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La famille à la lumière de la Parole

Dans les paroisses de Castres et de Saint-Sulpice / Rabastens / Salvagnac, différents parcours invitent à consacrer une attention toujours plus grande à la famille, en particulier à la lumière de l’exhortation Amoris Laetitia. À la racine de ce texte, le lecteur retrouve de très nombreuses références à l’Écriture. Le pape François attire en effet l’attention sur la lumière de la Parole de Dieu, capable d’éclairer les familles, de rendre attentif aux réalités culturelles et aux nouveaux défis de société, de discerner l’oeuvre de l’Esprit Saint au cœur de la vie des familles.

Sainte-Famille Nicolai Greschny
Sainte-Famille par Nicolaï Greschny. Alban.

Trouver des modèles pour les familles chrétiennes

Les sujets du mariage et de la famille sont devenus dans les sociétés occidentales de véritables champs de bataille : les fondements de la famille subissent des attaquent constantes, les couples sont fragilisés, la société civile se déchire sur ces sujets passionnels. À la recherche de modèles pour les familles chrétiennes, il semble naturel d’ouvrir la Bible pour y trouver un idéal. La Parole de Dieu «abonde en familles, en générations, en histoires d’amour et en crises familiales ». À première vue pourtant, la lecture de l’Histoire sainte installe un malaise : Abraham est marié à sa demi-sœur qu’il vend successivement à deux rois pour sa propre sécurité, Jacob usurpe l’aînesse d’Esaü, David collectionne les femmes, un de ses fils, Amnon, viola sa demi-sœur Tamar avant d’être assassiné par son propre frère Absalom, etc. Il est très étonnant que certaines des figures les plus justes de l’Ancienne Alliance aient eu une vie de famille si déplorable !

Mais il convient avant tout de se référer aux deux récits de la Création, différents l’un de l’autre mais extrêmement complémentaires. Ils manifestent, chacun à leur manière que la famille est la pièce maîtresse du projet de Dieu sur l’homme. Le premier récit de la Création (Gn 1) montre la création simultanée de l’homme et de la femme « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : ‘Soyez féconds et multipliez-vous’ ». Il traduit  que, par sa fécondité, le couple est fait à l’image de Dieu. Le deuxième récit de la Création (Gn 2, 4 sq) présente quant à lui la création de la femme à partir d’une côte de l’homme, comme remède à la solitude de ce dernier. L’accent est alors mis sur le facteur de l’union, vécue dans la fidélité. De fait, il ne convient pas d’opposer les deux récits de la Création ! Ils expriment de façon singulière l’unité, la fidélité, la liberté et la fécondité du mariage ; ils affirment l’égalité de nature et de dignité de l’homme et de la femme ; ils manifestent que l’homme et la femme sont appelés à parachever la Création divine. Mais survient la faute originelle. La famille, joyau de la volonté divine, souffre en premier lieu de la crise du péché et de ses conséquences : rupture de l’harmonie conjugale, convoitise, domination de l’homme sur la femme… Cela fait partie du péché de l’homme, non du projet de Dieu !

La famille dans l’Ancien Testament

Rédigés au long de plusieurs siècles, dans des contextes très divers, les textes bibliques ne proposent pas de vision uniforme de la famille. Par delà les situations scandaleuses, la famille y apparaît cependant comme la cellule de base de la société, y compris comme cellule religieuse, présidée par le père. Le rendez-vous de la Pâque est célébré chaque année depuis des millénaires dans le contexte de la famille comme la première fois et le prophète Jérémie le dira : «En ce temps-là, oracle du Seigneur, je serai le Dieu de toutes les familles d’Israël, et elles seront mon peuple.» (Jr 31, 1). La famille est en effet un sanctuaire et les prophètes voient dans le mariage l’image de l’alliance de Dieu avec l’humanité. Ce faisant, les prophètes remettent à la première place l’amour mutuel et la fidélité qui caractérisent l’attitude de Dieu envers le peuple d’Israël.

Jésus et la famille

Le puissant chapitre 19 de l’Évangile de saint Matthieu suffirait à saisir l’enseignement de Jésus sur le mariage et la famille. Alors qu’il est interrogé sur la possibilité pour un mari de répudier son épouse, Jésus renvoie ses détracteurs au projet initial de Dieu pour la famille, citant la Genèse : « Tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » Jésus-Christ insiste donc sur la communion entre les personnes et sur la dimension sacrée (et non seulement humaine) du mariage. Le mariage, ainsi inscrit dans la volonté divine, est le plus ancien des sacrements.

Les paroles de Jésus sur les relations familiales peuvent surprendre, à la fois par la nouveauté radicale de son enseignement sur la virginité pour le Royaume, et parce qu’il insiste à plusieurs reprises sur la vigilance pour que la famille humaine ne devienne pas un obstacle à la réception de la Parole de Dieu : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi » (Mt, 10) ; «celui qui aura quitté, à cause de mon nom, des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre, recevra le centuple, et il aura en héritage la vie éternelle. » (Mt, 19) Dans le même temps, Jésus réaffirme le devoir d’honorer son père et sa mère, accomplit des miracles pour soulager la douleur de parents éprouvés, accueille les enfants avec tendresse… Il est alors manifeste que Jésus-Christ est venu redonner au mariage sa beauté originelle.

Dans les premières communautés chrétiennes

Saint Paul est sans doute le plus grand témoin de la vision de la famille dans les premières communautés chrétiennes, en particulier dans  la première épître aux Corinthiens qui comporte, entre autres, l’Hymne à la charité. L’importance qu’il accorde au mariage et à la famille dans ses lettres manifeste que les questions de pastorale familiale étaient importantes aux temps apostoliques… Certaines expressions de l’Apôtre peuvent surprendre le lecteur contemporain, en particulier la question de la soumission de la femme à son mari. La soumission n’est pas à comprendre ici comme une servilité, mais bien comme une réponse libre de l’amour à l’amour, demandée à tous les fidèles : il s’agit de l’attitude chrétienne face aux exigences de la loi de Dieu, de la réponse de Marie au Seigneur « Qu’il me soit fait selon ta parole », de celle enfin de Jésus soumis à la volonté du Père jusqu’à la mort.

L’idéal du mariage, voulu par Dieu de toute éternité et révélé par Jésus, ne se réalise pas sans résistances. Cependant, dans un monde aux mœurs dissolues, les chrétiens proposent un modèle familial qui se révélera comme un facteur d’évangélisation. La Lettre à Diognète sur les chrétiens dans le monde en témoigne : « Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes (…) Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils partagent la même table mais pas la même couche. »

Vivre une histoire sainte

Les familles bibliques ne sont certes pas des familles parfaites. Mais au cœur de leurs difficultés, Dieu est toujours présent : il protège Caïn après le meurtre de son frère Abel, il nourrit Agar chassée par Abraham, il ramène David dans le droit chemin, il empêche Joseph de répudier Marie, il sauve la femme adultère de la lapidation… Par sa présence, Il permet à chacun d’avancer afin de vivre une histoire sainte, une histoire sanctifiée qui ne s’arrête pas aux drames.

Texte appuyé sur la conférence donnée par le Père Emmanuel Congo dans le cadre des Jeudis de la Famille