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Ordination diaconale d’Alain Rotier

Dimanche 30 octobre, Monseigneur Jean Legrez a ordonné diacre Alain Rotier dans une Abbatiale Saint-Michel de Gaillac comble et vibrante de joie. Famille, amis, vignerons, paroissiens, diacres, prêtres… étaient venus en nombre entourer Alain et son épouse Isabelle.

Alain est né le 28 août 1961 à Mazamet. Avec Isabelle, son épouse, ils ont trois enfants (Julien, Thibaut, Estelle) et une petite fille Adèle.

Après son diplôme d’ingénieur œnologue il s’installe sur le domaine viticole « ROTIER », d’abord avec ses parents, puis en association avec son beau-frère (Francis). Depuis 2012 le domaine est certifié « Bio ». Très investi dans son milieu professionnel Alain a su prendre différentes responsabilités : un temps président du Syndicat AOC de Gaillac, membre du Conseil d’administration du Syndicat AOC de Gaillac et de celui des vignerons indépendants, il est aujourd’hui président du Comité régional INAO vins.

Très jeune il s’est également investi, souvent avec Isabelle, dans différents groupes et activités ecclésiales : scoutisme, aumônerie, équipe de foyers… et aujourd’hui membre de l’E.A.P. (Equipe d’Animation Paroissiale) et de l’équipe de préparation au Mariage du doyenné.

HOMÉLIE DE L’ORDINATION AU DIACONAT PERMANENT D’ALAIN ROTIER
En l’Abbatiale Saint-Michel, Gaillac – dimanche 30 octobre 2016

Frères et sœurs,

Nous venons d’entendre plusieurs lectures. La première était tirée du livre de la Sagesse. Ces quelques versets du livre de la Sagesse nous ont rappelé que Dieu aime tout ce qu’il a créé. Il n’y a aucune exception, car Dieu a tout créé par amour. Or, il peut nous arriver devant les difficultés de l’existence et les divers maux auxquels l’humanité est confrontée, d’être tenté de ne pas croire du tout ni à l’amour divin, ni même à l’existence de Dieu. Pourtant, vous l’avez entendu, la Sagesse nous rappelle que même le pécheur, même celui qui refuse l’amour divin – car le péché est toujours un refus de l’amour pour Dieu, pour le prochain, pour soi-même – demeure aimé de Dieu. Il n’y a rien à faire, notre Dieu est un Dieu entêté, il ne peut pas se passer de nous aimer, car il n’est qu’amour. Nous le voyons, à travers toute l’histoire biblique, comme à travers nos propres vies, Dieu reprend le pécheur avec patience. Il ne le rejette jamais, jamais définitivement, mais peu à peu, il le détourne du mal. Ce qui peut apparaître parfois comme un châtiment divin est toujours, à y bien regarder, un appel à l’amour, un appel à la conversion à l’amour, à nous tourner vers Dieu, à nous tourner vers tout être humain reconnu comme un enfant de Dieu, comme un frère en humanité.

Il me semble que l’histoire de Zachée que nous venons d’entendre, est un bel exemple de la rencontre de deux désirs. Le désir de Dieu mais aussi le désir d’un homme, et d’un homme qui nous ressemble tant. Dieu a envoyé son Fils, ce Fils nous le reconnaissons comme le Bon Pasteur. Il a été envoyé par le Père pour ramener tous les hommes dans son bercail, pour permettre à tout homme de connaître l’amour du Père et de reposer sur le cœur du Père. Jésus, comme le Pape François l’a rappelé tout au cours de cette année jubilaire de la miséricorde, est bien le visage de la tendresse miséricordieuse du Père, qui a donné sa vie sur l’arbre de la croix, afin que nous vivions maintenant et toujours dans l’amour trinitaire. Le Père attend patiemment l’humanité, désire la serrer sur son cœur, comme le Père de la parabole de l’enfant prodigue.

