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Retable de saint Benoît de Nurcie (abbaye d’En Calcat)

Au centre du retable, réalisé par sœur Mercédès, moniale de l’abbaye Sainte-Scholastique de Dourgne, la statue de saint Benoît (+547). Revêtu de la coule monastique, il présente l’Évangile ouvert où nous lisons les paroles de Pierre à Jésus : « À qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68). La règle de saint Benoît découle de l’Évangile. Au prologue, il pose cette question : « Qui est celui qui désire la vie ? » et encore « sous la conduite de l’Évangile, avançons. »

Benoît porte la croix pectorale, l’anneau et enfin, la crosse, symbole d’autorité dont la volute représente le Christ lavant les pieds de son apôtre Pierre pour signifier que l’autorité est un service. Dans son auréole on aperçoit les 12 étoiles du drapeau européen (saint Benoît fut proclamé « patron de l’Europe » par Paul VI en 1964).

La vie de saint Benoît en six bas-reliefs

La vie de Benoît, le grand législateur des moines d’Occident, nous est connue par les Dialogues de saint Grégoire le Grand (540-604)

Viens suis-moi (Mt 19, 21). « Laissant les écoles, la maison et les biens paternels, et désireux de plaire à Dieu seul » le jeune Benoît quitte Rome, suivi de « sa nourrice qui l’aimait tendrement ». Bientôt, il la quitte aussi pour vivre caché et mener le combat spirituel.L’Évangile qu’il tient à la main sera son guide et la nourriture de son âme.

Si le grain meurt, il porte du fruit (Jn 12,24). Bientôt, des disciples se groupèrent autour de Benoît. Il éleva un monastère à Subiaco. Un jour de sa cellule, il vit un jeune novice, Placide, tomber dans l’eau en voulant remplir sa cruche. Il envoya aussitôt Maur à son secours. Celui-ci, sur l’ordre de son Père Abbé, se précipita jusqu’à l’endroit où l’enfant avait été entraîné, le saisit par les cheveux et le ramena sur la berge. Il s’aperçut qu’il avait couru sur les eaux.

Veillez et priez (Mat 26,41). Il faisait nuit, les frères dormaient. Benoît après s’être entretenu avec un diacre, se retira dans sa cellule en haut de la tour. Debout à sa fenêtre, il priait. Tout à coup il vit dans un rayon de lumière venue du ciel, le monde tout entier. Puis, plus bas, l’âme de Germain, évêque de Capoue, emportée par les anges. Benoît appela le diacre pour qu’il en soit témoin. Celui-ci aperçut la clarté qui s’effaça bientôt. Germain était bien mort cette nuit-là. À celui qui contemple le créateur, il n’est pas difficile de voir le monde ramassé devant ses yeux, explique Grégoire.Parmi les frères, quelques uns se sont endormis en récitant le chapelet. Dans le dortoir une lampe reste allumée comme le demande la Règle.

Marie reine des moines. Le panneau inférieur est dédié à Notre Dame. Sur un fond d’or où scintille les 12 étoiles de l’Apocalypse, moines et moniales se blottissent près d’elle en priant : trappistes, cisterciens, bénédictins, olivétains… Tous vivant sous la Règle de saint Benoît. À gauche, le bienheureux Jean XXIII qui, en 1946, alors qu’il était nonce à Paris, vint à En Calcat faire une retraite. Une nuit il chercha en vain une statue de la Vierge dans cette église même et demanda le lendemain au Père Abbé de lui prêter, pour sa prochaine prière nocturne, une lanterne.

Ton Père te voit dans le secret (Mt 6, 4). Benoît se retira dans une grotte et y vécu trois ans, ignoré des hommes. À une certaine distance de là demeurait un prêtre qui se préparait un repas pour la fête de Pâques. Le Seigneur Christ le pria de rechercher « l’homme de Dieu Benoît » et de partager avec lui son repas. Il le découvrit au fond de sa grotte. Après avoir prié avec lui, il dit :« Prenons quelque nourriture, car c’est aujourd’hui Pâques. » Benoît répondit : « Oui , c’est Pâques puisque je te vois, mon frère ? »À gauche, en haut, au clocher, les cloches sonnent l’Alleluia. Au creux du rocher, un petit calvaire et l’évangile posé en dessous avec la référence à saint Jean « Voici ta mère ». Si Benoît ne parle jamais de la sainte Vierge dans sa Règle, on peut croire sans risque d’erreur qu’il médita cette parole de Jésus à l’instar de saint Jean et « qu’il prit Marie chez lui », dans sa vie intérieure.

Celui qui fait la volonté de mon Père, celui-ci est mon frère, ma sœur, ma mère (Mt 12,50). Benoît quitta Subiaco pour se soustraire aux pièges d’un voisin jaloux. Il émigra au Mont Cassin. Une fois l’an, il descendait voir sa sœur Scholastique. Ils louaient Dieu ensemble et méditaient l’Évangile. Un jour, comme la nuit tombait, la moniale pria son frère de prolonger l’entretien jusqu’au matin. Il n’y consentit pas. Le ciel était sans nuage. Scholastique cacha son visage dans ses mains et pria avec larmes. Aussitôt, un violent orage éclata. Impossible de mettre le pied dehors. Elle se leva et dit à son frère : « Sors, si tu le peux, retourne au monastère ! » Benoît resta ; c’est le Seigneur qui avait décidé. Heureux, ils reprirent leur entretien. Par sa prière, dit saint Grégoire, Scholastique eut plus de pouvoir que son frère, « car elle aima davantage. »Dans cette scène, Scholastique figure deux fois : d’abord en pleurs puis, debout, s’adressant à Benoît. Au loin, le monastère sous l’orage.

