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Homélie pour l’appel décisif des futurs baptisés adultes

Homélie pour l’appel décisif des catéchumènes, 1er dimanche de Carême

En l’église Notre-Dame du Bourg de Rabastens, dimanche 18 février 2018

1ère lecture : Gn 9, 8-15
Psaume : 24, 4-5ab, 6-7bc, 8-9
2ème lecture : 1 P 3, 18-22
Évangile : Mc 1, 12-15

 

Frères et Sœurs,

Dans l’Évangile qui vient d’être proclamé, saint Marc nous dit que l’Esprit pousse le Christ au désert et là, pendant quarante jours. Jésus va rester au désert comme l’évangéliste le précise pour y être tenté par le Satan, par le diviseur, celui qui introduit la division entre Dieu et tout être humain. Ces quarante jours de Jésus au désert rappellent bien sûr les quarante années que le peuple d’Israël a passées au désert. Des années où le peuple a été amené à plusieurs reprises à combattre contre les idoles : années de combat spirituel, mais aussi années de grâces. Nous avons entendu dans la première lecture le récit de la première alliance passée entre Noé et le Seigneur. Une des premières alliances. Au désert, au Sinaï, le Seigneur renouvellera son alliance par l’intermédiaire de Moïse avec le peuple d’Israël à qui il donnera la Loi, à qui il donnera une parole de vie pour le peuple. Finalement, à l’issue de ces quarante années, le peuple entrera dans la Terre promise. Prophétie pour l’humanité tout entière de la vie éternelle, de l’entrée dans la Jérusalem céleste lorsque tout sera accompli et que l’humanité rachetée par le Christ pourra vivre dans l’amour du Père. C’est ce que nous appelons le Ciel, la béatitude.

Nous sommes entrées depuis mercredi dernier dans le Carême, dans cette sainte quarantaine qui nous rappelle l’Exode du peuple d’Israël, qui nous rappelle le temps que Jésus a passé au désert. Tout au long de cette sainte quarantaine, nous sommes invités à prier d’une manière renouvelée pour vivre une intimité réelle avec notre Dieu. Nous sommes invités à jeûner, c’est-à-dire à nous priver de notre quotidien. La nourriture est quelque chose de nécessaire que nous prenons plusieurs fois par jour. Alors pourquoi jeûner ? Pour nous rappeler que l’homme ne vit pas seulement de la nourriture, mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu. Lorsque nous choisissons de jeûner, nous permettons à notre désir de Dieu de grandir. Nous sommes invités aussi, plus que jamais, au partage, c’est-à-dire à reconnaître que tout être humain est un enfant du Père, donc notre frère. Nous ne pouvons pas laisser celui qui est dans le besoin sans aide. Le Carême est un temps heureux, parce que c’est un temps où nous sommes tous invités à vivre selon la grâce de Dieu, selon ce que l’Esprit imprime dans notre cœur et notre intelligence depuis le jour de notre baptême lui qui nous guide à imiter le Christ.

Quand Jésus sort du désert, il inaugure sa prédication : « Il partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu ». Cela n’est pas neutre. Il sort du désert, probablement le désert de Juda, où il avait été baptisé auparavant dans le Jourdain, et il part pour la Galilée. La Galilée, pour la plupart d’entre vous, c’est simplement une région de la Palestine. C’est juste, mais ce n’est pas n’importe quelle région, c’est une région qui appartient au peuple d’Israël et c’est une région qui est un nœud de circulation. On avait l’habitude de mépriser cette région à l’époque du Christ : « la Galilée des nations ». Les nations ce sont les païens, les goys, ceux qui n’appartiennent pas au Peuple. Or, Marc nous dit que lorsque Jésus part du désert, il part d’abord en Galilée. Il va donc annoncer la Bonne Nouvelle aux Juifs. Il est venu d’abord pour son Peuple. Cependant dès le début de la prédication évangélique, Jésus s’adresse aussi aux païens présents en Israël. Je crois qu’il est important de le remarquer. Au jour de l’Ascension Jésus enverra les apôtres hors de la Galilée vers toutes les nations.

Qu’est-ce qu’il annonce ? La conversion. « Convertissez-vous, croyez à la Bonne Nouvelle ». Pour nous, qui sommes tous des pécheurs, nous l’avons reconnu dès l’entrée de cette célébration, notre cœur est divisé et il est difficile pour nous de suivre l’enseignement des Écritures. Nous savons que pour Jésus sa nourriture est de faire la volonté du Père, c’est ce qu’il a montré en passant par le désert et en y jeûnant. Celui qui l’a envoyé pour accomplir son œuvre est justement le Père. Jésus est venu pour nous sauver ! Nous sauver de tout ce qui nous oppose à l’amour, pour nous sauver du péché. En renonçant au désert à ce qui constitue le quotidien de la vie humaine, Jésus prend conscience en quelque sorte de sa mission de Sauveur et s’y prépare. Il doit ramener l’humanité à Dieu, la ramener à son Père. Il nous apprendra que son Père est aussi notre Père. Il doit ramener cette humanité sur le cœur du Père. En renonçant à tout au désert, même à ce qui est nécessaire à la vie, la nourriture, il entre dans la volonté du Père et peut alors, en sortant du désert, annoncer que « les temps sont accomplis ». C’est, pour toute l’humanité, le moment de revenir à Dieu.