Zachée est cet homme si proche de nous. Jusqu’au jour de cette rencontre avec Jésus, il a mené sa vie tout seul, sans grand souci de la Loi ; c’est-à-dire sans se soucier de l’enseignement divin donné par Dieu lui-même à son peuple pour son bonheur. Il semble qu’il a amassé une bonne fortune, mais de manière assez peu glorieuse, en travaillant au bénéfice de l’occupant et aussi de lui-même. C’est un « collabo », c’est un collaborateur et un collaborateur apparemment sans scrupules ; ce qui caractérise souvent les collaborateurs… Cependant, il est à l’affut de la nouveauté. Cela est assez courant. Nous sommes tous plus ou moins comme cela. Il est ce badaud curieux et prudent. Il ne veut pas être trop près de celui dont on parle, dont tout le monde parle. Alors il monte dans un arbre, pensant ne pas être vu, il veut observer ce Rabbi sans être trop proche de lui. Pas de chance ! Ce Rabbi a de bons yeux, il a surtout très bon cœur. Il désire le bonheur de Zachée. Lui qui est venu pour les pécheurs, il voit ce pécheur habité d’une curiosité qui n’est peut-être pas immédiatement celle du salut et il l’invite à descendre de l’arbre pour qu’il aille demeurer chez lui. Dieu veut demeurer chez chacun d’entre nous. Jésus veut habiter notre cœur. Grande surprise, cet homme jusque-là si prudent, si distant de la vérité, Luc nous dit que Zachée reçoit Jésus avec joie. S’il pouvait en être ainsi de chacun de nous ! Zachée, dans le fond de son cœur, comme chacun de nous, désirait autre chose qu’uniquement des biens matériels. Quelque chose en lui n’était pas comblé. Au contact du Sauveur, tout à coup, il commence à comprendre. Son cœur est transformé et désormais, subitement, il se met à avoir le désir d’agir comme son maître en partageant ses biens, sans compter, avec générosité, comme Dieu fait avec chacun de nous. De manière absolument gratuite, le Seigneur nous comble de son amour, de sa miséricorde, de son pardon, maintenant et pour toujours. Le Fils de l’homme est venu pour chercher chacun de nous, « le Fils de l’homme est venu chercher ce qui était perdu ».

Alain, vous allez devenir ministre du Seigneur. C’est une grâce sublime. Je suis prêt à accueillir ceux qui veulent recevoir cette grâce dans le ministère diaconal ou sacerdotal. Surtout ne vous gênez pas, les plus jeunes, osez choisir ce chemin de bonheur ! Le diacre est au service des pauvres depuis les origines de l’Église. Il est au service des tables, des pécheurs, finalement, des humains ; des humains aujourd’hui souvent perdus, peut-être plus qu’à d’autres époques. Comme à toutes les époques de l’Église, des humains qui, de manière plus ou moins consciente, à la manière de Zachée, cherchent un sens à leur existence. Tous les ministres ordonnés le sont, bien sûr pour l’Église, mais aussi pour toute l’humanité. Désormais par la Parole divine annoncée et partagée avec tous, pas seulement aux chrétiens, vous serez amené à être le héraut de ce Jésus, notre Sauveur. Celui qui annonce, qui fait retentir cette Parole d’amour, cette Parole d’espérance. Émerveillé par la bienveillance divine, vous rendrez grâce dans la liturgie et vous servirez le Seigneur au côté de l’évêque et des prêtres pour le bien des fidèles. Enfin, par le service caché, voilé, mais le service quotidien de la prière, votre vie sera de plus en plus une louange à la gloire de Dieu et une intercession pour tous les hommes, pour toute l’humanité.

Le Salut, frères et sœurs, vous le savez, doit être annoncé aux pauvres comme aux riches. Jésus s’est intéressé à un riche, Zachée. Tous sont aimés de Dieu, tous sont sauvés par le Christ, tous sont appelé à être sanctifiés par l’Esprit Saint. Chaque homme, créé à l’image de Dieu, est appelé à être son enfant et à exprimer par sa vie – c’est cela le vrai bonheur – sa reconnaissance pour l’amour du Père. Puis à vivre une vie fraternelle et annonciatrice d’ores et déjà de cette éternité à venir où Dieu sera tout en tous.

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

1re lecture : Sg 11, 22-12, 2
Psaume : 144
2e lecture : Th 1, 11-2, 2
Évangile : Lc 19, 1-10