Charles de Foucauld et le défi de la fraternité interreligieuse
Charles de Foucauld sera canonisé le 15 mai prochain.
A cette occasion, le groupe albigeois de partage avec l’Islam a invité le 12 février le Père Alain Feuvrier qui a vécu une quinzaine d’années en Algérie.
Se déclarant non spécialiste de la pensée du futur saint, ce prêtre jésuite a souligné avoir eu le bonheur de côtoyer des Petits frères et Petites Sœurs de Jésus.
Il fut quelques années bibliothécaire à Oran puis à Tlemcen.
Comme il avait pu suivre des cours de langue arabe et d’islamologie au cours de deux années à Rome, et qu’il comprenait assez bien l’arabe dialectal, il pouvait donner un coup de main à des étudiants musulmans.
Dans son exposé, le P. Feuvrier a proposé des repères historiques pour mieux comprendre la vie de Frère Charles, les ponctuant avec quelques-unes de ses paroles.
Par exemple : au moment de sa recherche intense aux alentours de la trentaine, « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ! ».
A Béni Abbès, Charles exprimera son désir essentiel :
« Je veux habituer tous les habitants à me regarder comme leur frère universel. »
Le P. Feuvrier a ensuite évoqué quatre témoins qui ont marqué sa vie :
l’Abbé Huvelin qui a accompagné son parcours.
Charles, sous sa direction spirituelle, a perçu l’immensité de l’amour et de l’abaissement de Jésus :
« Que vous aviez tellement pris la dernière place, que personne n’a pu vous la ravir. »
Marie de Bondy, sa cousine qui était plus âgée et qui, en accord avec l’Abbé Huvelin, fut sa 2ème directrice spirituelle.
Henri de Castries, son frère d’armes, linguiste et ethnologue, avec lequel il eut une intense correspondance.
Louis Massignon qui était revenu à la foi chrétienne par l’Islam : plus jeune que Charles, il entretint avec lui une amitié spirituelle forte malgré leurs 25 ans d’écart, fidèle à son « frère aîné ».
Le P. Feuvrier mit ensuite en valeur le défi de la fraternité interreligieuse telle que l’a vécue Charles de Foucauld.
Il évoqua sa rencontre avec la vie arabe nomade, son dialogue avec les musulmans, soulignant combien Charles donnait priorité aux hommes et non aux institutions.
Le P. Feuvrier relie le témoignage de Charles de Foucauld à ce que proclamera Nostra aetate : le dialogue est plus que jamais nécessaire car Dieu veut entrer en dialogue avec tous les hommes.
« Soyons attentifs, poursuivait le P. Feuvrier, ne nous trompons pas de combat.
Nous sommes au service du dialogue.
Comme croyant, j’ai à écouter, l’écoute profonde me fait « bouger » ; et je suis aussi invité à dire ce qui m’anime.
Est-ce que je refuse l’évangélisation ?
Non, si je rends visible le visage du Christ ! »
Et de citer le P. Pedro Arrupe lorsqu’il était missionnaire au Japon, pour lequel une vie en harmonie avec ce que nous croyons est témoignage.
Merci au P. Alain Feuvrier pour nous avoir ainsi invités à entreprendre ou à poursuivre la rencontre avec le « petit frère universel » !
Merci au groupe organisateur de la soirée qui offrait aussi un petit calendrier 2021-2022 des fêtes religieuses catholiques et musulmanes, accompagné de la prière des enfants d’Abraham (d’après la rencontre interreligieuse du 6 mars 2021 à Ur en Irak ).
Dans ce calendrier interreligieux, on découvre ainsi qu’en mars, tandis que les catholiques vivront le 2 le Mercredi des cendres (début des 40 jours de carême), les musulmans célèbreront le 1er mars Lailat al Miraj (montée du prophète Mahomet au Ciel) et le 17 Mi-Chaabane (nuit de purification des musulmans).
Occasions réciproques de connaître un peu de la religion de proches, de voisins ou collègues, possibilités de prier pour ce qu’ils et elles vivent.