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Notre-Dame de la Drèche

Le vocable de La Drèche comporte peu de mystère : en occitan on distingue dans une vallée la pente exposée au nord dite l’évès et la pente exposée au sud, dite l’adrech. L’emplacement primitif du sanctuaire était, selon certains, une minuscule chapelle sur le talus qui monte d’Albi à Cagnac. Elle pourrait également tirer son nom de la statue de la sainte Vierge, trouvée par des bergers dans un buisson, qui parait tendre la main droite vers ceux qui l’implorent.

Historique

Notre-Dame de la Drêche est une chapelle-église antérieure au XIIe siècle, et remplaçant une autre plus ancienne, rebâtie en 1843 et 1861, bénie en 1863.

Notre-Dame de la Drêche protégea le pays albigeois de la peste en 1409, 1413, 1630, 1631. La ville d’Albi fit le vœu de lui en être toujours reconnaissante.

Cette chapelle fut profanée à la révolution puis vendue ; la statue de la Vierge est sauvée par 2 paysannes qui la cachent sous un figuier le temps de la révolution. Revenu à des jours meilleurs on replaça la statue sur son trône, et les pèlerinages furent nombreux.

La chapelle est devenue église paroissiale en 1811. L’église est située sur les trois communes de Lescure, Cagnac et Albi, et chacune avait sa propre entrée.

Le 8 septembre 1859, au cours d’un pèlerinage, Mgr de Jerphanion, archevêque d’Albi, annonce la reconstruction de l’église de la Drêche. Il charge l’abbé Charles Clausade, missionnaire diocésain de mener à bien cette œuvre. La première pierre est posée le 20 mai 1861, et 2 ans après, l’édifice est terminé.

L’ancienne chapelle est respectée et devient le grand cœur de la nouvelle église. Bâtie dans un style rappelant la cathédrale d’Albi, l’architecte Bodin imagine une structure octogonale, coiffée d’une tour de 50m de haut.

Notre-Dame de la Drêche avant restauration

Le Père François-Marie Clausade

Né en 1818 à Lavaur, il fut chassé de sa maison par son père qui refusait sa décision de devenir prêtre. Après sa formation au grand séminaire de Toulouse, il fut ordonné prêtre le 21 mai 1842. Sa piété filiale envers Marie, lui fit dire sa première messe dans le vieux sanctuaire de Notre-Dame de la Drêche.

Après des années au service du diocèse, le père Clausade est nommé missionnaire de La Drêche par Mgr de Jerphanion, évêque d’Albi. Il part alors évangéliser les paroisses du diocèse, prêcher des retraites partout avec grand succès. Avec  l’accord et les encouragements de son archevêque, il projette d’agrandir et d’embellir le sanctuaire sans rien sacrifier de ses anciennes murailles. Durant trois ans « le quêteur de Marie » parcours le diocèse tout entier pour récolter des fonds qui financeront les travaux, dirigés par l’architecte albigeois M. Baudin-Legendre.

Durant ses quêtes pour Notre-Dame de La Drêche, le père Clauzade, descendant des hauteurs d’Alban, vit pour la première fois le site de la presqu’île d’Ambialet et les ruines de l’antique prieuré bénédictin. C’est une autre restauration en l’honneur de Marie que projette le missionnaire de La Drêche. Un jour, Notre-Dame de l’Oder consolée de ses ruines deviendra le noviciat et la maison d’études des tertiaires réguliers de Saint-François.

Le père Clausade obtient du pape Pie IX de se faire le restaurateur en France du Tiers-Ordre Régulier de Saint François. Il sera le premier novice du tiers-ordre à Ambialet. Il est rappelé à Dieu en 1900, pauvre, à l’image de saint François.

Les peintures murales

En 1877, le père Léon Valette « par obéissance » à son supérieur le père Clausade, entreprend les peintures murales de l’intérieur de ND de La Drêche. Monsieur Bénézet, peintre Toulousain, crée les 81 cartons de peinture que le père Valette va exécuter fidèlement. Le travail dura 17 ans et fut terminé en 1894.

En se plaçant au centre de l’église, on peut facilement voir les trois séries superposées des tableaux de la nef, ils représentent :

Marie figurée,

Marie dans son histoire terrestre,

Marie glorifiée par les saints.

