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Sainte Cécile

Titulaire de l’église cathédrale et patronne principale du diocèse

22 novembre

Lorsque les livres liturgiques romains, à partir du VIIIe siècle et surtout à l’époque carolingienne, sont importés en Gaule, le culte de sainte Cécile s’épanouit dans notre région. Dans le diocèse d’Albi, nous connaissons au début du Xe siècle deux églises qui portent son nom : Sainte-Cécile d’Avès, près de Gaillac, et la cathédrale elle- même qui apparaît pour la première fois avec ce titre en 920 [1].
À la même époque, le Sacramentaire d’Albi contient une messe de Sainte Cécile. Ce n’est qu’au XIIe siècle qu’on parle de reliques de la sainte conservées à Albi.

Mais c’est à Rome qu’est né le culte de sainte Cécile et ses origines sont entourées d’obscurité. La mention incontestable d’une fête de la sainte y apparaît pour la première fois en 545, ce qui est loin d’enlever tout intérêt à ce qui précède cette date, non moins qu’à ce qui la suit.

Avant 545

Aucune mention de Cécile chez les auteurs des IVe et Ve siècles qui ont célébré la gloire des vierges chrétiennes (Ambroise, Jérôme, Prudence), ni dans la liste de Damase signalant les tombes des martyrs aux Catacombes.

Les indications du Martyrologe hiéronymien ne sont pas datables avec précision (peut-être vers 500). Elles donnent au 22 novembre : “À Rome, Cécile » ; mais aussi au 17 novembre : “À Rome, au Trastévère, Cécilius ». De toute façon, c’est au Trastévère qu’apparaîtra le culte de sainte Cécile.

Au cimetière de Callixte, sur la voie appienne, il existe une chambre souterraine destinée à recevoir un sarcophage adossé au mur qui la sépare de la crypte des papes, avec laquelle elle communique par un couloir. La seule chose que l’on puisse dater d’avant le VIe siècle, c’est un certain nombre d’inscriptions où figurent des noms de la famille des Caecilii. Ce que l’on considérera plus tard comme la tombe de Cécile semble donc occuper une place d’honneur dans un lieu de sépulture familiale.

545 : Date du plus ancien témoignage du culte de sainte Cécile Le pape Vigile, quand il fut arrêté, célébrait la messe au Trastévère, dans l’église de sainte Cécile, le 22 novembre, “car c’était le jour anniversaire de sa naissance au ciel », d’après le Liber Pontificalis.

La Passion de sainte Cécile

Au début du VIe siècle ou à la fin du Ve, un auteur anonyme écrit une vie de sainte Cécile. Il la situe au temps du pape Urbain (223-230) et donc sous l’empereur Alexandre-Sévère, qui n’a pas persécuté les chrétiens. Il la présente comme vierge et martyre convertissant à la foi chrétienne et engageant à la chasteté son époux Valérien (et son beau-frère Tiburce), donnant sa maison du Trastévère pour en faire une église et recevant la sépulture près de celle des évêques de Rome, sur la voie appienne. Le caractère légendaire de cette œuvre ne fait aucun doute : elle s’inspire d’écrits africains et en particulier d’un passage de La persécution vandale de Victor de Vite qui offre, à travers des ressemblances littéraires, une frappante analogie avec le mariage virginal de Cécile. Les noms de Valérien et Tiburce sont ceux de martyrs ensevelis au cimetière de Prétextat, à quelques lieues de celui de Callixte, avec Maxime, dont la “Passion » fait un fonctionnaire de l’empire converti par ceux qui étaient confiés à sa garde.

Après 545

Dix ans plus tard, sur une mosaïque de Ravenne, (à Saint-Apollinaire-le-Neuf), sainte Cécile figure dans la procession des vierges. Peu après, des allusions à la Passion apparaissent dans des formulaires de messe de la liturgie romaine (Sacramentaire de Vérone). Dès le VIIe siècle, son nom est inscrit dans les intercessions de la Prière eucharistique. La chapelle souterraine du cimetière de Callixte reçoit une décoration qui atteste un culte rendu à sainte Cécile.

