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Lacrouzette : Notre-Dame du Granit

Historique et rénovation de Notre-Dame du Granit

Détruite pendant les Guerres de religion, la vieille église de Lacrouzette qui datait vraisemblablement du XIVe siècle fut reconstruite en 1659. Surélevée en 1772 puis agrandie en 1848, elle était devenue trop vétuste. En 1890, sous l’impulsion de l’abbé Jean-Baptiste Maraval, soutenu par le maire Pierre Séguier, on décide de construire l’église actuelle avec Julien Crouzet comme architecte et Joseph Jalabert comme entrepreneur. On pose la première pierre le 2 juin 1892 et l’église est consacrée le 2 octobre 1894. Le clocher est terminé en 1896 et la réception des travaux se fait en 1897.


Lacrouzette 1Avec 33,8 m de long, 16,3 de large, 12.6 de hauteur de voûte et son clocher de plus de 36 m de haut, elle célèbre fièrement le granit du Sidobre, alliant avec bonheur la massivité du matériau au style néo-gothique qui gagne ainsi en sobriété. D’où qu’on la regarde dans le village, elle apparaît « évidente. À l’intérieur les piliers et les arcs doubleaux qui délimitent la nef souligne la pureté de l’architecture.


Lacrouzette 2Ces ouvrages dont le granit taillé reçoit avec bonheur la lumière colorée des vitraux témoignent du savoir-faire sidobrien à la fin du XIXe siècle. Les aménagements qui feront suite à la fresque que Nicolas Greschny peint en 1959 marque l’époque moderne du métier. Les artisans du village rénovent le chœur et les chapelles en 1966 : autels en granit tranché et scié, dallage en granit poli et adouci, moellons en granit éclaté et grille en fer forgé. Le sculpteur Jacques Bourges réalise en 1975 une plaque gravée sur le thème de la Pentecôte, le Chemin de croix en 1987 et en 1994 la gravure du revêtement vertical des bas-côtés, en 1999 les fonts baptismaux et les ambons.

Pour parachever les travaux du centenaire de l’église (peintures, éclairage, sonorisation et revêtement mural on décide de daller le sol en granit du Sidobre poli qui reflètera les ouvrages du passé et la modernité de cette fin de millénaire. Avant de quitter l’église, après avoir levé les yeux vers la tribune en surplomb, on se retournera pour mesurer la somme de courage, de générosité et de foi qu’a demandée cet édifice depuis l’arceau du chœur sur ses énormes piliers au tout début de la construction. En bas du clocher qui restera inachevé pendant deux ans, on aura une pensée pour l’excellent mais peu « complaisant » architecte Crouzet et l’entrepreneur Jalabert qui, suite à plusieurs polémiques furent remplacés par Victor Vaute (architecte) et Jean-Pierre Carayon de Campselves qui s’engagea « à rendre les travaux terminés dans deux mois.

Gravure du revêtement vertical des bas-côtés

En 1994, le sculpteur Jacques Bourges réalise la gravure monumentale des bas-côtés suivant son procédé breveté qui consiste à dessiner avec l’ombre portée de petits éléments conservés en relief.

Les panneaux du côté gauche suivent la progression du porche vers le chœur, du quotidien vers le sacré avec un thème commun : « ensemble ».

Lacrouzette 3Premier panneau (en entrant) : les granitiers s’unissent pour frapper les coins qui fendent le granit comme à l’époque de la construction de l’église. Simplifiés par la perspective, les dernières silhouettes des hommes brandissant la masse ressemblent à des notes de musique sur la portée.

Second panneau : harmonie des musiciens, des danseurs, des amoureux.

Troisième panneau : la main du père sur l’épaule de son fils, les mains jointes de la femme qui prie.

Quatrième panneau : vers le même idéal… mais un idéal d’amour et de paix.

Cinquième panneau : unis pour élever un édifice. Ce panneau sert de transition avec les moellons de granit éclatés qui expriment l’union des fidèles d’hier, d’aujourd’hui et de demain, tour à tour « pierres vivantes de l’Église ».

La cène représentée sur le côté opposée transcende cet esprit communautaire en une communion au corps du Christ. La composition est centrée, Jésus est la source de lumière et les apôtres le regardent, attentifs. Le panneau à l’extrême droite suffit à donner la profondeur de la pièce ouverte vers l’extérieur où passe une colombe. Sur la table un poisson à une valeur de symbole, un amphore situe la scène dans le temps.

Lacrouzette 4La fresque de l’Apocalypse

En 1959, Nicolaï Greschny est appelé pour décorer le chœur par une fresque. Son thème est l’Apocalypse, le dernier livre de la Bible, écrit par le vieil apôtre Jean. Il est représenté, en haut et à gauche, dans une grotte de l’île de Patmos, au milieu des flots. Il voit le Christ Seigneur et sa main invite son disciple Procope à écrire ce que Dieu lui fait savoir dans une vision.

  Lacrouzette 5Le Christ en majesté tient en main le livre de la Bonne Nouvelle. Il est l’alpha et l’oméga, le début et la fin de toutes choses. De sa bouche sort sa parole, qui est plus tranchante qu’un glaive.

Il est entouré des sept chandeliers représentant les communautés chrétiennes dont la prière s’élève vers Dieu. Sous lui, les symboles des quatre évangélistes : le bœuf pour Matthieu, le lion pour Marc, l’ange à visage d’homme pour Luc et l’aigle pour Jean.

La femme de l’Apocalypse a les pieds sur la lune, elle porte l’enfant qu’elle vient de mettre au monde et qui est représenté dans la même attitude que le Seigneur de gloire. Dieu a donné à la femme deux grandes ailes pour l’enlever au désert afin d’être protégé du démon que terrasse l’archange Michel.

Au registre inférieur, le peintre a représenté la résurrection des hommes : ils se lèvent du tombeau, portant le livre de leur vie, dans un décor de rochers du Sidobre. L’artiste a signé son œuvre en inscrivant sur chaque livre une lettre de son prénom et de son nom.

Il a aussi demandé que l’on prie pour lui sur la dalle d’un tombeau.

Plusieurs visions de l’Apocalypse sont aussi évoquées au registre inférieur : ce sont des symboles des persécutions que subissent les communautés chrétiennes : cataclysmes, les sept coupes de sang symbolisant des châtiments de Dieu, le soleil et la lune perdant leur éclat, la clef jetée dans le puits, les quatre chevaux et leurs cavaliers vengeurs : tout cela dans un décor de rocs du Sidobre.

Brassac