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Tibéhirine : un ancien du « 8 » bientôt béatifié

Lu dans La Dépêche du Midi, 31 janvier 2018

Moines de Tibéhirine : un ancien du « 8 » bientôt béatifié

Les moines de Tibéhirine, assassinés en Algérie en 1996, ont été déclarés martyrs samedi par le pape François, une reconnaissance qui ouvre la voie à la béatification de ces sept religieux dont la mort reste entourée de zones d’ombre. Un ancien du 8e RPIMa devrait donc prochainement être béatifié. Car parmi eux, le frère Paul a été un temps soldat au régiment de Castres. Fils de forgeron savoyard «très posé, très présent, très modeste, il avait de l’or dans les mains. Je l’ai vu démonter un portail en tube pour y faire passer de l’eau», racontait un de ses amis dans nos colonnes, le 25 septembre 2010, à l’occasion de la sortie du film «Des hommes et des dieux» qui relate la vie des moines de Tibéhirine en Algérie. Un ancien du «8» qui habite encore dans le Tarn, mais qui a souhaité garder l’anonymat, a en effet connu le frère Paul sous son nom de Paul Favre-Miville, sous-lieutenant chef de section à la 1re compagnie commandée par le capitaine René Neyraval, en 1959. En Afrique du nord, le 8e RPIMa contrôlait l’Est algérien, le long de la frontière. Il interceptait les bandes rebelles formées en Tunisie et envoyées alimenter la guérilla dans toute l’Algérie. Le djebel, les longs ratissages sous un soleil de plomb, les sommets escarpés, les sentiers caillouteux et les oueds asséchés étaient les horizons périlleux du régiment. Le danger était permanent : une vraie guerre.

Revenu à la vie civile, en 1961, Paul Favre-Miville deviendra artisan plombier. Sa vocation le pousse en 1984 vers l’abbaye de Tamié en Savoie. En 1984, il rejoint la communauté de Tibéhirine à 100 km au sud d’Alger et prononcera ses vœux en 1991. Le frère Paul assurait notamment l’irrigation du jardin coopératif que les moines partageaient avec la population locale. A l’écran, l’ancien militaire castrais est incarné par l’acteur Jean-Marie Frin. «J’ai été attentif à garder de lui l’humilité et la discrétion», disait-il.

Les frères Christian, Bruno, Christophe, Célestin, Luc, Paul et Michel, âgés de 45 à 82 ans, avaient été enlevés en mars 1996 dans leur monastère de Notre-Dame de l’Atlas, à 80 km au sud d’Alger. Leur mort avait été annoncée le 23 mai dans un communiqué par le Groupe islamique armé (GIA). La thèse officielle de la mort des sept moines de Tibéhirine avait été rapidement remise en question après les faits. L’affaire a connu en 20 ans de multiples rebondissements.

Le Pape reconnait les martyres de Mgr Pierre Claverie et des moines de Tibhirine

Ce vendredi 26 janvier, le Pape François a autorisé la Congrégation pour les Causes des Saints à promulguer les décrets de béatification des 19 martyrs d’Algérie.
Source : Delphine Allaire – Cité du Vatican

C’est au cours d’une audience avec le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, le 26 janvier, que le Pape François a donné son accord pour la promulgation des décrets de béatification.

L’évêque d’Oran de 1981 à 1996, Mgr Pierre Claverie, six religieuses et onze moines, dont les sept cisterciens de Tibhirine, voient donc leur martyre reconnu par l’Église catholique, 21 ans après leur assassinat. Leur cause de béatification avait, elle, été ouverte en 2006 à Alger.

Mgr Pierre Claverie, évêque d’Oran depuis octobre 1981, avait été assassiné le 1er août 1996, à 58 ans, dans l’explosion d’une bombe déposée devant son évêché.

L’attentat était intervenu peu après la visite en Algérie du ministre français des affaires étrangères, Hervé de Charette, qui s’était rendu sur les tombes des sept moines français de Tibhirine.

Les sept moines cisterciens de Tibhirine, eux, avaient été enlevés en mars 1996 dans leur monastère de Notre-Dame de l’Atlas. Leur mort avait été annoncé plusieurs semaines plus tard, par un communiqué du Groupe islamique armé (GIA). Seules les têtes des moines avaient ensuite été retrouvées, le 30 mai 1996, au bord d’une route, non loin du monastère.

Depuis vingt ans, trois thèses sont régulièrement avancées pour expliquer la mort des frères: celle d’une bavure de l’armée algérienne, d’une manipulation des services secrets algériens, ou celle d’un acte atroce perpétré par les groupes islamistes armés qui semaient la terreur en Algérie dans les années 1990.

En septembre 2017, le Pape s’était déjà montré très sensible à la signification du sacrifice de l’ancien évêque d’Oran et de ses 18 compagnons. Mgr Paul Desfarges, archevêque d’Alger, accompagné de l’évêque d’Oran, Mgr Jean Paul Vesco et du père Thomas Georgeon, postulateur de la cause en béatification de ces martyrs, avaient été reçus par le Pape François.

Frère Paul - Source : www.moines-tibhirine.org

Eclairage du postulateur de la cause interrogé par KTO.

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