En 821, le pape Pascal Ier fait transporter “les restes de Cécile dans la basilique du Trastévère, avec deux des martyrs mentionnés dans sa légende. Par ailleurs, le récit de sa vie se répand dans toutes les Églises d’Occident, et même au-delà, puisque Cécile est célébrée par les Byzantins.

La patronne des musiciens

Cela vient d’un passage de la Passion : “Arriva le jour de ses noces et, tandis que jouaient les musiques, elle, elle chantait dans son cœur pour Dieu seul… » Ce texte opposait donc la prière intérieure aux musiques profanes. Mais cette phrase apparaît comme antienne dans la liturgie dès le VIIIe siècle, sans les mots “dans son cœur », ce qui amène à comprendre qu’au son des musiques elle chantait pour Dieu. On l’a donc représentée tenant en mains un instrument… C’est ainsi que Cécile est devenue patronne des musiciens.

La prière de l’Église d’Albi, le jour de la sainte Cécile

Les bases historiques sont bien fragiles, comme nous venons de le montrer. Mais le document le plus authentique légué par le passé n’est-il pas, pour nous, l’église cathédrale elle-même ?

Les édifices où se rassemble le peuple de Dieu sont bien les signes de ce Temple spirituel dont nous sommes les pierres vivantes et dont le Christ est la pierre d’angle. Ils sont aussi les témoignages de la foi de ceux qui nous ont précédés et nous ont ouvert les chemins de l’Évangile. Nous pourrons retenir certaines expressions de la Passion de Cécile, qui expriment ce lien des fidèles à leur Seigneur, dans l’accueil de ce que nous transmet son Église… Qu’importe la vérité historique, si se réalise en nous le mystère de Celui qui est le Chemin, la Vérité, la Vie !

C’est ce que traduit l’oraison de ce jour :

Chaque année, Seigneur, quand vient ce jour, Tu mets ton Église en fête. Et, puisque de vénérables traditions nous révèlent la sainteté de Cécile, ta servante, Fais-nous imiter les exemples qu’elles nous donnent et rends-nous attentifs aux merveilles qu’accomplit ton Fils dans le cœur de ses serviteurs.

La messe de sainte Cécile

« De quel amour j’aime ta demeure, Seigneur, Dieu de l’univers ! Je désire les parvis du Seigneur de toute mon âme ! ». (Ps. 83,2-3).

C’est l’antienne d’entrée. Quelle que soit l’origine de la basilique des bords du Tibre, les fidèles qui pénètrent pour cette messe dans celle des rives du Tarn peuvent aisément intérioriser ces paroles. Le cadre dans lequel ils se trouvent est à même d’éveiller le désir de Dieu et de les introduire dans l’action liturgique. C’est en communion avec cette assemblée, présidée par l’évêque, que l’on prie dans toutes les autres églises du diocèse.

Dans celles qui n’ont pas sainte Cécile pour titulaire, on choisira entre les deux premières lectures :

  • La profession de foi du Deutéronome dans le Dieu unique, qu’il faut graver dans son cœur, rappelle l’expression de la légende présentant la sainte comme portant sans cesse l’Évangile sur son cœur.
  • La lettre aux Éphésiens évoque la construction à laquelle sont intégrés les disciples du Christ.
  • Le Psaume 62 se situe dans le droit fil de cette double insistance : “Ma chair languit après toi… Te contempler au sanctuaire… »

L’Évangile présente l’Église servante du Seigneur comme réalisant l’appel de Jésus aux sœurs de Lazare, Marthe et Marie, dont il avait reçu l’hospitalité dans la maison de Béthanie. Comment ne pas évoquer l’image si parlante de la première, à la voûte de la cathédrale ? C’est ainsi que la liturgie introduit à l’Eucharistie, jusqu’à la communion, dont l’antienne reprend le thème de la fête :

“Vous-mêmes, comme des pierres vivantes, devenez un édifice, une maison spirituelle. » (1 Pi. 2, 5).

Tout cela aidera à choisir les chants de l’assemblée. Peut-être ira-t- on jusqu’à utiliser une des hymnes de la Liturgie des Heures.

La liturgie des Heures de sainte Cécile

Quoi qu’il en soit de l’historicité de la Passion de sainte Cécile, c’est l’Évangile du Christ, selon la lettre de Paul à l’Office des lectures, qui engage à la chasteté, introduit au sacrifice spirituel, invite à chanter Dieu et à le célébrer de tout cœur (Eph. 5, 1-20).

Cette action de grâce s’est approfondie dans la Psalmodie :

“J’irai célébrer dans sa tente le sacrifice d’oblation » (Ps 26),
“Mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant » (Ps 83),
“Chantez au Seigneur et bénissez son nom » (Ps 95).

Et elle s’épanouit dans cette sorte de louange des cathédrales, empruntée à H. Newmann :

« … Les temples de Dieu sont en même temps les monuments de ses saints ; c’est en les nommant de leurs noms qu’on les consacre à sa gloire… Heureux qui, dans un temps de peine, saura mettre à profit ce lien avec les saints du passé, cette communion à l’Église universelle… Heureux qui, pénétrant dans ces enceintes sacrées, entre aussi dans le cœur de la Cité céleste. »

On peut alors sans crainte redire dans la prière les mots de la légende, qui inspirent les antiennes de l’Office ; ils peuvent s’appliquer à l’Église et à tous ceux qu’elle entraîne sur la voie de la sainteté :

“Cécile, les mains étendues, priait le Seigneur et son cœur brûlait du feu du ciel… Elle le servait “comme une abeille laborieuse »…“au son des instruments de musique, elle chantait pour le Seigneur »… “Ma maison, je la consacrerai en église »… Et même les encouragements au martyre inspirés de l’Écriture et adressés à Valérien, médités à la prière du matin : “Comme le jour achevait de se lever, Cécile s’écria : “Courage, soldats du Christ ! Rejetez les œuvres des ténèbres et revêtez les armes de la lumière. »

Cette prière s’enracine dans la foi qu’exprimait le dernier Concile : “Le Christ Jésus, prenant notre nature humaine, a introduit chez nous cet hymne qui se chante dans les demeures célestes. Il s’adjoint toute la communauté des hommes et se l’associe dans ce cantique de louange » (Constitution sur la Liturgie, no 83).

Nos musiques et nos fêtes
Nos cantiques, notre joie,
Sont-ils nés de cette terre ?
D’où nous vient l’alléluia ?

Dans le silence des mondes
La Parole a fait écho
Et mille voix à la ronde
En répercutent les mots.

Quand la Parole éternelle,
Modelant les univers,
Chantait la gloire du Père,
Sa voix s’unit à la chair.

Cris d’espoir des multitudes
Chœurs des saints victorieux,
Chants briseurs de solitudes,
Mort et vie du Fils de Dieu.

Que l’Esprit de l’Évangile,
Sur les fibres de nos cœurs,
Tels la harpe de Cécile,
Joue un hymne au Créateur.

Peut se chanter sur l’air de I 29 “Depuis l’aube »

C’est là la source de notre intercession pour que l’Église d’Albi soit dans le monde le signe du Royaume, que l’évêque, les prêtres et les diacres soient fidèles dans le service, que les religieuses suivent l’Agneau pascal, que les époux soient renouvelés dans la grâce de leur mariage, que les habitants de nos villes, de nos bourgs et de nos campagnes deviennent des chercheurs de Dieu.

Aujourd’hui, dix églises paroissiales, dans le diocèse, portent le nom de Sainte Cécile : la cathédrale, Sainte-Cécile d’Avès, Sainte- Cécile de Carmaux, Sainte-Cécile du Cayrou, Sainte-Cécile de Lastourges (Saint-Julien-du-Puy), Cadix (près de Trébas), Crespinet, Fréjairolles, Lacapelle-Ségalar et Sainte-Cécile de Labruguière. Notons, pour cette dernière, que le vocable existait avant l’entrée de la localité dans le diocèse d’Albi, et même avant la création de celui de Lavaur, en 1317, auquel elle a appartenu jusqu’à la Révolution.

Extrait Les saints de chez nous du père Robert Cabié

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[1] 12 octobre 920 : don de l’archidiacre Benebert à l’église de Sainte-Cécile bâtie dans le village d’Avès… et à l’église cathédrale de Sainte-Cécile construite dans les murs de la ville d’Albi où siègent l’évêque Goldaric et ses chanoines (Doat, v. 15, f. 1, cf. Albia Chrlstiana, 1896 p. 159)

Sainte-Cécile du Trastevere à Rome