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Clôture de l’Année Émilie de Villeneuve et fête de sainte Emilie

Peu après la canonisation de sainte Emilie de Villeneuve le 17 mai 2015 à Rome, une « Année Emilie » a été ouverte, pour vivre à la suite de la fondatrice de la congrégation de Notre-Dame-de-l’Immaculée-Conception. Tout au long de l’année a été proposé un chemin sur les pas de Sainte Emilie, grâce à ses nombreux écrits permettant de comprendre son message : « Dieu seul ».

Des sœurs apportent près du reliquaire et du tableau d’Emilie des drapeaux de tous les pays où la congrégation est présente
Des sœurs apportent près du reliquaire et du tableau d’Emilie des drapeaux de tous les pays où la congrégation est présente

Pour clôturer cette année quelques temps forts ont rassemblés les fidèles, les Amis d’Emilie et de la congrégation : le 30 septembre, dans la chapelle du Couvent Bleu, une veillée en chanson animée par le GAJ et les religieuses venues des 4 coins du globe a uni l’assemblée, dans la joie, en présence des reliques de la sainte.

À l’occasion de la clôture de cette Année et le jour de la fête de sainte Emilie, une messe a été célébrée lundi 3 octobre, à Notre-Dame de La Platé, à Castres, l’église où elle a prononcé ses premiers vœux. La cérémonie, autour de Monseigneur Jean Legrez, Archevêque d’Albi, a rassemblé une foule de prêtres, diacres, religieuses et laïcs. La prière et l’Eucharistie, dans un grand recueillement ont ouvert les portes de la mission, à l’image d’Emilie, pour aller dans le monde annoncer la Bonne Nouvelle du Christ Ressuscité. Emilie continue de nous interpeller.

O Dieu, qui as appelé Sainte Jeanne Emilie de Villeneuve, à secourir avec un esprit missionnaire les pauvres et ceux qui souffrent, Accorde-nous, par son intercession, de nous conformer toujours à ta volonté, et de répondre généreusement aux besoins de nos frères.

Une cloche fraîchement fondue a été bénie par Monseigneur Jean Legrez. Prénommée « Émilie », elle a été financée par la mairie de Castres. Un récital de carillon permit d’entendre celle qui désormais chantera pour la paix. Une importante délégation de la congrégation des Sœurs Bleues était présente.

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HOMÉLIE DE MGR LEGREZ

Frères et sœurs,

Au lendemain de la canonisation d’Émilie, lors de la messe d’action de grâce à Saint-Pierre de Rome, j’avais commenté la première lecture et l’évangile, alors permettez-moi ce soir de commenter le psaume 14. Dans ce psaume magnifique, le psalmiste s’interroge pour savoir « qui séjournera sous la tente de Dieu », c’est-à-dire qui demeurera dès maintenant et éternellement dans la maison de Dieu ou sur la sainte montagne, c’est la même chose.

Vous vous souvenez, souvent le Seigneur s’est manifesté en haut d’une montagne, que ce soit pour le don de la Loi à Moïse, que ce soit lorsque Jésus monte sur la montagne pour proclamer les Béatitudes ou au jour de sa propre Transfiguration. Alors, qui demeure dans la maison de Dieu ? « Celui qui se conduit parfaitement », dit le psalmiste, « qui agit avec justice »… Frères et sœurs, une justice qui n’a pas grand-chose à voir avec celle qui est donnée dans nos palais de justice… Le juste est celui qui a le souci de mettre Dieu à la première place dans sa vie. Dans l’Ancien Testament, le juste est celui qui suit la Loi de Dieu, qui se conforme à sa Parole. Il reconnaît cette Parole comme étant celle de Dieu. Alors il se conduit d’une manière différente, différente des autres hommes parce qu’il a la lumière de la Loi, la lumière de la Parole divine. Celui-là, dit le psalmiste, dit la vérité selon son cœur. Le juste agit en conformité avec cette Parole qui est la Vérité. Ceci est déjà réel dans l’Ancienne Alliance et évidemment dans la Nouvelle Alliance, puisque Jésus se présente comme étant « le chemin, la vérité, la vie ». Cette vérité, le juste s’en nourrit, en vit et la fait connaître. Évidemment, le rapprochement avec Émilie est facile. Elle a toujours vécu dans la recherche de la volonté de Dieu. On peut dire que c’est « une juste ». Elle a toujours cherché à faire connaître la vérité. Elle savait qu’il n’y a pas de plus grand misère que l’ignorance de la vérité. C’est premier. Aussi a-t-elle voulu enseigner les pauvres, d’abord les plus pauvres, les chéris du Seigneur.

Quand on continue la lecture du psaume, la traduction officielle, nous dit que « le juste met un frein à sa langue et ne fait pas de tort à son frère ». Le juste, c’est celui qui vit dans la bienveillance ; qui, connaissant l’importance de la charité verbale, sait taire toute parole qui ne construit pas l’amour. Au contraire, renonçant donc à toute critique négative, il sait avoir une parole positive, une parole qui construit, une parole qui donne de l’Espérance. Il ne serait pas difficile de trouver des encouragements à aller dans ce sens dans les écrits d’Émilie.

