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Orgue, organiste et liturgie

Il faudrait des jours de séminaire avec des personnalités compétentes et qualifiées pour espérer embrasser l’ensemble de la problématique posée. En effet, Orgue, Organiste, Liturgie… trois mots qui, chacun, décline beaucoup d’aspects et ensemble, développent une complexité de problématiques que les esprits les plus brillants n’ont eu de cesse d’y réfléchir, émettre des opinions parfois tranchées sans jamais résoudre toutes les questions que cet assemblage sémantique suppose et les réalités du terrain posent. En outre, la problématique de ce sujet reste très difficile à circonscrire.

L’orgue, c’est un instrument de musique dont les différents points de vue doivent être abordés : légaux, techniques, esthétiques, artistiques, d’usage…

L’organiste, c’est un musicien-instrumentiste dont on attend des rôles bien divers et complexes, l’accompagnement, le répertoire, l’adaptation au culte, l’adaptation au lieu, l’adaptation à l’instrument, l’improvisation … et les relations humaines !

La liturgie, au service de laquelle sont mis à disposition les deux précédents, est aussi d’un abord multiple et complexe.

Mais quelle est donc la place de la musique dans la liturgie, et quelle musique ? Et par qui ?

Avec quels moyens matériels et statutaires ?

Et plus profondément, quel est le rôle, le sens de la musique dans la liturgie ?

Tant de questions auxquelles il n’est pas possible d’apporter des réponses définitives sachant que tous les paramètres de chacun des éléments sont à prendre en compte pour trouver une voie de réflexion adaptée, une relation apaisante et parfois même une solution nécessaire aux conflits plus ou moins ouverts dans les paroisses.

Et ces paramètres sont différents dans chaque communauté, dans chaque lieu, chaque situation.

Et ces paramètres sont en perpétuelle évolution.

Et nous n’avons pas posé la question de la « qualité », argument tant utilisé à bon ou mauvais escient.

Je me contenterai donc d’évoquer quelques anecdotes (je suis sûr que chacun pourrait en citer d’autres !) et proposer des pistes de réflexion. Qu’elles soient drôles, tristes, douloureuses parfois, elles nous apportent toute matière à réflexion et agissent comme les révélateurs des questions fondamentales qui nous préoccupent.

Musique sans parole

Alors que je m’étonnais, lors d’une discussion avec un célébrant, qu’en présence d’un organiste et d’un bel instrument, il était choisi des disques de “chansons”, lors de l’entrée, l’offertoire, la communion et la sortie, sa réponse fut une véritable révélation !

« Mais c’est quoi la musique pour vous quand il n’y a pas de parole ? »

=> Du chant, de la musique …

=> De la culture musicale …

Le disque …

Pour illustrer ce propos, nous avons alors parlé du fait que le célébrant, lorsqu’il accueille de nouveaux baptisés à la fin de la messe, mette parfois le disque « O Père, je suis ton enfant ». Je lui ai fait la remarque que l’assemblée pouvait chanter, ou bien l’orgue jouer la mélodie pour en évoquer le sens des paroles.

Alors pourquoi donc mettre le disque d’un chant que personne ne chante au prétexte que les paroles sont importantes si on coupe cette diffusion au milieu d’un couplet (dont on ne perçoit de toute façon pas le texte tant la qualité de la diffusion dans une église réverbérante est impossible) ?

=> Prière par le chant ou occupation de l’espace sonore ?

Le silence

Lors de cette discussion, j’évoquais aussi la fonction de la musique dans la liturgie comme une entrée dans l’intériorité spirituelle de chacun par la qualité de la musique et le silence (qui est aussi de la musique !)

La réponse fut aussi éloquente : « Je vois bien l’ennui qu’engendre la messe pour beaucoup de gens. Certains disent que c’était trop long, ennuyeux. Il faut que la messe soit joyeuse et populaire. »

=> De la fonction de la musique (quoi, quand, pourquoi)

=> De l’éducation spirituelle, la formation à la prière, au recueillement, à la vie intérieure, même communautaire.

=> Confusion entre « animation » et agitation.

 

férences culturelles

Il y a aussi une question complexe qui taraude les organistes, les musiciens du culte, mais qui devrait aussi interroger tous les acteurs de la liturgie. Quels sont les « référentiels culturels » induits par la musique, et aux travers desquels l’assemblée est conduite dans le chemin de la spiritualité ?

Le chant que tout le monde connaît …

Pour exemple, voici encore quelques anecdotes révélatrices.

En voici une que chacun a connu, du moins je l’aurai personnellement vécu plusieurs fois dans différents coins de France. C’est l’animateur, ou l’animatrice qui arrive, en général au dernier moment, essoufflé(e), émettant cette consigne : « On chantera ceci à tel moment, … » Mais, ce n’était pas prévu ? « Tout le monde connaît ! ». Évidemment, pas de partition, et personne ne chante en dehors de la personne sus-citée qui fait alors parfois son « show ».

=> Qu’est-ce qu’un chant d’assemblée ?

=> De la nostalgie d’un souvenir heureux …

L’orgue, c’est … ennuyeux

« La musique d’orgue, c’est pénible … Il faut d’la vie, du rythme ! L’église, c’est pour les photos ! » Tels sont les propos tenus par une responsable de la pastorale des mariages juste avant la messe de l’alliance.

=> Symbolique de la musique d’orgue, image qu’elle évoque, comment la renouveler ?

=> Comment articuler rituel social et spiritualité ?

« Veni Creator » …

Une petite dernière …

Il y a quelques années, pour la fête de la Pentecôte, l’évêque de Quimper et Léon a réuni tous les séminaristes pour une grande messe à la cathédrale de Quimper. Et les circonstances faisant, toutes les interventions de l’orgue sont basées sur le « Veni Creator », de Grigny, Titelouze, Bach et Duruflé sont donc joués à cette occasion. Bref, l’hymne a été bien entendue et repérée par l’assemblée, qui « modernité » oblige ne l’a pas chantée.

À la fin de la cérémonie, les séminaristes sont allés remercier l’organiste et lui ont demandé : « C’était quoi cet air que vous avez joué tout au long de la messe ? »

=> Références culturelles ?

=> Mémoire de l’Église Universelle et Intemporelle ?

Je ne résiste pas à citer André Pirro dans L’art des organistes (Lavignac) :

« À la règle commune, établie pour tous les musiciens, s’ajoutent pour les organistes les prescriptions de leur église et les usages du culte national, et ils doivent prendre garde avec scrupule aux exigences de leur instrument. Il leur est difficile d’obéir harmonieusement à ces puissances diverses. La richesse même de l’orgue leur inspire la tentation d’oublier ce qui convient à l’orgue, et les applaudissements de la foule consacrent leurs infractions. »

Bonne réflexion pendant les vacances !

Didier Adeux,
Organiste à Gaillac et à Lavaur,
membre de la commission diocésaine de musique liturgique.