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Cardinal Désiré Tsarahazana : « La foi n’est pas ‘ringarde’»

Ce 17 novembre 2019, à Albi en la cathédrale Ste-Cécile, l’homélie de la messe en l’honneur de Sainte Cécile a été prêchée par le Cardinal Désiré Tsarahazana, archevêque de Tamatave à Madagascar

 

« Chers frères et sœurs dans le Christ,

c’est pour moi une grande joie de me retrouver avec vous et de célébrer Sainte Cécile, protectrice de votre magnifique cathédrale, témoin que la foi chrétienne a une très longue histoire dans votre pays. Je remercie chaleureusement mon frère évêque, Mgr Jean Legrez, de m’avoir invité à cette célébration.

Ce n’est pas par hasard que se sont instaurées ces relations et la collaboration entre nos deux diocèses (Albi et Tamatave) ; mais c’est notre foi commune en Jésus Christ, fils de Dieu, qui en est la cheville ouvrière. C’est bien ce Jésus Christ qui fait notre communion.

Sainte Cécile, votre sainte patronne, veille sur votre cathédrale et votre diocèse. Elle est témoin de cette foi que nous avons reçue, elle a préféré mourir martyre plutôt que de renier sa foi. Cécile a été choisie également comme patronne des musiciens et des chanteurs, c’est peut-être un clin d’œil du Seigneur pour nous dire que la foi n’est pas « ringarde » mais vécue dans la joie et la jeunesse, foi qui s’exprime dans nos belles liturgies.

La foi vécue ici a produit de beaux fruits missionnaires. C’est un fils de votre terroir, Mgr Henri de Solages, qui est venu chez nous annoncer l’Évangile, et bien qu’il ne soit pas encore bienheureux ni canonisé officiellement, nous le reconnaissons comme un véritable martyr, lui qui est mort comme Sainte Cécile au nom de la foi au Christ. Et c’est bien grâce à lui que nos deux diocèses se sont rapprochés.

Je voudrais attirer votre attention aujourd’hui sur cette foi au Christ, à la lumière de la Parole de Dieu que nous venons d’entendre, en particulier ce passage de l’évangile de St Luc : Marthe est peut-être un peu agacée de voir sa sœur Marie assise aux pieds de Jésus et buvant ses paroles, alors qu’il y a tant à faire à la cuisine pour bien recevoir Jésus… Jésus bien sûr ne met pas ces deux sœurs en opposition, mais sa réponse surprenante : « Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée », fait comprendre que la Parole de Dieu est au centre de tout.

L’écoute de la Parole de Dieu, son approfondissement, la Parole méditée et priée, et bien sûr vécue et incarnée dans notre vie quotidienne, est le signe d’une foi vivante et manifeste notre amour du Christ Jésus. Souvenons-nous de cette parole de Jésus dans Saint Jean (14, 23) : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui et nous y établirons notre demeure. »

C’est pourquoi il est bon que nous nous interrogions à nouveau : où en sommes-nous dans l’approfondissement de la foi basée sur l’écoute et la méditation de la Parole de Dieu ?

Si je regarde ce qui se passe chez moi à Madagascar, la situation a de quoi faire réfléchir

En effet, Madagascar est une terre qui a un important potentiel économique, avec un sous-sol riche, une terre fertile ; notre pays est aussi riche de sa culture et de sa sagesse héritées des ancêtres… et pourtant nous sommes parmi les pays les plus pauvres du monde. C’est une situation paradoxale, difficile à comprendre.

Cependant les chrétiens sont de plus en plus nombreux, les églises sont pleines à craquer le dimanche, mais les gens sont de plus en plus pauvres, la corruption et la violence ne cessent de régner.
Alors nous nous disons souvent, entre nous, évêques : est-ce que la foi est vraiment enracinée dans notre pays, l’évangélisation est-elle réelle, pour que notre île bien-aimée connaisse une telle situation ?

C’est en connaissant cela que le pape François nous a rendu visite au début du mois de septembre, et le thème de son voyage apostolique était « Semeur de paix et d’espérance », thème choisi pour nous soutenir dans ces temps difficiles. La tendance au découragement des gens de plus en plus pauvres est palpable. Aussi tous les discours prononcés par le pape ont été des messages d’encouragement à enraciner toujours davantage dans la foi notre combat contre la pauvreté et à servir notre peuple au nom de l’Évangile du Christ.

Le risque qui nous guette tous, pays développés et pays en voie de développement, c’est de mettre Dieu de côté, de sombrer dans l’indifférence et l’égoïsme. On ne prend pas au sérieux ce que nous rappelait la 1ère lecture : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. »

Si Dieu n’est pas au cœur de notre vie, si l’Évangile ne nous sert pas de feuille de route, alors d’autres priorités prendront le dessus : l’argent, le pouvoir, les plaisirs… avec toutes les dérives que cela peut entraîner.

C’est aujourd’hui, 17 novembre, la 3ème Journée mondiale des pauvres voulue par le pape François. Avec ce thème tiré du psaume 9 : « L’espérance des pauvres ne sera jamais déçue ».

Je cite quelques lignes du message du pape : « Les paroles du psaume manifestent une actualité incroyable. Elles expriment une vérité profonde que la foi parvient à imprimer avant tout dans le cœur des plus pauvres : rendre l’espérance perdue devant les injustices, les souffrances et la précarité de la vie… Le psalmiste décrit la situation du pauvre et l’arrogance de ceux qui l’oppriment… Au moment de la composition de ce psaume, il y avait un grand développement économique qui, comme cela arrive souvent, a également produit de forts déséquilibres sociaux… c’est l’époque où des personnes arrogantes et dénuées du sens de Dieu chassaient les pauvres… Ce n’est pas très différent aujourd’hui… Les siècles passent mais la situation des riches et des pauvres reste inchangée. »

Et le pape conclut en disant : « La condition pour que les disciples du Seigneur soient des évangélisateurs cohérents, est de semer des signes tangibles d’espérance. À toutes les communautés chrétiennes et à tous ceux qui ressentent l’exigence d’apporter espérance et réconfort aux pauvres, je demande de travailler pour que cette Journée mondiale renforce chez beaucoup la volonté de collaborer efficacement afin que personne ne se sente privé de proximité et de solidarité. »

L’urgence d’approfondir notre foi demeure, pour discerner l’essentiel. Puissions-nous être des hommes et des femmes vivifiées par la parole de Dieu, qui ont le cœur ouvert et compatissant, tourné vers les autres, plus particulièrement vers les plus démunis qui sont le visage du Christ.

Dieu nous a tous créés à l’image de son amour,
pour vivre en frères, au sein d’une même famille.  

Que cette eucharistie exprime notre communion profonde au Christ et entre nous, comme nous l’a rappelé la 2ème lecture :
« Ainsi vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes concitoyens des saints, vous êtes membres de la famille de Dieu. »

Amen. »

Le choeur d'enfants "Chor unum"
Repas-partage à l’initiative du Secours catholique, de la Conférence St-Vincent de Paul et de la Paroisse.

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