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« C’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés » (Baptême 1/2)

Par les sacrements, l’Église poursuit l’œuvre du Christ. L’Évangile présente Jésus comme le « Messie qui guérit ». Il guérit les maladies du corps et de l’âme. En vérité, ces sacrements sont le prolongement des gestes de Jésus, le Sauveur de tous les hommes, en notre faveur. Par eux, chaque fidèle est bénéficiaire de l’action salvifique et vivifiante du Seigneur.

Baptême, confirmation, eucharistie : sacrements de l’initiation chrétienne

Le baptême, la confirmation et l’eucharistie sont traditionnellement appelés les sacrements de l’initiation chrétienne. Comme le note le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC n° 1212) : « Par eux sont posés les fondements de toute vie chrétienne. La participation à la nature divine, donnée aux hommes par la grâce du Christ, comporte une certaine analogie avec l’origine, la croissance et le soutien de la vie naturelle. Nés à une vie nouvelle par le baptême, les fidèles sont en effet fortifiés par le sacrement de confirmation et reçoivent dans l’eucharistie le pain de la vie éternelle. Ainsi par ces sacrements de l’initiation chrétienne, ils reçoivent toujours davantage les richesses de la vie divine et s’avancent vers la perfection de la charité ».

Depuis les origines de l’Église, et cela demeure vrai aujourd’hui, le baptême est considéré comme « la porte de la vie spirituelle ». Il est possible de lire sur une inscription des mosaïques de l’abside de la basilique du Latran, cathédrale de Rome et considérée à juste titre comme la mère de toutes les églises, « c’est ici la source de vie qui a lavé la terre entière, tirant son origine de la blessure du Christ ». Par le baptême, l’Église enfante à la vie divine ceux qui confessent la foi. Devenant fils ou filles de Dieu les baptisés forment le Corps du Christ, l’Église, dont le Sauveur est la tête. La confirmation vient achever, parfaire la grâce baptismale.

Plongés dans l’eau

Dans son traité sur les sacrements, saint Ambroise de Milan écrit : « Pourquoi es-tu immergé dans l’eau ?  Nous lisons que les eaux produisent les êtres vivants. Et les êtres vivants sont nés. Cela s’est fait au début de la création. Mais à toi était réservé que l’eau te régénère pour la grâce comme celle-là a engendré la vie naturelle » (De Sacramento Eucharistiae III, 3). Le passage par les eaux baptismales exprime à la fois le passage par la mort et la communication d’une vie nouvelle. Dans la tradition biblique, l’eau représente aussi bien le domaine de la mort, la figure de la Croix et le tombeau du Christ, que l’élément vivifiant qui lave, purifie, guérit, transmet la vie divine. Ainsi le cœur transpercé du Christ en croix, d’où jaillit du sang et de l’eau, est aussi une annonce prophétique des sacrements de l’initiation. Saint Paul l’écrit clairement aux Romains : « Ignorez-vous que baptisés dans le Christ jésus, c’est dans sa mort que tous nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort afin que, comme le Christ est ressuscité des morts pour la gloire du Père, nous vivions, nous aussi, dans une vie nouvelle » (Rm 6, 3-4).

Chacun peut faire l’expérience que, par lui-même, il est incapable d’entrer dans une relation personnelle confiante et durable avec Dieu ; tel est l’état dans lequel nous a laissé la rupture de nos premiers parents avec le Créateur, rupture que nous nommons le péché originel. En passant avec Jésus par sa mort et sa résurrection, en entrant ainsi dans sa Pâque, nous sommes à nouveau rendus capables de relations confiantes et aimantes avec Dieu. L’Alliance nouvelle, scellée par le sang du Christ que les baptisés contractent en professant la foi en la Trinité et en passant par les eaux baptismales, fait disparaître la distance, la rupture à l’égard de Dieu, et les établit dans la communion avec les personnes de la Trinité.

« Quand nous sommes régénérés par le baptême au nom des trois Personnes, écrit saint Irénée de Lyon, nous sommes enrichis dans cette seconde naissance des liens qui sont en Dieu le Père par le moyen de son Fils, avec le Saint-Esprit. Car ceux qui sont baptisés reçoivent l’Esprit de Dieu qui les donne au Fils ; et le Fils les prend et les offre à son Père ; et le Père leur communique l’incorruptibilité » (Démonstration de la prédication apostolique, 7). En nous plongeant dans la vie divine nous devenons participants de la vie éternelle voués à partager l’incorruptibilité du corps du Ressuscité. Vainqueurs avec le Christ, la mort n’a plus le dernier mot.

Vivre l’Alliance avec Dieu

Nous sommes, en vérité, « une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là » (2 Co 5, 17). Dans une catéchèse sur le baptême (8 janvier 2014), le pape François faisait remarquer : « ce n’est donc pas une formalité ! C’est un acte qui touche notre existence en profondeur. Un enfant baptisé ou un enfant non-baptisé, ce n’est pas la même chose. Une personne baptisée ou une personne non-baptisée, ce n’est pas la même chose. Avec le baptême nous sommes plongés dans une source intarissable de vie qui est la mort de Jésus, le plus grand acte d’amour de toute l’histoire ; et grâce à cet amour, nous pouvons vivre une vie nouvelle, n’étant plus en proie au mal, au péché et à la mort, mais dans la communion avec Dieu et avec nos frères ».

Dès lors, la vie de chaque baptisé est un mystère d’alliance. C’est dans cette perspective nuptiale que les Pères de l’Église et les commentateurs modernes ont lu le Cantique des Cantiques. L’époux est alors perçu comme étant le Christ, qui a donné sa vie sur la croix, et l’épouse est chaque baptisé appelé à lui donner sa vie. La vie baptismale devient une vie sponsale. En effet, seul les épousailles peuvent rendre compte de la beauté et de la grandeur de ce mystère d’amour dans lequel le baptême nous introduit. Le cœur du baptisé a pour vocation de battre au rythme du cœur de la Trinité. La bienheureuse Élisabeth de la Trinité exprime admirablement cette réalité dans sa fameuse prière à la Trinité : « Ô mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement pour m’établir en vous, immobile et paisible, comme si déjà mon âme était dans l’Éternité ».

Un tel désir est le fruit de la grâce baptismale et son actualisation. La suite de la prière exprime toute l’espérance baptismale : « Ô mes trois, mon tout, ma béatitude, solitude infinie, immense où je me perds. Je me livre à vous comme une proie ; ensevelissez-vous en moi, pour que je m’ensevelisse en vous, en attendant d’aller contempler en votre lumière l’abîme de vos grandeurs » (21 novembre 1904). Par la grâce du baptême, sans aucun mérite de notre part, chaque baptisé est une création nouvelle qui participe à la vie de la Trinité et qui peut déjà entrer dans une union très intime, vivante et mystérieuse avec les Personnes divines.

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

Baptistère de Saint-Jean de Latran
Esprit Saint. Coupole du baptistère de Saint-Jean de Latran