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L’Avent, espace de l’espérance et du désir

Nous vivons dans le temps et, avec bien d’autres signes, nos cheveux quand ils blanchissent et qu’ils tombent, sont la marque de ce temps qui passe inexorablement. L’avent, ce temps liturgique qui commence, nous permet de requalifier ce temps, dans lequel nous vivons, comme l’espace de l’espérance et du désir ; de reprendre conscience que, c’est quand l’espérance et le désir sont indéfectiblement enracinés dans nos cœurs, le temps nous fait « gagner en transparence ce que nous perdons en couleur ».

En quoi les lectures d’aujourd’hui nous aident-elles à appréhender, à vivre le temps dans ce sens?

La première lecture, celle d’Isaïe commence par Seigneur tu es notre père, notre rédempteur, tel est ton nom depuis toujours, et se termine par Seigneur tu es notre père, nous sommes l’argile et tu es le potier : nous sommes l’oeuvre de tes mains. C’est dire que c’est Dieu qui nous crée et nous met dans le temps ; c’est Dieu qui nous rachète, qui comme le potier reprend son œuvre quand l’argile, pour une raison ou pour une autre, ne correspond pas à ce qu’il désire, à ce qu’il espère.

La juxtaposition de ce texte avec celui de l’évangile nous invite à voir – et c’est ce que nous croyons – dans cet homme qui quitte sa maison en donnant tout pouvoir à ses serviteurs, en fixant à chacun son travail, en recommandant de veiller, ce Père, le nôtre, qui nous donne de vivre et veut nous voir bien vivre. Le monde est sa maison qu’il a en quelque sorte «quittée» après l’avoir bâtie, après l’avoir créé, dans laquelle il nous donne de vivre et le temps qui est le nôtre est celui de notre service, celui de l’accomplissement du travail qui nous est fixé ; son « retour » sera pour chacun de nous celui de notre rappel à lui. Ce maître de la maison, s’il est notre père et le maître de notre vie, comme le potier est celui du vase, n’a rien d’inquiétant parce qu’il n’est guidé que par l’amour qu’il a pour nous, par le souci de notre réussite, qui est la correspondance de ce que nous devenons, entre ses mains, à ce qu’il espère de nous. Et qu’espère-t-il de nous? Quel pouvoir nous a-t-il confié? Quel travail nous a-t-il confié. Saint Paul nous le dit : vivre en communion avec son Fils Jésus-Christ, notre Seigneur. Nous sommes appelés à la communion, nous sommes faits, créés, pour la communion, cette communion au Fils inséparable de la communion avec le prochain, de la communion les uns avec les autres : notre création par le Père, notre filiation avec le Père impliquent notre fraternité, notre communion fraternelle. Et, précise saint Paul, pour ce travail qui nous est fixé, pour cette œuvre qui nous est confiée, la grâce nous est donnée dans le christ Jésus car, en Lui nous avons reçu toutes les richesses – celles qui nous permettent de les accomplir – toutes celles de la parole et de la connaissance de Dieu.

Voilà la raison de notre espérance: en nous fixant le but à atteindre, la communion, il nous en donne les moyens, les outils : la parole et la connaissance de Dieu ! C’est donc possible, ce qui ne veut pas dire que c’est facile. Si la communion de tous les hommes entre eux (le but final) dépasse les capacités de chacun, elle n’en passe pas moins par chacun de nous et s’ébauche, se murmure, balbutie dans chacune de ces communions que nous essayons de vivre, de créer, là ou nous sommes, avec ceux avec qui nous vivons. Mais nous le savons, le murmure en nous le plus fort est celui du jugement, du mépris, de la colère, de la violence, de l’égoïsme, c’est celui de ce péché qui souille nos vêtements, nous dessèche comme des feuilles, nous emporte comme le vent (Is).De quoi désespérer…? Non ! Car son amour de Père et de rédempteur est plus fort : tu étais irrité par notre obstination dans le péché, et pourtant nous serons sauvés. Si son Fils est mort pour nous, c’est que le Père ne se résigne pas à ce que se perde l’oeuvre de ses mains.

Ce temps de l’Avent qui nous conduit à Noël, (cette nuit illuminée par le chant des anges « paix aux hommes, joie sur la terre »), nous fait reprendre conscience que le temps de notre vie est celui où nous devons faire nôtre ce règne de Dieu qu’est la communion, chaque jour et autour de nous ; ce temps de l’Avent nous fait reprendre conscience que dans le temps de vie qui est le nôtre nous devons nous mettre en situation de recevoir ce qui, au fond de nous-mêmes, attend d’être comblé : ce désir de comprendre et d’être compris, d’aimer et d’être aimé, ce désir d’être vraiment et en profondeur, en communion !  Veiller à être en communion avec le Fils, c’est veiller à être en communion les uns avec les autres, à être des artisans de communion, ce qui implique écoute, accueil, respect les uns des autres, attention, partage, pardon.

Homélie de Frère Thierry osb.
pour le 1er dimanche de l’Avent, Année B
3 décembre 2017, cathédrale Saint-Benoît de Castres