Ciel, restaurée après les blessures qui lui ont été infligées par le péché de l’homme, peut exulter en celui en qui et de qui elle tient l’existence : « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature : en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, Puissances, Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui et pour lui » (Col 1, 15-16). La joie de l’univers tient de la « foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. […] [Ils] viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, et le servent, jour et nuit, dans son sanctuaire. Celui qui siège sur le Trône établira sa demeure chez eux. » (Ap 7, 9a.14-15)

 

C’est ce sang sauveur qui irrigue les deux couplets suivants. Au troisième, nous revenons sur terre. La notion d’apocalypse fait peur. Pourtant, il s’agit d’une « révélation », non pas de catastrophes, mais de notre avenir, celui de la béatitude, au ciel, avec l’ensemble des anges et des saints, dans la Jérusalem céleste. C’est cette contemplation qui peut nous conduire ici-bas, sur notre chemin parsemé d’épreuves et de peines, le regard tourné vers l’objet de notre Espérance. Aujourd’hui, nous sommes entre la mort et la résurrection du Christ – il y a deux mille ans – et son retour dans la gloire – nul ne sait quand… peut-être avant la fin de la lecture de ce texte ! –, initiant l’entrée de toute la Création dans la nouvelle Jérusalem. Ainsi s’accomplira définitivement ce qui a déjà commencé au Calvaire : « quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12, 32). Sur ce même Calvaire, du côté ouvert du Christ mort ont jailli du sang et de l’eau, l’eau du baptême et le sang de l’eucharistie chantés dans le quatrième couplet, voies royales qui nous assurent du pardon de nos péchés et d’être revêtus de la splendeur de notre dignité d’enfants de Dieu, que nous célébrerons définitivement au Ciel, dans la joie éternelle !

Abbé Gaël Raucoules
Membre de la Commission Diocésaine de Musique Liturgique

Référence : Aujourd’hui est jour de fête (D. Rimaud/J.-M. Dieuaide – Mélodie populaire) W47-38-1

 

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