Église du XVIe siècle très remaniée.
À travers une forêt de symboles.
Une église est comme un temple où « l’homme passe à travers des forêts de symboles ». J’ai pensé à ces mots de Baudelaire en découvrant l’église rénovée de Valence d’Albi.
Depuis le mois de mars elle est rendue au culte. Le chantier a été long. Il y avait à refaire la voûte qui par endroits menaçait ruine sans oublier les murs où les plâtres salis s’effritaient.
Nous voilà maintenant devant une vaste nef claire, éclairée par 18 vitraux que j’ai eu la chance de « lire » grâce à leur créateur, le maître verrier François Soleille.
Cet artiste a des racines dans le Tarn, à Réalmont et à Lavaur, mais son atelier est dans le pays chartrain à proximité de Nogent-le-Rotrou.
Comment a-t-il imaginé un tel ensemble de vitraux, comment s’orienter dans « la forêt de symboles » ? Que leur sobriété ne cache ni le symbole ni le message.
Écoutons ses explications.
« On m’a demandé d’ouvrir la nef à la lumière. Bien sûr, pensè-je, puisque c’est la Maison de Jésus -Lumière où brillent et le cierge pascal et les flambeaux du baptême ou ceux qui entourent le cercueil lors des obsèques-.
Ces flammes parlent du pays de la Lumière sans fin ». Mais cela ne suffit pas à notre artiste.
« Connaissez-vous, interroge-t-il, le conte brésilien qui imagine l’arrivée au ciel d’un homme qui en a beaucoup « bavé » sur la terre ?
Introduit au ciel, on lui présente comme un graphique qui a enregistré toute sa vie. Il est jalonné de pas, tantôt deux, tantôt quatre.
Toute sa vie est là, datée, enregistrée. Mais que traduisent ces pas en nombre du simple au double ?
Alors Jésus explique : « J’ai fait route avec toi tout au long de ta vie. Quand nous marchions côte à côte, cela faisait quatre pas.
Mais quand tu en « bavais », je te portais sur mes épaules et seuls, alors, apparaissaient mes deux pas. »
Puis M. François Soleille s’arrête et me regarde avant de continuer :
« Ce qui m’a inspiré c’est finalement l’histoire de ma vie, de nos vies. Je suis croyant, mais j’ai voulu parler ici de ma foi avec discrétion, à celui qui croit au ciel et à celui qui n’y croit pas. Chaque vitrail présente une succession de pas de couleur vive, vermillon.
C’est ce qui est le plus éclatant sur chaque vitrail pour accrocher l’attention. Croyants ou non, nous marchons au fil des jours. Heureux celui qui lira le symbole : tu marches chaque jour, mais tu ne marches pas seul.
L’église est ce lieu où Dieu accueille, écoute, suggère qu’Il est bien là, dans la vie ».
Gens du Ségala, vous êtes bien de ce peuple en marche. Désormais vous avez une église habillée de lumière. Accueillis dès l’entrée par les saints familiers dont les statues ouvrent le cortège. Pas à pas, avec vos pas, avancez vers le chœur où Celui qui est la Lumière vous partage, jour après jour, sa Parole et son Corps.
Père Claude Cugnasse