L'Annonciation

Les grands pèlerinages à Notre-Dame de La Drêche

À la fin du XIXe siècle et jusqu’au milieu du XXe, Notre-Dame de La Drêche reçoit chaque année des milliers de  pèlerins venus de tout le diocèse et des diocèses voisins.

On retrouve par exemple dans le bulletin du diocèse de septembre 1878 : « La Nativité de la très-sainte Vierge, fête patronale de Notre Dame de la Drêche, a été célébrée avec la plus grande solennité dans le béni sanctuaire. On a compté sur la colline plus de trois mille pèlerins…. »

Toutes les paroisses ont leur date de pèlerinage à la Drêche, avec une affluence accrue durant le mois de mai, mois de Marie Franciscain.

Les trains venant de Carmaux, d’Albi, de Castres… s’arrêtent jusqu’à 4 fois par jour à la petite halte en bas de la côte, et les pèlerins finissent le pèlerinage à pieds au départ du petit oratoire encore présent aujourd’hui, jusqu’au sommet de la colline.

Pendant la guerre, les pèlerinages à Lourdes étant difficiles, la Drêche fut le lieu de rassemblement des malades.

De Notre-Dame de la Drêche au Brésil

En crise avec l’état français qui ordonne l’expulsion des congrégations religieuses, les franciscains partent le 5 mars 1904, pour le Mato Grosso au Brésil.

Le père Hilario, brésilien, aujourd’hui père de La Drêche, nous raconte : « Du Mato Grosso, les pères missionnaires sont partis vers le sud du Brésil vers Sao Paulo, le 11 Février jour de la Fête de Notre-Dame de Lourdes. Mon village d’origine, dans le sud du Brésil s’appelle Sainte-Marie, le Père nous raconte l’histoire de Lourdes et nous dit « on va construire ensemble la grotte de Lourdes, chaque paroissien amènera une pierre et nous prierons pour les vocations. J’ai amené ma pierre … et j’étais le 5e prêtre ordonné à Sao Paulo. »

Un musée missionnaire relate cette période que vous pouvez visiter dans le couvent de la Drêche.

Marie, Siège de la Sagesse

Placée au-dessus de l’autel et auréolée de lumière, la statue de 85 cm de hauteur, attire les regards dès que l’on franchit le portail. Vue de plain-pied, son buste long la rendrait disgracieuse, mais vue de bas en haut, comme c’est le cas, ses proportions sont normales.

Marie tient Jésus assis sur ses genoux, légèrement à notre droite. De sa main gauche elle soutient l’enfant, sa main droite semble suivre le bras droit du Christ qui se lève pour bénir à la manière héritée de l’Orient, c’est-à-dire l’index et le majeur détachés et dressés. Jésus tient, dans la main gauche, un globe sur lequel est dressée une croix.

Les tuniques, tant celle de Marie que celle du Christ, forment des plis harmonieux qui laissent apparaître les pieds nus de l’enfant ou les chaussures en pointe de la mère. Les deux visages sont graves et sereins, des couronnes couvrant parfois les deux têtes.

Marie est assise sur un coussin placé sur un siège au dossier vertical, ce qui donne à l’ensemble une impression de grande dignité. Nous avons à faire ici à un type particulier de statue, dit auvergnat, d’époque romane, que l’on trouve assez fréquemment dans le Massif Central. Il s’agit toujours d’une statue en bois, non peinte, sombre (d’où leur nom de « vierges noires »). Celle de La Drèche, noire aussi, fut restaurée au XIXe siècle à Toulouse, certaines parties étant vermoulues ou même tombées, et elle fut repeinte à cette occasion, ce que l’on peut évidemment regretter.

Son allure générale demeure et elle reste bien « le Siège de la Sagesse » comme on désigne parfois aussi ce genre de statue. Marie est assise sur la cathèdre et sur ses genoux siège l’enfant qu’elle présente aux hommes comme Sagesse du monde, comme celui qui peut apporter le salut.

Une reproduction fidèle de la statue a été exécutée par Raoul Vergnes (pour le bois) et Nicolas Greschny (pour la peinture), c’est elle qui est transportée sur un « brancard » pour les pèlerinages.

photo de la statue située au-dessus de l'autel

Sources :
Pèlerinages à Notre-Dame en Pays Tarnais du père Gilbert Assémat RDT Collection Rives du Temps – 1988 ;
Article de Christine Boudes et Michèle Rességuier dans
Le Souvenir Présence de Lourdes d’août 2021

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