Père, en tes mains je remets mon esprit (Lc 23, 46) Reçois-moi Seigneur, selon ta Parole et je vivrai. Affaibli et fiévreux, Benoît se fit porter dans l’oratoire par ses disciples. Il reçut le corps et le sang du Seigneur. Après quoi, debout, les mains levées vers le ciel, en priant, il mourut… comme Jésus en croix.Au bout de sa vie sainte, Benoît est représenté sans auréole : ses frères sont sa sainteté. De ces disciples, il fit des frères et des fils du Père. Un filet d’or court autour de la tête de chacun… Sur une croix, le Christ glorieux, le Vivant.

Les statuettes autour de saint Benoît

Saint Jean-Baptiste vécut au désert et prépara des disciples au Seigneur. Lorsque Benoît arriva au Mont Cassin, il érigea deux oratoires à la place d’un lieu de culte païen. L’un fut dédié à Jean-Baptiste.

Saint Grégoire le Grand (540-604) Biographe de saint Benoît. D’abord préfet de Rome, il devint moine bénédictin avant d’être envoyé comme nonce à Constantinople. À son retour, il reprit la vie monastique et fut nommé Abbé. En 590, il devint pape, tout en restant moine de toute son âme. L’iconographie le représente souvent avec une colombe posée sur son épaule. Dans son livre des Dialogues, son interlocuteur est Pierre qu’il nomme le « diacre très cher » : on l’aperçoit ici, assis à ses pieds et l’écoutant avec enthousiasme.

Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153). Moine à Cîteaux, puis abbé de Clairvaux, son rôle fut considérable. On le nomma « l’arbitre de l’Europe du XIIesiècle ». Il prêcha la 2e croisade qui fut un échec. Il est représenté ici proclamant l’un des ses plus beaux sermons sur Notre Dame, Étoile de la mer. Les cisterciens sont une branche réformée de l’ordre des bénédictins.

Saint François d’Assise (1181-1226). Le plus beau portrait de François est une fresque à Subiaco. La Portioncule, à Assise, où il fonda son ordre, appartient aux bénédictins qui ne purent lui donner ce terrain car il ne voulait rien posséder. En 1220, François se rendit en Palestine où il prêcha aux musulmans. On raconte que lorsque François visita Subiaco, il planta un rosier à l’entrée de la grotte de Benoît. C’est ce rosier que l’on peut voir sur le bas-relief 3.

Saint-Martin de Tours (316-397) Le second oratoire du Mont Cassin fut dédié par Benoît à saint Martin, moine et apôtre des Gaules. Son biographe Sulpice Sévère, raconte qu’un jour où il élevait le calice, après la consécration, on vit un globe de feu au-dessus de celui-ci. Ici, Martin porte sous sa chasuble rouge, une tunique grossière car, ce même jour, avait donné son aube à un pauvre.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179). Abbesse bénédictine des bords du Rhin, grande mystique, poète, elle est de plus en plus appréciée par nos contemporains pour ses ouvrages sur la médecine, les plantes, les pierres précieuses, la musique. Les abbesses ont, comme les abbés de monastères, la croix pectorale, l’anneau et la crosse.

Saint Pierre le Vénérable (1092-1156). Abbé de Cluny, contemporain de saint Bernard. À Cluny, la liturgie était fastueuse. Ce qui n’empêchait pas le monastère de nourrir chaque jour des centaines de pauvres. Saint Pierre écrivit de très belles lettres à saint Bernard qui reprochait aux moines clunisiens leurs richesses. Devant la menace de l’islam, saint Pierre entreprit la traduction du Coran. Il est représenté ici dans son rôle d’abbé au cours de la divine liturgie, portant l’Évangile avant d’en faire la lecture. Rien n’est trop beau pour Dieu.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897). Carmélite qui aurait voulu évangéliser la terre entière. Elle fut élevée chez les bénédictines de Lisieux. En famille, on lisait régulièrement « l’année liturgique » de Dom P. Guéranger, fondateur et abbé de Solesmes. Thérèse porte un livre, l’Évangile, où est résumée sa « petite voix » : Abba Père.

Au sommet du retable : la Trinité.

Elle est la clef de voûte de notre foi catholique et le cœur de la vie monastique. Son intitulé : « Kénose au sein de la Trinité Sainte ». Cette représentation s’appuie sur la réflexion de théologiens contemporains (Balthasar, Varillon, Bezançon) et plonge ses racines dans la Révélations et les Pères. De même que Marie reçut sur ses genoux son Fils mort, descendu de la Croix, de même pouvons-nous penser que le Père le reçut aussi… Impossible alors de le croire impassible. Ici, les trois personnes de la Trinité sont égales, ressemblantes mais dans le Fils, vrai Dieu et vrai homme, « Dieu parle à tout homme et tout homme est rendu capable de répondre à Dieu »(Jean-Paul II).