Un peu plus loin dans le psaume, il nous est dit que le juste prête son argent sans intérêt. Oh, là, là… C’est extraordinaire, vous connaissez beaucoup de gens qui prêtent sans intérêt. C’est fabuleux, une telle remarque dans un contexte sémitique. En plus, « le juste n’accepte rien qui nuise à l’innocent », au petit. Là encore, le rapprochement avec Émilie est simple. Elle a placé les pauvres à la première place. Elle a toujours voulu leur donner, ayant découvert qu’on reçoit d’eux beaucoup plus qu’on ne peut jamais leur donner. Et nous chrétiens, nous avons certainement découvert en cette année du jubilé de la Miséricorde qui a ouvert le cœur et l’esprit de beaucoup de fidèles, que les pauvres ont quelque chose à nous enseigner. Pourtant, souvent, nous ne savons pas leur donner, je ne dis pas la première place, mais même « une » place dans nos communautés, dans nos paroisses.

Il y a trois semaines j’étais à Lourdes pour une première rencontre des handicapés pour la France, il y avait à peu près sept cents personnes, dont cinq cent cinquante handicapés. J’y ai entendu un diacre handicapé dire la difficulté des handicapés à trouver une place dans l’Église de France aujourd’hui. Je n’avais jamais imaginé que nous en étions là. Il a commencé par nous raconter qu’un jour – c’est un homme qui ne peut pas se mouvoir, il est dans un fauteuil et n’a que deux doigts qui bougent, avec eux il agit son fauteuil roulant. Un jour, comme il était devant une église le dimanche pour aller à la messe, il hèle un monsieur qui passait à côté de lui en demandant de l’aider pour entrer dans l’église, la réponse : « je n’ai pas le temps, je vais à la messe ». Il a donné plusieurs exemples de ce style. J’avais envie de me mettre sous terre. Je crois que nous avons tous à réfléchir sur l’attention que nous portons à ceux qui souffrent, à ceux qui portent un handicap et qui, quand nous savons les accueillir, nous enrichissent. Émilie nous rappelle certainement ce soir que nous pouvons la suivre. Elle a su donner l’exemple en plaçant les pauvres à la première place.

Enfin, le psaume 14 se conclue ainsi : « qui fait ainsi… », donc qui vit dans la justice, qui vit dans la vérité, qui vit dans le partage, qui sait faire miséricorde, « qui fait ainsi demeure inébranlable, ayant fondé sur le roc ». Ce roc est le Christ, est Dieu. Le disciple, quoi qu’il arrive garde toujours confiance. Dans le monde qui est le nôtre, si perturbé, nous devons être les témoins de la confiance aux jours heureux comme aux jours de tempête et d’épreuve. Je crois véritablement qu’Émilie est un témoin tout à fait modeste, humble. Elle a cru, elle a reçu le don de la foi, mais ce qui est merveilleux chez elle est qu’elle a vécu comme celui en qui elle a cru. Au point de vivre une mort d’une certaine manière identique à celle du Christ. Elle a donné sa vie alors qu’une maladie fort contagieuse sévissait ici. Elle a été au service des malades du choléra et elle en est morte. Sommes-nous prêts à donner notre vie ? C’est peut-être la question qui nous est posée ce soir. C’est peut-être la question que nous devons nous poser dans le contexte historique que nous vivons.

Dans une lettre qu’Émilie écrivait en 1848 à ses sœurs, je crois préférable de dire : à ses filles, car elle a été une mère extraordinaire pleine d’attention et de délicatesse pour ses sœurs. Elle leur disait : « Soyons disposées à ne reculer devant aucun sacrifice, quand il s’agira de la gloire de Dieu et du salut des âmes ». Ces dispositions qu’Émilie demandait à ses sœurs, demandons les uns pour les autres qu’elles soient les nôtres. Lorsque nous agissons, que ce soit toujours pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. Que nous ayons véritablement le souci d’annoncer à tous la Bonne Nouvelle, sachant qu’aujourd’hui chez nous plus nombreux sont ceux qui ne la connaissent que peu ou prou. Prions pour que véritablement ces dispositions habitent le cœur de chacun de nous.

Demandons-le par l’intercession de sainte Émilie. Beaucoup de jeunes, en particulier en Europe, sommeillent et doivent se réveiller. Il y a des jeunes filles dans l’assemblée. Est-ce qu’il y en a au moins une qui se pose la question de savoir comment donner sa vie au Christ ? Qu’Émilie prie pour que des vocations de Sœurs Bleues naissent en Europe et pourquoi pas à Castres ? Nous ne pouvons pas rester dans la situation qui est la nôtre. Nous devenons un pays païen. Il est bien nécessaire de faire venir du monde d’ailleurs pour nous évangéliser ; mais ne croyez-vous pas que nous devrions nous convertir ? Que nos familles devraient se convertir ? C’est cette grâce qu’il nous faut demander par l’intercession d’Émilie, qui a bénéficié d’une famille chrétienne. Nous savons très bien que la plupart des vocations naissent dans des familles chrétiennes. Alors, demandons par l’intercession de sainte Émilie la conversion de nos cœurs pour que nous œuvrions pour la gloire de Dieu et le salut du monde en demandant la conversion de nos familles, en particulier des plus jeunes pour que certains répondent à nouveau à l’appel du Seigneur. C’est un chemin de bonheur, un bonheur qui n’est pas un bonheur de pacotille comme beaucoup de bonheurs proposés aujourd’hui dans nos médias. À bon entendeur, salut !

Amen

† Jean Legrez, o.p.
Archevêque d’Albi

1re lecture : 1 Co 13, 4-13
Psaume : 14
Évangile : Mt 5, 13-16