Frères et Sœurs, considérons bien que c’est une grâce d’entrer en Carême. Le Carême nous est offert à tous pour, en quelque sorte, apprendre de Jésus à nous décentrer de nous-mêmes pour nous enraciner dans la volonté du Père. C’est cela se convertir. Tenir compte de l’enseignement de Jésus et le faire entrer jour après jour, instant après instant, dans notre quotidien. Cela n’est pas seulement notre œuvre, impossible à l’homme d’accomplir la volonté de Dieu, mais possible à l’homme avec l’aide de Dieu, avec l’Esprit Saint qui nous tourne sans cesse, qui nous rappelle, qui vient éclairer notre conscience pour nous faire entrer dans une vie de conversion. Évidemment cela est vrai d’une manière toute spéciale pour les catéchumènes, mais cela demeure vrai pour tout baptisé. Bien sûr, le baptême nous donne l’Esprit Saint, cet Esprit à l’école de laquelle nous devons nous mettre quand nous sommes baptisés. Mais le Diviseur demeure présent et bien souvent la lutte est sévère et nous avons malheureusement du mal, tout baptisé que nous sommes, à nous mettre à l’écoute de l’Esprit Saint, à être docile à l’Esprit Saint. Nous devons sans cesse mener ce combat spirituel, une vie de conversion jusqu’à notre entrée dans la vie éternelle, c’est-à-dire jusqu’à notre dernier jour sur terre. Il est sûr que nous ne sommes pas seuls. Cela est déjà vrai pour les catéchumènes : si vous êtes là ce matin, c’est bien que l’Esprit de Dieu vous a conduits jusqu’ici pour mener le bon combat de la foi ! Il agit déjà en vous. Il n’est pas limité à la vie sacramentelle, il souffle où il veut, quand il veut. Ce temps du Carême est un temps où nous essayons de nous mettre à l’école de l’Esprit Saint, éclairés et nourris par la Parole de Dieu, cette Parole qui est une Parole de vie, qui est la seule Parole en qui nous pouvons avoir totalement confiance, dans un monde qui souvent s’en rit…

Sur les questions essentielles aujourd’hui – le début de la vie, la fin de la vie –, si véritablement nous sommes fidèles à la Parole de Dieu, nous devrions tous hurler que nous ne sommes pas d’accord avec ce qui semble se tramer. Nous devrions tous avoir le courage de nous exprimer pour nous opposer à ce que l’on veut nous imposer. Je sais bien que quand je dis cela, je suis immédiatement considéré par l’ensemble des médias comme un rabat-joie et un retardataire… Mais l’Église, frères et sœurs, n’est-elle pas porteuse d’un message prophétique ? Il me semble qu’elle l’a prouvé depuis vingt siècles ! Les baptisés d’aujourd’hui, doivent avoir le courage de se situer, et de se situer souvent avec bienveillance, en aimant ceux avec qui il vivent, en ayant le courage d’être différents et porteurs d’un message qui est le message du Sauveur. Ce n’est pas n’importe quel message ; ce n’est pas le message d’un politique ou d’un scientifique. C’est le message du Sauveur ! Y croyons-nous ? Le Carême nous est donné pour entrer dans une confiance plus grande dans la Parole de Dieu. Il nous est donné aussi pour approfondir notre vie de prière et vivre quotidiennement des moments d’intimité avec Jésus, avec le Père, avec l’Esprit Saint. Ce temps nous est donné, et c’est pour cela que c’est un temps de bonheur, pour entrer toujours davantage dans l’intimité de la Trinité, parce que nous avons été créés pour cela et que nous pouvons déjà en faire l’expérience.

Le Carême est véritablement ce moment où nous sommes appelés sans cesse par la liturgie, à entretenir des relations fraternelles, vraies, justes, avec tout enfant de Dieu, toute créature humaine, quelle qu’elle soit. Pas seulement nos frères chrétiens, c’est relativement simple – je dis « relativement » : quand on voit l’état de nos familles, ce n’est pas toujours simple, même chez nous… – mais nous sommes appelés à avoir un regard bienveillant, fraternel sur tout homme, qu’il soit un nouveau venu ou un handicapé, quelle que soit la couleur de sa peau, quelle que soit son origine, quelle que soient ses moyens, celui qui arrive d’ailleurs par exemple…

« Frères et sœurs vieux baptisés », permettez-moi de vous appeler ainsi, ce temps de conversion que nous avons tous à mener doit être aussi marqué par notre prière quotidienne pour les catéchumènes. Ils approchent du moment de leur baptême, de la réception des sacrements de l’initiation, du début de leur vie chrétienne et le combat est là. Il faut que nous les portions dans la prière pour qu’ils puissent véritablement vivre cette sainte quarantaine comme une période qui précède leur illumination comme dira saint Paul à propos du peuple juif ; ceci est vrai pour tout futur baptisé : découvrir au moment du baptême à quel point Jésus est la lumière qui éclaire toutes nos nuits.

Alors portons les catéchumènes dans la prière et ensemble marchons dans la joie vers la Pâque, désireux d’être renouvelés tout au long de ce Carême de telle sorte que les uns et les autres, soit en recevant le baptême, soit en le renouvelant lors de la veillée pascale, je me permets de vous rappeler que c’est la mère de toutes les liturgies. Toutes nos églises devraient être archicombles, tous les baptisés devraient être là pour renouveler dans la joie les promesses de leur baptême ! C’est une telle grâce, c’est un tel bonheur, que de se savoir aimé et sauvé par un Dieu qui est amour ! Alors frères et sœurs, humblement, jour après jour, progressons vers la Pâque en suppliant le Seigneur pour nos catéchumènes : qu’il en fasse des saints et qu’il vienne renouveler en nous les grâces initiales de notre baptême pour que nous devenions véritablement des disciples-missionnaires, heureux de croire et capable de dire au monde d’aujourd’hui notre joie de croire.

Amen.