Messe chrismale

Au début de cette Semaine Sainte, la messe chrismale a rassemblé les baptisés et les ministres ordonnés, réunis autour du Christ, pour « être toujours davantage les pierres vivantes de l’Eglise en vivant du mystère de la mort et de la résurrection du Christ, source de notre espérance. » Cet appel retentissait avec une gravité particulière au lendemain du dramatique incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris…

L’émotion de Monseigneur Jean Legrez au début de la messe chrismale fut particulièrement saisissante. Invitant à être en communion avec le diocèse de Paris, il priait également pour « que la reconstruction de cette cathédrale soit accompagnée d’un nouvel élan pour l’évangélisation de notre pays, pour l’établissement d’une société plus juste et plus fraternelle, qui accepte de se laisser éclairer par l’Évangile », proposant un parallèle entre la reconstruction matérielle de Notre-Dame de Paris et la reconstruction spirituelle de la société et de l’Eglise.

L’Église, ce sont les baptisés, les ministres ordonnés, ceux qui cheminent vers le baptême, les membres les plus fragiles du Corps du Christ… Toutes ces réalités sont présentes au cours de la messe chrismale, bien sûr par la célébration de l’eucharistie, mais aussi par le renouvellement des promesses d’ordination des prêtres et des diacres, par la bénédiction de l’huile des catéchumènes et de l’huile des malades, par la consécration du Saint Chrême.

Avec les prêtres jubilaires

Cette messe est aussi l’occasion de rendre grâce pour les prêtres qui célèbrent l’anniversaire de leur ordination :

• les Abbés Vincent Peruffo et Louis Maraval (70 ans d’ordination) ;
• l’Abbé Jean-Marie Barthe (65 ans d’ordination),
• les Abbés Jean Cros, Paul Guiral, Jean-Pierre Rey (60 ans d’ordination) ;
• l’Abbé Joseph Dequick (25 ans d’ordination)

Voir l’album photos

Homélie de Mgr Jean Legrez

Frères et sœurs,

À Nazareth dans la synagogue Jésus pouvait reprendre à son compte ce verset du livre d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction ». Déjà auparavant lors de son baptême par Jean-Baptiste, l’évangéliste Luc nous rapporte : « que le ciel s’ouvrit et l’Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe » (Lc 3, 22-23). Cette présence de l’Esprit Saint sur Jésus dévoile son identité de Roi-Messie qui va apparaître peu à peu à travers sa manière d’être serviteur, toujours prêt à accomplir la volonté du Seigneur, y compris dans la souffrance, jusqu’à la mort sur une croix. En outre, l’œuvre essentielle du Messie comme le Baptiste l’a comprise, est de baptiser dans l’Esprit Saint et de régénérer l’humanité de cette manière. C’est seulement après sa résurrection, ayant été « élevé » et étant « passé au Père », que Jésus pourra répandre de son corps glorifié, comme d’une source, l’Esprit qui vivifiera chaque croyant en lui offrant la vie éternelle, la vie divine.

Rendus prêtres, prophètes et rois par les sacrements

Si nous sommes réunis ce soir dans cette cathédrale, c’est d’une part pour permettre aux ministres de l’Église – qui tiennent la place du Christ dans nos assemblées – de renouveler leurs promesses sacerdotales ou diaconales et ainsi de manifester leur totale disponibilité à l’Esprit Saint pour accomplir leur mission dans l’Église. D’autre part, seront bénies par mon ministère épiscopal l’huile des malades et l’huile des catéchumènes, et enfin consacré le Saint Chrême, ce parfum qui indiquera la présence de l’Esprit Saint en chaque baptisé et confirmé, ainsi qu’en chaque prêtre conformé au Christ Pasteur par son ordination. Dans l’Ancienne Alliance, prêtre, prophète et roi recevaient sur la tête le contenu d’une corne d’huile parfumée qui manifestait à tous les membres du peuple la présence de l’Esprit en ceux qui devaient remplir une de ces trois fonctions.

En cette période si troublée que traverse l’Église où des clercs et des consacrés se sont rendus coupables de toutes sortes d’abus – abus sexuels et abus de pouvoir – dans le monde entier, nous sommes consternés et tristes face à de tels crimes. Nous pensons aux victimes. Nous désirons ardemment leur apporter les aides nécessaires à leur guérison et à leur reconstruction. Considérons que la révélation de ces actes scandaleux, que nous ne pouvions même pas imaginer, est une miséricorde que le Seigneur accorde à son Église, afin qu’elle vive davantage dans la vérité. Il s’agit véritablement d’un appel à la sainteté adressé à tous les membres du corps du Christ, c’est-à-dire de l’Église. Chaque baptisé, devenu temple de l’Esprit Saint et marqué par l’onction sainte, peut emprunter un chemin de conversion à l’Évangile pour favoriser la circulation de la grâce divine dans le corps entier de l’Épouse du Christ, son Église visible aujourd’hui. Prions ensemble les uns pour les autres afin que l’Église retrouve une réelle crédibilité en harmonisant ses actes à sa parole, c’est-à-dire à l’enseignement de l’Évangile.

Rendons grâce à Dieu pour les prêtres 

Pour conclure, j’invite tous les diocésains à rendre grâce à Dieu pour plus de 90% des prêtres qui sont fidèles à leurs engagements. Je vous demande, frères et sœurs, de prier pour vos prêtres et vos diacres, de leur manifester votre reconnaissance pour le ministère qu’ils accomplissent avec générosité et désintéressement. Sachez entourer vos prêtres avec respect et amitié ; ils donnent leur vie à l’école du bon Pasteur pour la croissance de l’Église dans un monde souvent indifférent et parfois hostile. Priez aussi pour les prêtres qui ont manqué à leurs engagements, de telle sorte que, dans le respect de la justice, l’Église sache les accompagner sur un chemin de repentance et de conversion.

N’oublions jamais que l’Église est sainte. Le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC 827) précise bien qu’elle renferme en son sein des pécheurs, elle est donc à la fois sainte en sa tête, le Christ, et appelée à se purifier en ses membres. « L’Église est sainte tout en comprenant en son sein des pécheurs, parce qu’elle n’a elle-même d’autre vie que celle de la grâce : c’est en vivant de sa vie que ses membres se sanctifient ; c’est en se soustrayant à sa vie qu’ils tombent dans les péchés et les désordres qui empêchent le rayonnement de sa sainteté. C’est pourquoi elle souffre et fait pénitence pour ces fautes, dont elle a le pouvoir de guérir ses enfants par le sang du Christ et le don de l’Esprit Saint. » Telle est notre espérance ! Avançons ensemble vers la purification et la guérison du corps entier du Christ en portant des fruits de sainteté, qui nourriront le renouveau de notre Église et de notre société.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi