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Construire la civilisation de l’amour

En matière de politique, il existe des choses que nous pouvons faire, en discernant ce que nous pouvons changer par notre vote, notre action au quotidien, notre dialogue avec les autres, notre engagement associatif, notre prière… La Doctrine sociale de l’Église (DSE) est un outil précieux et peu connu pour comprendre ce que Dieu attend de nous dans notre monde.

L’actualité politique suscite une certaine violence, parfois même au sein des communautés chrétiennes. Ne serait-on pas tentés de fuir le débat politique pour se protéger dans des sphères plus spirituelles ?

Le chrétien ne peut en aucun déserter le champ d’action politique ! Il est de la responsabilité de chacun de participer à la communauté, et je pense même que c’est là une clé de l’apaisement pour notre société. Depuis la première encyclique sociale Rerum novarum du pape Léon XIII sur la question ouvrière en 1891, jusqu’à Laudato Si sur l’environnement en 2015, l’Église répète par toute sa doctrine sociale que la politique est « la forme la plus haute de la charité ». Dans Christi fideles laïci, saint Jean-Paul II a même pu écrire : « Pour servir la personne et la société, les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la « politique », à savoir à l’action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun. »

Qu’est-ce que ce bien commun qui doit orienter toute l’action politique ?

Le bien commun peut être défini comme l’ensemble des conditions sociales qui permettent « tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres d’atteindre leur perfection, d’une façon plus total et plus aisée ». Le compendium de la DSE consacre les chapitres 164 à 170 à ce principe de bien commun qui s’articule avec le respect de la dignité humaine, avec la solidarité (s’engager pour ceux qui sont dans le besoin) et la subsidiarité (ne faire intervenir le niveau supérieur que si le niveau inférieur ne peut le faire seul, honorer ainsi la personne en lui confiant des responsabilités). On devine ici que la participation de chaque chrétien au bien commun est autant une exigence morale qu’un devoir spirituel…

Peut-on parler d’une complémentarité entre la vie sociale et la vie spitituelle ?

Oui, sans aucun doute ! Plus je découvre cette Doctrine Sociale de l’Église, plus je vois combien l’Église manifeste aux hommes le projet d’amour de Dieu, jusque dans notre vie quotidienne. L’incarnation de Jésus est là aussi, au cœur de nos vies, de nos actions, de nos communautés. Notre premier engagement réside dans les petits gestes du quotidien, dans l’intérêt porté aux autres : saluer un voisin, visiter une personne isolée, consacrer un temps à la louange, éduquer des enfants, etc. Pour certaines personnes, il peut y avoir un appel à un engagement différent, peut-être plus visible, mais nous pouvons tous être engagés, chacun à notre mesure, dans un apostolat du service, un apostolat de la prière, un apostolat de l’amour et de la réconciliation ! En cette période de campagne électorale, peut-être pourrions-nous nous engager à prier pour un homme ou une femme politique ? Notre parrainage spirituel pourrait offrir la grâce d’une conversion, la force de persévérer…

L’amour selon le Christ est un chemin difficile. Pour bâtir la civilisation de l’amour, soyons des hommes et des femmes de conscience comme nous y invitait saint Jean-Paul II : mettons Jésus au centre de nos vies !

Propos recueillis auprès de M. Mathieu Salmon,
Diacre permanent